Léonie Kandolo, Julien Lukengu, Isidore Ndaywel E Nziem, Thierry Nlandu Mayamba, Justin Okana. Le parquet général de la République a lancé jeudi 18 janvier des mandats d’amener contre ces cinq membres du Comité Laïc de Coordination. Organisateurs de la « marche pacifique » du 31 décembre 2017, les « Cinq » – qui sont des intellectuels et des universitaires catholiques – ont appelé les fidèles à une nouvelle manifestation dimanche 21 janvier. Que leur reproche-t-on?

Vendredi 19 janvier, un mystère planait sur les transgressions reprochées aux membres du Comité Laïc de Coordination. « Le motif vous sera communiqué sur place », peut-on lire sur le « mandat d’amener ». S’agit-il d’une affaire judiciaire ou politique?

Selon un juriste contacté par notre journal, on ne peut parler de mandat de ce type que lorsqu’il existe à l’encontre de « la personne à amener » des indices graves ou concordants rendant vraisemblables sa participation, comme auteur ou complice, à la commission d’une infraction. Il peut s’agir aussi d’un témoin assisté ou mis en examen.

Lorsque la justice entretient le flou, les Kinois ont pris l’habitude de braquer les yeux sur l’Agence nationale de renseignements dont les méthodes n’ont rien à envier à celles de la « Stasi », la police politique de la défunte RDA (République démocratique allemande).

Selon des sources sécuritaires, le chef barbouze Kalev Mutondo aurait fait preuve d’ « inventivité » en conseillant à « Kabila » de procéder à l’arrestation des « leaders » du CLC pour décapiter le mouvement de contestation.

INFRACTIONS IMAGINAIRES

Il n’est pas sans intérêt d’ouvrir la parenthèse pour signaler que depuis le 30 décembre 2017, plusieurs membres du mouvement citoyen « Filimbi » sont détenus de manière arbitraire dans des cachots de l’ANR. C’est le cas notamment de Carbone Beni. Ils ont été surpris au moment où ils faisaient du porte-à-porte pour mobiliser les Kinois à la marche du 31 décembre dernier. Ces activistes font face à deux infractions imaginaires: « outrage au chef de l’Etat » et « incitation à la révolte ». Fermons la parenthèse.

D’après les sources précitées, les animateurs du Comité Laïc de Coordination seraient accusés d’ « insurrection » et d’ « atteinte à sûreté de l’Etat ». Ils seront notifiés lors des auditions. Un piège à c…

Dans une interview accordée au « Soir » de Bruxelles daté du 16 janvier, Isidore Ndaywel è Nziem confie qu’il n’habite plus chez lui depuis le dimanche 31 décembre dernier. L’historien n’est pas allé par quatre chemins en affirmant que c’est « Joseph Kabila » qui « a plongé le pays dans une crise inutile ». Et ce en repoussant sans cesse la tenue des élections.

Pour lui, « le climat n’est pas favorable à des élections libres et apaisées ». Il est clair – c’est nous qui le soulignons – que l’Etat congolais, dans sa configuration actuelle, est loin d’être impartial. Il ne peut, de ce fait, garantir une concurrence pacifique entre les prétendants tant à l’élection présidentielle que des législatives.

UN RÉGIME INCONSTITUTIONNEL

Le département d’Etat américain n’avait pas dit autre chose au lendemain de la « répression barbare » du 31 décembre. Pour le ministère américain des Affaires étrangères, l’usage disproportionné de la force face à des manifestants pacifiques « est incompatible avec des élections libres et transparentes ».

On ne peut que comprendre que le Comité Laïc de Coordination ait « sommé » « Kabila » – dont le dernier mandat a expiré depuis le 19 décembre 2016 – de prendre l’engagement solennel qu’il n’usera pas d’artifices pour s’accrocher au pouvoir.

En lançant des mandats d’amener contre des citoyens congolais qui lui demandent tout simplement de respecter la Constitution, « Kabila » envoie un très mauvais signal. Il confirme de manière implicite sa volonté de se battre pour demeurer au pouvoir.

Face à l’armada d’un régime devenu inconstitutionnel, le Comité Laïc de Coordination et la grande majorité des citoyens brandissent le premier alinéa de l’article 64 de la Constitution: « Tout Congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d’individus qui prend le pouvoir par la force ou qui l’exerce en violation des dispositions de la présente Constitution ».



Baudouin Amba Wetshi
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