* "L’enfant-maison Palu" a su opérer une véritable mue au point de se retrouver dans le saint des saints de l’Opposition.

Du point de vue de la pure stratégie politique, le parcours d’Adolphe Muzito a de quoi étonner, voire forcer, sinon l’admiration, à tout le moins la curiosité. Pour tout dire, le positionnement actuel de cet enfant maison PALU ne saurait laisser indifférent tout analyste sérieux.

Autant le préciser tout de go, le propos n’est pas de lire l’itinéraire d’Adolphe Muzito avec les lunettes teintées de morale. Libre aux uns et aux autres de procéder de la sorte par rapport au positionnement du Premier ministre honoraire. La démarche ici consiste à relever comment un acteur politique a su opérer une véritable mue au point de se retrouver dans le saint des saints de l’Opposition.
Il y a trois ans, Adolphe Muzito était un haut cadre du PALU parmi tant d’autres dans ce parti où le gourou Antoine Gizenga est mystérieusement et même miraculeusement toujours à la manoeuvre. Mieux, il est et demeure l’alpha et l’oméga de sa formation politique. Il n’était donc pas évident qu’en peu de temps, l’élu parmi d’autres élus de Kikwit, émerge de la cohue jusqu’à avoir une existence politique autonome. Force est de constater qu’Adolphe Muzito a réussi cet exploit non pas en renversant la table à la manière de chez nous, c’est-à-dire bruyamment, mais en procédant par une espèce de révolution intellectuelle via ses "Tribunes et Universités populaires".
Dans les premières, sans jouer au Ponce Pilate ni s’arroger le beau rôle, l’ancien Premier ministre se faisait un point d’honneur de brosser la situation du pays secteur par secteur tout en offrant des solutions en termes de perspectives. Cela s’appelle critique, autocritique et propositions.
Quand Adolphe Muzito allait à l’extérieur du pays, il ne prêchait pas que la Bonne nouvelle. Il se présentait avec des écrits. Et en Occident, ce sont des choses qui parlent. Une première dans une classe politique où les acteurs sont connus pour leur propension à critiquer vertement les gouvernants sans toujours proposer des pistes de solutions.
Lorsqu’on fait la sommation de toutes les tribunes (19 au total), l’on dispose là d’une vraie offre politique à même de s’ériger en alternative aux politiques publiques du pouvoir en place.
De l’autre côté les "Universités populaires" se sont révélées des espaces d’expression libre et surtout le creuset de l’éveil civique, une dimension reconnue aux partis politiques mais que ces derniers ont sacrifiée sur l’autel de la simple contestation.
Enfin comme cerise sur le gâteau, ce PALU pur sucre a sans doute récupéré tous les militants qui, à tort ou à raison, avaient le sentiment que leur parti se faisait phagocyter chaque jour un peu plus par son partenaire AMP devenu MP. Il n’est un secret pour personne que de la frustration commençait à prendre corps au sein de la base du parti gizengiste. Un sentiment que le déficit de dividende social renforçait. Normal pour un parti des masses dont le gros des militants se recrute dans les bas quartiers de Kinshasa, dans l’hinterland rural de la capitale, et l’ex-Bandundu.
Au regard de son positionnement réussi dans le leadership de l’opposition, Adolphe Muzito quoiqu’invalidé par la Cour constitutionnelle, pèsera sans nul doute sur le cours des événements.
D’abord dans la séquence actuelle où les opposants doivent se trouver un candidat commun. Le meeting de samedi a démontré qu’il n’est pas qu’un think-tank, il compte aussi des partisans.
Ensuite comment faire un programme de gouvernement côté opposition sans puiser dans la mine d’or que constituent les tribunes ? Une fois le candidat désigné, l’opposition pourra compter sur Adolphe Muzito pour certaines places fortes du pays profond.
Le Premier honoraire, alors Secrétaire permanent adjoint du PALU en charge des élections, avait, pour mettre les militants de son parti en ordre de bataille, fait en août 2017, une véritable immersion (deux mois) dans le pays réel pour un travail in situ. Adolphe Muzito s’était rendu successivement à Kikwit, Idiofa, Gungu, dans la province du Kwilu, puis à Tshikapa et Ilebo, dans le Kasaï. Son périple l’avait conduit également dans le Nord d’Idiofa, à Mangaï, Bulungu, Masimanimba, Bagata et Baningville. Ce n’est pas tout. L’élu de Kikwit ne s’était pas arrêté en si bon chemin. Il avait été aussi dans la province de Maï-Ndombe, notamment à Nioki et Kutu. Cette tournée l’avait également mené à Kenge dans le Kwango. L’élu de Kikwit s’était rendu compte du fonctionnement de l’Etat à la base. Muzito a fait tout le contraire des leaders politiques que l’on voit quitter Kinshasa juste pour aller s’enrôler, et des élus passer quelques heures dans leurs fiefs en guise de vacances parlementaires.
En un mot comme en mille, au moment où se dessinent les enjeux liés aux élections et à l’après 23 décembre, Adolphe Muzito apparait comme l’une des données dans l’équation que le pays a à résoudre. FDA
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