Les penseurs politiques et autres acteurs majeurs de la vie nationale doivent répondre aux multiples questions après l’audition du dernier message de Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, l’actuel Président de la République.

Jean-Pierre Kambila a cru comprendre que l’appel à l’unité nationale visait également à prêcher une certaine modération dans le camp des partisans du Président. ‘’Ne s’agissait-il pas de calmer ceux de ses extrémistes qui s’acharnent à faire le vide autour de l’autorité afin d’en faire une sorte de « propriété exclusive » pour des intérêts manifestement égoïstes ?Maintenant que le Chef de l’Etat a mis le doigt sur cette question, que et comment faire pour consolider encore davantage l’unité nationale ? Comment agir quotidiennement pour aider le Président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo à poursuivre, dans de bonnes conditions, le travail de raffermissement de la cohésion nationale, entamé par le Sénateur Joseph Kabila Kabange ?Quid alors de la problématique du changement ?Selon lui, le Chef de l’Etat a posé la question du changement en ces termes : «Les défis de notre pays sont immenses et les problèmes multiples, mais il n’est pas impossible d’y remédier et de commencer ainsi à changer les choses, à changer notre mode de vie en société, à changer notre Congo ».

Mais, ce changement est-il l’arlésienne de la RDC, c’est-à-dire quelque chose dont on parle beaucoup, que l’on attend et désire mais qui n’apparaît pas ? Certes, non ! Par contre, le changement est donc bien un thème récurrent et même permanent du discours politique congolais. Est-ce à dire qu’il ne faut plus le mettre en exergue ? Bien sûr que non ! Il faut d’ailleurs le crier plus fort !

Donc, il reste légitime, surtout de la part d’un Président de souhaiter encore plus de changement pour son pays. Il est même de son devoir d’initier ce changement, de l’organiser et de motiver son peuple à l’entreprendre au plus vite.Cependant, relève Jean-Pierre Kambila, il importe, si l’on veut réussir de manière décisive ce énième courant du changement, que ceux qui, après que le Chef de l’Etat ait parlé et indiqué le chemin, auront la responsabilité de conduire ce changement, sachent regarder d’un œil critique, certes, mais objectif. Ce qui a déjà été réalisé, son ampleur, comment cela avait pu être concrétisé, quelles étaient les difficultés rencontrées, dans quelles conditions de paix ou de guerre et avec la collaboration de qui ? ‘’Nous devrions tous comprendre que le changement vers le développement constitue un processus à la fois cumulatif et global. Il est cumulatif en ce sens qu’il se construit sur des fondations établies par les prédécesseurs et ne peut s’enraciner que s’il prend en compte la société dans ses différents aspects, notamment culturels.Pour réussir le changement projeté, la balle est dans le camp de tous les Congolais, mais la responsabilité incombe principalement au gouvernement de la coalition FCC /CACH et à certains cadres restés en dehors. Prenons donc nos responsabilités’’, lance-t-il en guise d’appel, dans sa tribune d’expression libre, telle que reprise, ci-dessous.

Message du Président : unité et changement

Le paysage médiatique congolais et la sphère politique nationale toute entière ont été récemment dominés, que dis-je, écrasés par la prestation télévisée de Son Excellence Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, Président de la République.

Quittant le style des discours classiques, sous le modèle d’un clip de haute facture, associant des images du locuteur à quelques illustrations évocatrices des situations du pays et sur fond d’une musique appropriée, le Chef de l’Etat nous a adressé, à tous, un important message qui ne saurait laisser le militant du progrès, que je demeure, sans réaction. Je prie ceux qui cherchent dans mes écrits la petite phrase qui pourrait m’opposer au partenaire privilégié de mon Chef J. Kabila, de renoncer, pour le temps de la lecture de ce texte, à cette quête de mauvais aloi. Dans ce texte, en toute liberté et dans le respect de chacun, je tente de replacer ce brillant discours dans le contexte général de l’histoire des idées politiques en RDC et je m’adresse aux élites de notre pays.

Permettez-moi de rappeler, ici, mon appartenance au PPRD et, donc au FCC ainsi que mon attachement à la coalition FCC/CACH.

Le Chef de l’Etat a parlé, nous l’avons écouté et entendu ; maintenant sentons-nous libre de l’accompagner, par des encouragements ou des critiques, chacun selon sa compréhension et ses convictions de la problématique générale de notre pays.

Généralement très méfiant à l’égard des réseaux sociaux, qui ne sont pas le lieu des analyses les plus fouillées, équilibrées ou nuancées, j’ai été surpris, cette fois, par la diversité et la pertinence des réactions tant positives que négatives qu’on peut y lire en rapport avec le message sus-évoqué. Des suggestions ou critiques ont été nombreuses et fort intéressantes.

Dans la riche exhortation de ce début du mois de septembre, deux points, à mes yeux essentiels voire primordiaux, devraient être relevés. Il s’agit de l’appel à l’unité et l’encouragement au changement.

