"L'histoire est un éternel recommencement", avait postulé l'historien grec Thucydide, voici déjà plusieurs siècles. Au crépuscule de l'année 2019, l'assertion de cet historien de haute volée, trouve son champ d'expérimentation dans la situation politique actuelle en RD Congo où Martin Fayulu, candidat à l'élection présidentielle du 30 décembre 2018, continue à rejeter la victoire de Félix Tshisekedi, proclamé vainqueur dudit scrutin par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et la Cour constitutionnelle.

FAYULU-FEU ETIENNE TSHISEKEDI MEME COMBAT ?

Vu des analystes, la posture actuelle de Martin Fayulu présente quelques similitudes avec celle de feu Etienne Tshisekedi en décembre 2011. Meilleur perdant de la présidentielle du 30 novembre 2011, l'historique opposant congolais n'avait de cesse de rejeter la réélection, pour un second quinquennat, de son adversaire d'alors, Joseph Kabila, proclamé élu par la CENI et la Cour suprême.

Non seulement qu'il avait contesté la victoire du président d'alors, Etienne Tshisekedi s'était autoproclamé le véritable vainqueur de ladite présidentielle. Exactement comme le fait Martin Fayulu, depuis le 12 janvier 2018, date de publication des résultats provisoires des résultats des élections générales, organisées fin décembre 2018. A la seule différence que feu Etienne Tshisekedi avait même prêté serment. C'était un certain vendredi 23 décembre dans sa résidence familiale, à la 10ème rue Limete, devant des cadres et quelques dizaines de combattants de son parti, l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS).

L'histoire retiendra donc que jusqu'à sa mort le 1er février 2017 à Bruxelles, le géniteur de l'actuel Chef de l'Etat congolais, Félix Antoine Tshisekedi, se considérait comme le Président élu de l'élection du 30 novembre 2011. Et dire que tous les cadres et combattants de son parti le présentaient sous ce statut, chaque fois qu'ils en avaient l'occasion. En un mot comme en mille, Martin Fayulu est actuellement pour Félix Tshisekedi, ce qu'autrefois fut feu Etienne Tshisekedi pour Joseph Kabila en 2011. On connaît bien la suite.

CHEF DE L'ETAT ? OPPOSANT ? OU LES DEUX ?



Le 24 janvier prochain, Félix Tshisekedi aura totalisé 365 jours au pouvoir. Logiquement aussi, Martin Fayulu, autoproclamé vrai vainqueur de l'élection présidentielle du 30 décembre 2018, aura accompli une année de lutte sur fond de quête de " Vérité des urnes". Une année max de contestation qui, visiblement, ne fait pas encore bouger les lignes, comme le veut le porte-étendard de "Lamuka".

Compte tenu de l'évolution de la situation politique actuelle en RD Congo, des analystes problématisent sur l'avenir politique de Martin Fayulu à l'horizon 2020. Question: Va-t-il continuer à se considérer comme le "Président élu" ? Va-t-il abandonner sa lutte pour la vérité des urnes et renfiler le brassard d'Opposant ? Martin Fayulu se revêtira-t-il du statut à la fois de Chef de l'Etat et d'opposant ? Voilà donc, un échantillon de questionnement qui, de toute évidence, oblique l'ancien coordonnateur de Lamuka à opérer un choix judicieux.

A priori, il est antinomique d'assumer en même temps, la fonction suprême de Président de la république et de monter sur son cheval de contestataire affiché. Une telle posture rappelle, à plus d'un égard, les intrigues du roman "Illusions perdues" d'Honoré de Balzac. Moralité : d'aucuns estiment qu'une année après son combat (légitime ?) pour la "vérité des urnes", Martin Fayulu n'aurait rien à perdre, s'il regardait la réalité en face. Bien au contraire. Il gagnerait en se concentrant sur l'horizon 2023.



Peu importent les opinions de ses contemporains d'ici et d'ailleurs sur son combat politique actuel, Martin Fayulu, d'après les élections de novembre 2018, n'est plus ce même Martin Fayulu connu comme un ordinaire opposant et président du parti Engagement citoyen pour le développement (ECIDé). Car, en l'absence de Moïse Katumbi et de Jean-Pierre Bemba, deux ténors de l'opposition, écartés de la présidentielle de 2018, Martin Fayulu bénéficie du soutien de tous les autres majors de Lamuka. Il a, ainsi, réussi à se faire vendre politiquement dans plusieurs coins du pays. Comme qui dirait, il a un capital humain à faire prévaloir.

Evidemment que le retour sur scène de Moïse Katumbi et du MLC Jean-Pierre Bemba pourrait modifier la future donne. Mais quelle que soit l'hypothèse, des observateurs pensent qu'on ne pourrait pas ne pas jouer le jeu en 2020, sans Martin Fayulu. En même temps, il faut souligner que cet horizon se prépare et doit se préparer dès maintenant.

Grevisse Kabrel
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