Entre un régime sanguinaire et un peuple opprimé, l’église catholique a décidé de défendre les faibles. L’épiscopat catholique a pris le temps d’éveiller la conscience des Congolais face aux velléités dictatoriales du pouvoir. En réponse, les laïcs catholiques ont décidé de reprendre le flambeau de la lutte pour l’avènement d’un Etat des droits. Depuis, les catholiques sont dans le collimateur du pouvoir.

Intimidations, calomnies, bastonnade, arrestation musclée, profanation des paroisses, assassinat des chrétiens, enlèvements des prêtres… L’église catholique est-elle persécutée en République démocratique du Congo ? Tout indique qu’on est bien dans cette hypothèse.

Après avoir produit plusieurs déclarations pour interpeller le pouvoir de Kinshasa sur les voies possibles de sortie de crise, la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cénco) s’est engagée à sensibiliser les Congolais, en général, et ses fidèles, en particulier, sur l’urgence de prendre en mains le destin du Grand Congo.

C’est dans cette optique que le Comité laïc de coordination (CLC) a pris la balle au bon pour mobiliser, tant les fidèles catholiques que tous les Congolais épris de paix et de justice, à se mettre débout et à revendiquer un État des droits. Mais, avant tout, la décrispation politique par la libération des prisonniers politiques ainsi que le retour de ceux exilés de force à l’étranger reste un préalable pour donner la chance à ce processus électoral. Il n’y a que de cette façon que les élections peuvent avoir lieu en toute sérénité et pour tout le monde.

Cependant, le régime en place n’entend pas voir les choses de cette façon. Tout mouvement de contestation ou de revendication est sévèrement réprimé par les forces de l’Ordre. Kinshasa croit qu’avec la matraque, les intimidations, les arrestations et les assassinats, il va parvenir à mater l’Opposition, les mouvements citoyens et l’église catholique. Que nenni. Depuis la première marche pacifique des chrétiens du 31 décembre 2017, les rangs des contestateurs ne font que grossir.

À la marche du 21 janvier 2018, malgré la répression de la première marche, il y avait encore plus de monde. Autant dire que les Congolais n’entendent pas baisser les bras et cautionner la forfaiture que la Famille Kabiliste veut imposer à la RDC.

Depuis ces deux marches pacifiques pour revendiquer l’application de l’accord de la Saint-sylvestre et le respect de la Constitution et la réaction sévère du cardinal Monsengwo sur la répression, Kinshasa semble décider de mettre à genou l’église catholique. Les profanations, la répression des chrétiens n’ont pas suffi. Le pouvoir instrumentalise désormais les services de sécurité en vue de persécuter l’église catholique. Les faits le démontrent. À peine une semaine que les religieuses de la 8ème rue à Limeté ont été violentées par les agents de l’ordre, le curé de la paroisse Saint Robert, dans la commune de la Nsele, Sébastien Yebo, a été enlevé le samedi matin à Kinshasa par des agents de la sécurité et emmené vers une destination inconnue.

Le père Sébastien Yebo a été enlevé vers une destination inconnue avant d’être relâché plus de dix heures après. La victime n’a pas voulu en dire long sur cet enlèvement, laissant entendre que les interrogatoires ont tourné notamment autour d’une affaire de parcelle où est érigée sa paroisse. Depuis quand la DEMIAP s’occupe des conflits parcellaires ? Cet enlèvement n’est qu’une méthode musclée des services de sécurité de terroriser l’église catholique à travers ses prêtres, ses évêques et son cardinal.

Sans la lutte, la démocratie est en péril
Les animateurs des institutions à mandat électif en RDC ont perdu toute légitimité. De Kabila aux députés provinciaux, en passant par les députés nationaux, les sénateurs ou encore les gouverneurs de province, tous, sont devenus illégitimes parce que hors mandat depuis plusieurs mois. C’est la dernière trouvaille du régime en place à Kinshasa pour conserver le pouvoir à tout prix.

Le comble est que le pouvoir use de tous les subterfuges pour renvoyer aux calendes grecques les élections qui doivent permettre une alternance démocratique du sommet de l’État à la base. Tout observateur sérieux sait que le calendrier publié par la Commission électorale nationale indépendante est une farce. Pour preuve. Rien n’est fait pour ouvrir l’espace politique à tous les acteurs qui veulent participer aux prochaines élections. L’Opposition ne peut ni tenir des meetings politiques, ni organiser des manifestations publiques conformément aux prescrits de la Constitution encore moins circuler librement à travers le pays.

Seuls les partis membres de la Famille Kabiliste ont la bénédiction du pouvoir d’user de leurs droits. Dans ces conditions, l’organisation effective des élections, dès décembre 2018, est une gageure. Les conditions minima ne sont pas réunies pour avoir un processus électoral démocratique et crédible.

Face à cette imposture de la majorité au pouvoir, l’église catholique se dresse en dernier rempart pour barrer la route aux velléités dictatoriales du pouvoir. A l’instar des acteurs politiques et de la société civile, l’église catholique a pris l’option d’éveiller la conscience des millions des Congolais. La RDC risque d’imploser si rien n’est fait pour revenir sur le seul schéma susceptible de favoriser un processus électoral apaisé devant aboutir effectivement aux élections acceptables par tous, à savoir le respect de la Constitution et la mise en œuvre de l’Accord du 31 décembre 2016.

Selon les membres du Comité laïc de coordination, réduits en clandestinité, les marches vont continuer pour fléchir la position de la Kabilie. L’église catholique a compris que seule la résistance peut sauver la démocratie en RDC.

LP/LC
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