Je reproduis ici ma propre première réaction sur Twitter : « le message du Chef de l’Etat a été parfait, maintenant notons que les questions de l’unité et du changement sont des thèmes récurrents, et même permanents du discours politique congolais. La question reste, que vont faire, maintenant les cadres en charge de les mettre en pratique ? Il s’agit bien de vous et moi ». Ainsi se résume mon état d’esprit après avoir plusieurs fois visionné le message.

L’unité nationale

L’appel à l’unité me semble avoir été superbement présenté.

La question de l’unité nationale représente un point sur lequel les Congolais sont unanimes depuis des lustres. Il faut se réjouir que l’actuel Président de la République ait jugé important de le rappeler comme il est utile d’attirer l’attention sur l’origine et le développement de l’idée. Cette question accompagne notre histoire contemporaine. Le Manifeste de la conscience africaine, publié en 1956, premier document rédigé par nos compatriotes et laissant entendre une volonté d’émancipation, s’exprima au nom de tous les Congolais, sans discrimination. Plus tard, Joseph Kasa-Vubu et l’Abako qui avaient déclenché les émeutes de Kinshasa pour la libération en réclamant l’indépendance des Bakongo, se rallieront assez vite au courant nationaliste en provenance de Stanleyville à travers la personne de Patrice Emery Lumumba. Manipulé un moment par le grand capital belge, Moïse Kapend Tshombe s’était, il est vrai, fourvoyé dans la sécession katangaise ; mais nul ne peut sérieusement nier les bons sentiments patriotiques que cet homme reprit dès son retour à Kinshasa, en 1964. Il n’est pas très utile de revenir sur la malheureuse tentative et la fin de l’initiative kalonjiste de séparer le Sud-Kasaï de la RDC, là aussi l’idée nationaliste reprit rapidement le dessus. Pendant toutes les guerres, rébellions et autres troubles ayant émaillés l’Est du pays et le Kwilu pendant les années 1960, jamais l’unité de la RDC n’a été remise en cause. La réaction unanime d’hostilité des Congolais, lors des tentatives d’occupation de notre territoire par le Rwanda avec la complicité des puissances, a démontré la solidité du sentiment national en notre pays. Le refus de la balkanisation du pays est assurément le sujet sur lequel tous les Congolais se mettent aisément d’accord.

Le nationalisme congolais, entendu comme volonté de tout mettre en œuvre pour défendre et conserver l’unité du Congo dans ses frontières du 30 juin 1960 puis raffermir la nation congolaise, est d’abord un dessein éminemment lumumbiste. Cependant, il faut reconnaitre que Joseph Mobutu Sese Seko a su donner à ce projet une ampleur incontestable. De sa féroce dictature, l’histoire retiendra une réelle volonté politique de préserver l’intégrité territoriale de notre pays. Nul ne peut contester que sa gestion des Provinces, de l’Administration Publique et de l’Université, marquée par une pratique de brassage des responsables ou des étudiants, visait à faire vivre les Congolais ensemble, afin d’unifier et consolider la Nation. Le credo : « Ekolo bo moko, mokonzi bo moko » est encore dans beaucoup de nos esprits. La musique, la chanson, la danse et le football apporteront également leur contribution à ce projet.

Sans contester l’utilité d’une exhortation sur le thème de l’unité nationale, il convient de retenir qu’aujourd’hui, la question centrale n’est plus celle de l’unité de la RD Congo ; la République existe, les Congolais la veulent unie et forte, ils la défendent, nombreux sont tombés sur le champ d’honneur pour elle. La problématique actuelle est celle de ce que le Président Joseph Kabila qualifiait de « Question de la cohésion nationale », c’est celle du renforcement de cette unité par la lutte contre le tribalisme, l’ethnicisme, le régionalisme. Il s’agit, par exemple, de comprendre et prendre des mesures concrètes contre la constitution des cabinets politiques mono-ethniques, les violences inter-ethniques, la chasse aux non originaires dans certaines provinces ou même la revendication intempestive de la présence de toutes les provinces ou territoires au sein du gouvernement sous le prétexte de la représentation nationale.

Par ailleurs, j’ai cru comprendre que l’appel à l’unité nationale visait également à prêcher une certaine modération dans le camp des partisans du Président. Ne s’agissait-il pas de calmer ceux de ses extrémistes qui s’acharnent à faire le vide autour de l’autorité afin d’en faire une sorte de « propriété exclusive » pour des intérêts manifestement égoïstes ?

Maintenant que le Chef de l’Etat a mis le doigt sur cette question, que et comment faire pour consolider encore davantage l’unité nationale ? Comment agir quotidiennement pour aider le Président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo à poursuivre, dans de bonnes conditions, le travail de raffermissement de la cohésion nationale, entamé par le Sénateur Joseph Kabila Kabange ?

Les questions s’adressent à vous penseurs politiques et autres.

Quid alors de la problématique du changement ?

Le changement

Le Chef de l’Etat a posé la question du changement en ces termes : « Les défis de notre pays sont immenses et les problèmes multiples, mais il n’est pas impossible d’y remédier et de commencer ainsi à changer les choses, à changer notre mode de vie en société, à changer notre Congo ».

Le changement est-il l’arlésienne de la RDC, c’est-à-dire quelque chose dont on parle beaucoup, que l’on attend et désire mais qui n’apparaît pas ? Certes non !

