C’est peu après 14h locales, de ce mardi 24 décembre 2019, que l’avion à bord duquel Adolph Muzito, actuel coordonnateur de la coalition Lamuka, et Martin Fayulu, ancien candidat de la même plateforme à la présidentielle 2018, a atterri à l’aéroport de Mavivi, à une dizaine de kilomètres du centre-ville de Beni.

Dans une exclusivité accordée à Le Potentielonline.net avant leur embarquement pour le Nord-Kivu, Martin Fayulu a expliqué que leur visite à Beni est humanitaire, expression d’un rapprochement avec les populations victimes des tueries dans la zone.

« Nous venons à Beni passer le réveillon de Noël avec nos frères et sœurs de Beni et environs. On va passer Noël avec eux pour compatir aux populations et montrer par ce fait à toutes les populations du grand Kivu et de l’Ituri que nous sommes avec eux et que l’amour que le reste des Congolais a, nous le témoignons par ce geste-là. Nous sommes un grand peuple, une grande nation et nous voulons faire comprendre à l’ennemi que ses manœuvres de voir accaparer une partie du territoire du Congo vont échouer », a-t-il dit au téléphone.

Et à l’opposant, compatissant, de poursuivre après leur atterrissage à l’aéroport de Beni-Mavivi.

« Ce qui affecte Beni, affecte tout le Congo. Il n’y a pas de Congo sans Beni. Nous voulons que les massacres qui se commettent à Beni cessent et que le peuple puisse vivre en paix. Le Nord-Kivu, le Sud-Kivu, l’Ituri et tout le Congo puissent vivre en paix et que les Congolais travaillent pour que le pays soit développé ».


Après leur arrivée, les 2 leaders de l’opposition se sont inclinés devant la tombe d’un activiste de la LUCHA, assassiné lors de récentes manifestations anti-Monusco dans cette partie, puis ont visité certains quartiers où des civils ont péri au cours de dernières incursions ADF dans la ville, avant d’aller chuter au rond-point du 30 juin pour une adresse à leurs partisans.

Au cours de son meeting tenu devant une foulée dressée comme pour écouter l’évangile, Martin Fayulu a exprimé sa douleur vis-à-vis du tableau sombre de la situation sécuritaire que traverse la population dans la région. Cependant, il prédit qu’en dépit de la déstabilisation imposée à la RDC ainsi que toute les menaces de balkanisation planifiée aussi bien de l’extérieur que de l’intérieur du pays n’aboutiront jamais. Il plaide pour que Beni soit traité comme une partie de la RDC à part entière.

Par ailleurs, en plus du fait qu’il soutient que l’armée et la police congolaise sont bien infiltrées par des officiers à la solde de l’envahisseur. Ce qui, dit-il, justifie le fait que certains d’entre eux se rétractent de leur mission de protection civile pour s’en prendre aux populations, il estime tout autant que le tueur de Beni ne sont pas des Congolais. Malgré tout, à son niveau, il compte faire des plaidoiries nécessaires pour que Beni retrouve la sérénité.

« Ceux qui tuent nos frères ici à Beni ne sont pas Congolais. Un Congolais ne peut jamais tuer ses frères. Vous dites que des militaires sont en train de vous tuer. Cela veut dire que ces soldats ne sont pas de Congolais. Parce qu’un Congolais ne peut jamais tuer son frère. Vous dites que la plupart sont des anciens M23. Nous savons qu’ils ne sont pas Congolais. Est-ce Bosco Ntanganda et Laurent Nkunda sont des Congolais ? C’est pourquoi soyons vigilants. Sachez que vous n’êtes pas seuls dans cette crise que vous traversez. Tout le Congo, tout Lamuka est derrière vous. Il n’y a pas de Congo sans Beni. Cela veut dire que le Congo ne sera jamais divisé. L’ennemi qui cherche à balkaniser notre pays, n’y parviendra pas. Nous ferons tout ce que ça demande pour que votre message arrive à ceux auprès de qui vous nous demandez d’envoyer ce message », promet-il.

Les éloges de Fayulu à Jean-Jacques Muyembe

Le docteur Jean-Jacques Muyembe, coordonnateur de la riposte contre Ebola, est l’une des personnalités que Martin Fayulu a présenté en vedette au cours de son adresse à la population de Beni. En cause, les avancées significatives enregistrées sur le terrain dans l’éradication de la maladie à virus Ebola. Celui-ci reconnait que le travail abattu depuis que ce technicien de la santé a pris la relève a permis de réduire sensiblement les risques de contamination et de propagation du virus dans la zone.

A ce sujet, le candidat malheureux à la présidentielle a exhorté ses interlocuteurs à plus d’engagement communautaire contre épidémie, seul prix pour obtenir son éradication définitive. Avec un peu d’humour ironisant, le co-fondateur de Lamuka invite la population à ne pas être dupe face à ceux qui la flatte au sujet de cette maladie mortelle.

« Nous voyons le grand combat que mènent le professeur Muyembe et l’équipe de la riposte contre le virus Ebola. Je suis heureux parce que partout par où je suis en train de passer, on fait le suivi du respect des mesures d’hygiène ou on relève la température. Ne négligeons pas Ebola, il tue. Ne soyez pas piégés comme Kabila avait piégé Tshisekedi. Qu’on ne vous trompe pas. Que personne ne vienne vous dire qu’Ebola a été emporté ici parce qu’on ne vous aime pas, pour que vous disiez qu’Ebola n’existe pas. Ebola a déjà été dans plusieurs coins de notre pays, pas seulement ici. Mais travaillons dur, respectons les conseils des agents de la santé pour que nous éradiquions Ebola ».

En effet, les signaux sont de plus en plus au vert en province du Nord-Kivu même si dans certaines zones de santé restées épicentres, comme celle de Mabalako (territoire de Beni), des efforts significatifs doivent être fournis en vue d’étouffer le risque de son embrasement.

Kabila, le mal congolais

Martin Fayulu endosse la responsabilité de la misère des Congolais à Joseph Kabila. Dans ces propos, il accuse d’abord l’ancien président d’avoir détruit ce pays durant son règne et d’avoir tripatouillé le processus électoral en 2018 en imposant au peuple des dirigeants illégitimes. Toujours persuadé que c’est Joseph Kabila qui continue de diriger ce pays à travers Félix Tshisekedi, l’opposant espère que seule l’installation du vrai vainqueur de la dernière présidentielle à la tête du pays pourra dénouer le drame.

« Est-ce que nous abandonnerons notre pays à l’ennemi parce que nous craignons la mort? Nous savons d’où vient ce mal. Il vient d’un monsieur qu’on nous a amené, qu’on appelle Kabila. Il est venu détruire notre pays, il est venu balkaniser le Congo. Accepterons-nous? La seule solution est que le président que vous avez choisi puisse régner. La solution reste que Kabila doit partir. Toute cette situation, nous la vivons parce que nous avons des dirigeants illégitimes », insiste l’opposant.

Charles M. Bin Kisatiro, correspondant à Beni
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