Sur la table du président de la République, Félix Tshisekedi, le nom du prochain Premier ministre est déjà coché. Sa rencontre, lundi dernier, avec Joseph Kabila, autorité morale du FCC, aurait permis de faire sauter le dernier verrou. A Kisangani, Félix Tshisekedi a annoncé la nomination dans les « prochains jours » du Premier ministre. Pour le moment, deux personnalités se détachent du lot, à savoir Vital Kamerhe, actuel directeur de cabinet du chef de l’Etat, et Jean Mbuyu Luyongola, le dernier conseiller spécial de Joseph Kabila en matière de sécurité.

Le Potentiel

La nomination du Premier ministre est imminente. Depuis Kisangani, chef-lieu de la Tshopo, le chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, a annoncé qu’il allait nommer dans « les prochains jours » le chef du gouvernement. Une chose est sûre : le nouveau locataire de la Primature sortira des rangs de la coalition FCC–CACH. Quant à l’heureux élu, le temps est encore aux supputations.

Mais, avec le bureau définitif de l’Assemblée nationale qui affiche presque complet – l’opposition ayant boudé le poste de rapporteur adjoint lui réservé – plus rien apparemment ne peut encore obstruer la voie qui mène à la nomination de celui qui devra remplacer Bruno Tshibala. Des noms circulent.



Pendant un temps, c’est Albert Yuma, le tout puissant président du Conseil d’administration de la Gécamines et patron de la Fédération des entreprises du Congo, qui était donné favori, avant d’être disqualifié on ne sait pour quelle raison. Si bien qu’actuellement, le jeu parait grandement ouvert.

On sait néanmoins que le prochain Premier ministre sortira des rangs de la coalition FCC – CACH. Le PPRD, premier parti du FCC, lorgne sur ce poste où il attend placer l’un de ses pions majeurs. Entre-temps, CACH, la coalition qui a porté Félix Tshisekedi au pouvoir, n’est pas en reste. Le temps d’un passage à la présidence de la République, les ambitions de Vita Kamerhe seraient remontées à la surface.

Félix Tshisekedi va-t-il se plier à l’accord de Nairobi ?

D’abord, il y a cet accord créant CACH, signé à Nairobi entre l’Udps de Félix Tshisekedi et l’Unc de Vital Kamerhe. Dans ce document, Vital Kamerhe avait accepté de s’effacer à la présidentielle au profit de Félix Tshisekedi avec la promesse de briguer la primature en cas de victoire. A ce jour, l’accord de Nairobi continue encore à lier les deux parties. Ce qui, d’une certaine manière, maintient toujours Vital Kamerhe dans la course à la primature, malgré ses fonctions de directeur de cabinet de Félix Tshisekedi – un poste administratif que Kamerhe ne pense pas toujours occuper, dès lors que toutes les institutions politiques seront en place.

C’est dire que dans la course à la primature, Vital Kamerhe reste toujours sur la ligne de départ. Le président de l’UNC dispose d’importants atouts qui le prédisposent à ce poste. Il est présenté comme le principal artisan de l’accord créant CACH. C’est encore lui qui a été au centre du rapprochement entre FCC et CACH jusqu’à la consécration de la victoire finale de Félix Tshisekedi à la présidentielle de décembre 2018. Directeur de cabinet du chef de l’Etat, Vital Kamerhe s’est presque déjà préparé à la fonction de Premier ministre. En l’absence d’un gouvernement doté de plein pouvoir, il passe presque pour un « Premier ministre de fait », coordonnant toutes les affaires de l’Etat.

Sur papier, le président de l’UNC a toutes les chances d’occuper la primature.

Mais, c’est sans compter avec le FCC qui n’est pas prêt à lâcher prise, habitué qu’il est à s’adjuger du gros morceau. Après s’être imposé à l’Assemblée nationale en plaçant Jeanine Mabunda, l’un de ses cadres, au perchoir de la Chambre basse du Parlement, le PPRD tient à rééditer l’exploit à la primature. Naturellement, c’est de bonne guerre.

Yuma s’efface, Jean Mbuyu surgit

Jusqu’à il n’y a pas longtemps, c’est Albert Yuma qui partait favori, avant d’être disqualifié en dernière minute pour des raisons non encore élucidées. Dans les rangs du PPRD, une autre personnalité, présentée comme un « héros dans l’ombre » dans le rapprochement FCC – CACH, sort du lot. Il s’agit de Me Jean Mbuyu Luyongola, le tout dernier conseiller spécial de Joseph Kabila en matière de sécurité.

Comme Kamerhe, Jean Mbuyu est parmi ceux qui ont bâti les fondations de la passation pacifique du pouvoir de janvier dernier. Il a travaillé à l’ombre pour rapprocher le président Félix Tshisekedi de Joseph Kabila. L’accord de cogestion qui lie le FCC à CACH porte, dit-on dans les milieux spécialisés, sa marque. Autrement dit, le président Félix Tshisekedi a eu à le côtoyer avant même qu’il ne soit porté à la magistrature suprême de la République démocratique du Congo.

Pour le PPRD, tout comme le FCC, Jean Mbuyu passe pour un candidat idéal au poste de Premier ministre. En plus de l’estime dont il jouit dans sa propre famille politique, Jean Mbuyu pourrait aussi bénéficier de ses origines katangaises.

Il ne faut pas ignorer que le Grand Katanga a porté pendant 18 ans le pouvoir de Joseph Kabila. L’échec du FCC à la présidentielle du 30 décembre 2018 a été un coup dur pour la communauté katangaise qui a vu le pouvoir lui échapper au profit du centre, à savoir le Grand Kasaï. Le Grand Katanga est donc inconsolable. La nomination d’un des ressortissants à la primature pourrait donc servir de monnaie de change pour calmer ses ardeurs. Ce qui augmente les chances de Jean Mbuyu.

Bien évidemment, d’autres ténors du PPRD, également ressortissants du Katanga, sont en embuscade. Le cas d’Henri Mova Sakanyi, ancien ministre en charge de l’Intérieur.

La dernière ligne droite

Tout compte fait, la dernière ligne droite pour l’accès à la primature se négocie entre Vital Kamerhe et Jean Mbuyu, seuls candidats importants restés en lice. Lundi dernier, la rencontre Tshisekedi – Kabila aurait permis de lever toutes les équivoques mais aussi de dresser le portrait-robot du futur Premier ministre. A côté du président Félix Tshisekedi, Vital Kamerhe tient à ce poste, en vertu de l’accord conclu à Nairobi avec l’UDPS.

En effet, dans son entourage, on rapporte que Kamerhe se voit mal continuer à assumer les fonctions de directeur de cabinet du chef de l’Etat, après la formation du gouvernement. Il craint de s’effacer de la scène politique. Ce qui serait fatal pour son avenir politique. Les dés ayant été jetés à l’Assemblée nationale où la majorité parlementaire a fait passer son ticket, Vital Kamerhe n’a d’yeux que sur la primature. C’est son rêve de tous les jours depuis l’accord politique de la cité de l’UA en octobre 2016 jusqu’à celui créant le CACH à Nairobi en novembre 2018.

Entre-temps, le PPRD, soutenu par le FCC, n’a pas encore dit son dernier mot. Renoncer à la primature n’est pas inscrit dans son agenda. C’est sur Jean Mbuyu que la première force du FCC concentre tous ses efforts.

A tout prendre, Vital Kamerhe et Jean Mbuyu sont au coude-à-coude dans la course à la primature.

Le potentiel
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