Avant d’aller plus loin, revenons à l’histoire. Le thème du changement ou de l’espoir du changement constitue un des principes fondamentaux du Kimbanguisme. C’est en promettant ou prophétisant le changement que Simon Kimbangu inaugure son Ministère vers les années 20 du siècle passé : « Le blanc deviendra noir et le noir deviendra blanc » prophétise-t-il et attire les masses à N’Kamba. Cet espoir du changement enthousiasmera les Bakongo jusqu’au déclanchement de la lutte pour l’indépendance en 1959 ; par la suite le message s’étendra sur l’ensemble du pays.

Le thème du changement reviendra à la mode, au milieu des années 50, à travers une chanson à succès du chanteur-guitariste Adou Elenga : « Ata ndele mokili ekobaluka ». Comme bien souvent dans l’histoire de l’humanité cet artiste de talent dénonçait la situation coloniale tout en mobilisant ses compatriotes à aller vers le changement ; il affirma que la vie va changer.

Le grand leader de la lutte pour l’indépendance Patrice Emery Lumumba, dans un ouvrage publié en 1957 et intitulé : « Le Congo terre d’avenir est-il menacé ? », ne parle que du changement, l’imagine, le souhaite et le réclame. Aucun des autres combattants de la libération ne s’exprimera différemment, même les plus modérés du PNP.

Joseph Kasa-Vubu mettra le premier quinquennat de l’indépendance nationale sous ce thème. C’était bien pour changer que lui et ses amis de l’Abako avaient, dès 1957, exigé l’indépendance immédiate.

Mobutu arrive au pouvoir le 24 novembre 1965 avec pour credo : « Congo nouveau, homme nouveau et femme nouvelle ». Peut-on imaginer une expression d’un changement plus radical ?

Lorsque les rues de grandes villes congolaises et les sentiers de nos campagnes reçoivent la rumeur selon laquelle Mzee Laurent Désiré Kabila paie, aux soldats et fonctionnaires des territoires libérés, 100 USD par mois, ce n’est plus la guerre qui libère le reste du pays, mais l’espoir du changement.

Et quel a été la caractéristique principale, qui sous-tendait, les 18 années du pouvoir du Président Joseph Kabila Kabange, si l’on considère : la démocratisation, le programme des cinq chantiers, le credo : changement de mentalité, la vision : révolution de la modernité, la passation pacifique et civilisée du pouvoir suite aux élections de décembre 2018 ? N’est-ce pas la volonté et la concrétisation du changement ?

Le changement est donc bien un thème récurrent et même permanent du discours politique congolais. Est-ce à dire qu’il ne faut plus le mettre en exergue ? Bien sûr que non ! Il faut d’ailleurs le crier plus fort !

Il reste légitime, surtout de la part d’un Président de souhaiter encore plus de changement pour son pays. Il est même de son devoir d’initier ce changement, de l’organiser et de motiver son peuple à l’entreprendre au plus vite.

Cependant, il importe, si nous voulons réussir de manière décisive ce énième courant du changement, que ceux qui, après que le Chef de l’Etat ait parlé et indiqué le chemin, auront la responsabilité de conduire ce changement, sachent regarder d’un œil critique certes, mais objectif, ce qui a déjà été réalisé, son ampleur, comment cela avait pu être concrétisé, quelles étaient les difficultés rencontrées, dans quelles conditions de paix ou de guerre et avec la collaboration de qui ? Nous devrions tous comprendre que le changement vers le développement constitue un processus à la fois cumulatif et global. Il est cumulatif en ce sens qu’il se construit sur des fondations établies par les prédécesseurs et ne peut s’enraciner que s’il prend en compte la société dans ses différents aspects, notamment culturels.

De la prise en compte de ces considérations politiques dépendront la réussite de notre projet national de poursuivre le changement.

Pour ma part, je doute que Joseph Kasa-Vubu ait pu embraser Léopoldville en 1959 et chasser le colonisateur, sans que Simon Kimbangu et les kitawaliste n’aient préparé le chemin. Je ne crois pas que LD Kabila aurait pu libérer la RDC si Joseph Mobutu n’avait pas su maintenir l’unité du Zaïre. La mise en œuvre de la démocratie par Joseph Kabila en 2001 avait été facilitée par le travail de préparation des esprits à cette forme de gouvernement, effectué notamment par Etienne Tshisekedi. Le Raïs a pu mettre en œuvre la démocratie, initier et réaliser les grands travaux des « cinq chantiers » qui ont laissé des traces indélébiles dans ce pays, conceptualiser « la Révolution de la modernité » et enfin passer au transfert pacifique et civilisé du pouvoir que parce que LD Kabila avait su, avec le peuple congolais, résister aux tentatives de balkanisation du pays.

Pour réussir le changement projeté, la balle est dans le camp de tous les Congolais, mais la responsabilité incombe principalement au gouvernement de la coalition FCC /CACH et à certains cadres restés en dehors. Prenons donc nos responsabilités.

Jean Pierre Kambila Kankwende,

Cadre de la coalition FCC /CACH et Membre du PPRD
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