Résultat de recherche d'images pour "jean pierre bemba"
Par Hubert Leclercq
L’ancien vice-président congolais et ancien détenu en préventive de la CPI veut encore croire en un départ de Joseph Kabila.
« Ce ne sera pas évident, je le sais. Mais c’est le seul moyen pacifique dont nous disposions aujourd’hui. La marche populaire de ce vendredi contre la “machine à voter” est une première et une première réussie. D’autres marches vont suivre et nous allons tout faire pour que cela aille crescendo”. Derrière ces mots, Jean-Pierre Bemba, président de Mouvement de Libération du Congo (MLC), ancien vice-président congolais, l’homme a passé dix ans en détention préventive dans les geôles de la Cour Pénale internationale, pour crime de guerre et crime contre l’humanité, avant d’être innocenté en juin dernier à deux mois de la date limite des inscriptions pour les candidatures à la présidentielle congolaise. Mais Bemba a finalement été privé de course à la magistrature suprême suite à une condamnation à un an de prison pour subornation de témoins dans le cadre de son dossier à la CPI.
Dès avant d’être libéré, Bemba avait lancé l’idée d’une candidature unique de l’opposition. “Nous nous dirigeons vers des échéances cruciales et nous voyons un gouvernement qui fait tout pour se maintenir au pouvoir. Il exclut des candidats, il met en place un processus électoral dont le seul objectif est d’assurer la victoire de ses favoris à tous les niveaux de scrutins. Face à cette situation, l’opposition doit se donner les moyens de faire face. Un de ses moyens, c’est une candidature unique.”
Sera-ce suffisant ?
Non mais c’est un atout supplémentaire. Il faut, avant d’aller aux élections que nous obtenions le retrait de la machine à voter et le nettoyage du fichier des électeurs qui comporte près de dix millions de votants potentiellement fictifs. Vous imaginez le risque de bourrage des urnes.
Une situation que vous connaissez bien…
Exact, en 2006, au second tour de la présidentielle où j’étais face à Kabila, on a été victime du bourrage des urnes. Radio Vatican avait annoncé les vrais résultats. Nous avions gagné ces élections. Idem en 2011. Kabila n’a pas gagné ce scrutin. Mais, contrairement à 2006 et 2011, cette fois, les Congolais se mobilisent avant le scrutin pour dire non à la tricherie qui se prépare et infléchir les plans de la majorité.”
Ce vendredi 26 octobre, les Congolais sont descendus dans la rue pour dire non à la machine à voter. Vous êtes satisfait de cette première ?
Absolument. (Il sort son portable et affiche les images de la mobilisation populaire à Kinshasa). Voyez cette foule. Pour une première, c’est énorme. Et, pour la première fois, il y a eu des manifestations partout dans le pays.”
Mais qu’espérez-vous réellement de ce mouvement ?
Que le pouvoir comprenne que le peuple ne veut pas de cette machine et de la tricherie qui se prépare.
Et si le pouvoir ne fait pas marche arrière sur ces points ?
Nous devons continuer. Nous devons mobiliser le peuple. Nous devons démontrer que les Congolais refusent ce qui se trame. Si nous mettons suffisamment de monde dans les rues, il faut espérer qu’un homme ou une femme proche de Kabila lui dira combien ça va être compliqué d’expliquer que son candidat – Shadary – a remporté les élections malgré ces manifestations. Quelqu’un va bien lui expliquer que le peuple ne pourra pas accepter ce verdict et qu’une telle tricherie sera le signal d’une contestation sans fin dont il ne peut sortir vainqueur.
Si personne ne vient souffler à l’oreille de Kabila ?
On avisera. Mais aujourd’hui, ces marches pacifiques sont le seul moyen de faire bouger les lignes démocratiquement. Si on ne se mobilise pas aujourd’hui, demain, ce sera bien pire.
Vous comptez rentrer au pays pour la campagne ?
Absolument. J’espérais pouvoir rentrer ce 26 octobre mais les réunions s’enchaînent ici pour l’avenir du pays et c’était très compliqué. Mais vers mi-novembre, je rentrerai pour soutenir le mouvement, le candidat unique et mes candidats aux législatives et aux provinciales. Vous me verrez en tête des cortèges.
Le candidat unique de l’opposition est donc toujours une priorité ?
Bien sûr. On y travaille quotidiennement. Un groupe de travail avec des représentants de toutes les composantes de l’union de l’opposition a débroussaillé le chantier cette semaine en Afrique du Sud. Ils ont annoncé un candidat unique pour le 15 novembre au plus tard. Une session de travail est prévue du 7 au 10 novembre entre les leaders de ces mouvements. On sait que ce ne sera pas facile ; mais on va y arriver.”
L’UDPS a refusé de participer à la marche du 26 octobre. Est-elle toujours dans vos rangs ?
Cette absence est regrettable. C’est un rendez-vous manqué mais il n’y a rien de définitif. J’espère qu’elle se ravisera.
L’UDPS participera à la session du 7 au 10 novembre ?
Selon mes informations, elle sera bien présente.
Quel est le profil type de ce candidat unique ?
Idéalement, il devra avoir l’expérience, un bon cursus, mais je ne veux pas aller trop loin sur cette question. Il faut que nous trouvions un consensus quand on sera tous autour de la table.
Mais certains noms sont plus populaires que d’autres !
Ce n’est pas une garantie. Il faut que l’on s’entende et ce candidat sera bien encadré. Il y aura au moins six autres candidats derrière lui. Ils vont s’engager à fond pour lui permettre de l’emporter, ils seront donc attentifs à ce qu’il fera quand il sera élu !
Quel mandat pour le candidat unique ?
“Rien n’est encore arrêté, mais une des pistes déjà évoquées est un mandat qui pourrait être plus court”
(Un mandat présidentiel dont la durée serait ramenée exceptionnellement à 18 ou 24 mois, au lieu de 4 ans prévus, selon plusieurs interlocuteurs de l’opposition. Le temps pour le nouveau président de mettre en place son équipe, de réviser la Constitution pour ramener l’élection présidentielle à deux tours, avant de convoquer un retour aux urnes “vraiment démocratique et inclusif”).
Pour un retour aux urnes inclusif et à deux tours ?
Cela fait partie des pistes évoquées. Un scrutin présidentiel à deux tours, tel que nous l’avions imaginé dans la constitution originelle de 2006 apparaît toujours comme le meilleur système. Il permet une grande liberté et une belle ouverture au premier tour et oblige les finalistes à être des rassembleurs et à démontrer leur capacité de synthèse. Deux qualités essentielles pour un président de la République”, explique Jean-Pierre Bemba.
LIENS COMMERCIAUX

[VIDEOS][carouselslide][animated][20]

[Musique][vertical][animated][30]

 
Top