La réforme du système judiciaire commence à porter des fruits. À l’issue du grand déballage, par médias interposés, entre le ministre des Finances et le directeur de cabinet du chef de l’État sur le taux d’exécution et de financement du programme d’urgence des 100 jours du chef de l’État, le Parquet général près la Cour d’appel de Kinshasa/Matete se saisit du dossier. Le Parquet a adressé aux ministres des ITPR, des Finances, de Budget ainsi qu’au gouverneur de la Banque centrale du Congo, une réquisition à expert. Question de faire toute la lumière sur la traçabilité des fonds alloués à l’exécution des sauts-de-mouton et autres chantiers d’urgence. Certainement, de gros poissons seront attrapés.

Le Potentiel

On en saura un peu plus sur le mystère qui entoure le financement et l’exécution des travaux du programme des 100 jours du chef de l’État. Après l’arrêt brusque et inquiétant des travaux sur différents chantiers de construction des sauts-de-mouton à travers la ville de Kinshasa, et le tollé suscité par les embouteillages, la justice se mêle au dossier. Il faut dissiper l’épais nuage qui plane sur une affaire qui commence à énerver les Kinois pour qui les sauts-de-mouton, au lieu de résoudre l’épineux problème de transport, deviennent une malédiction.

À Kinshasa, le grand retard accumulé dans la construction de ces ouvrages censés se terminer au bout de neuf mois, a été la face visible d’un programme dont l’exécution suscite des suspicions de détournements d’importantes sommes d’argent. Il est temps de remonter la filière pour établir la traçabilité des fonds décaissés.

En effet, sur « injonction du vice-Premier ministre, ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Tunda ya Kasende, le Parquet général près la Cour d’appel de Kinshasa/Matete vient d’ouvrir une instruction judiciaire aux fins d’investiguer sur l’exécution des travaux publics (construction des sauts-de-mouton, construction des logements sociaux et autres) inscrits dans le programme des 100 jours initié par le chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo ».

L’heure du grand déballage

Coïncidence ou hasard de calendrier ? Ce qui est certain, c’est que la signature de ces réquisitions du Parquet intervient au lendemain des ordonnances du chef de l’État nommant les hauts magistrats. L’on pourrait ainsi dire que l’heure du grand déballage a sonné. Des membres du gouvernement, en tout cas ceux impliqués directement dans ces travaux, à savoir le vice-Premier ministre en charge du Budget, son collègue des Infrastructures et Travaux publics (ITPR) ainsi que le ministre des Finances sont appelés à fournir des informations au Parquet. Sans oublier le gouverneur de la Banque centrale du Congo. Toutes ces personnalités sont visées, de toute « urgence », par des réquisitions à expert.

La justice attend du vice-Premier ministre du Budget « les copies de tous les bons d’engagement établis en faveur des sociétés exécutant les travaux des 100 jours ainsi que les numéros des dossiers y relatifs ». Son collègue des ITPR est plutôt invité à transmettre au Parquet « la liste de toutes les entreprises retenues dans le cadre de l’exécution du programme des 100 jours ; les documents de passation des marchés publics en rapport avec ces travaux ; les statuts des sociétés et/ou entreprises soumissionnaires et contractuelles ; les contrats et/ou protocoles d’accords d’exécution des travaux ; l’avis du Bureau technique du contrôle (BTC) ».

Le ministre des Finances devra, à son tour, fournir au Parquet « les copies des ordres de paiements informatisés et/ou toutes les lettres de paiement d’urgence établies en faveur de toutes les entreprises retenues dans le cadre de l’exécution des travaux de 100 jours ; l’exécution du plan de trésorerie et de décaissement des fonds en faveur des entreprises exécutant les travaux ».

Enfin, le gouverneur de la Banque centrale du Congo devra transmettre au Parquet « un relevé complet de paiements effectués en faveur des sociétés exécutant les travaux de 100 jours et les bordereaux de paiements ainsi que les avis de crédits y relatifs ».

Rappelons que lors du conseil des ministres du vendredi 7 février 2020, présidé par le chef de l’État, le gouvernement avait annoncé des audits pour établir toute la vérité sur la gestion des fonds destinés à l’exécution du programme des 100 jours lancé par Félix Tshisekedi au début de son quinquennat.

Sans attendre les conclusions de cet audit, la justice s’est déjà mise en branle. Est-ce le début du changement annoncé par le président de la République qui a décrété « 2020, année des actions » ?

Un bilan en demi-teinte

Au regard de l’instruction judiciaire, le parquet promet « la manifestation de la vérité » autour du programme de 100 jours du chef de l’État. L’opinion publique, qui salue cette initiative, attend, par cette action, la manifestation de la vérité sur une affaire qui n’arrête pas de soulever des vagues. Mais elle voudrait surtout croire que cette fois-ci sera la bonne.

Car, en son temps, l’ex conseiller spécial du chef de l’État en matière de lutte contre la corruption, Luzolo Bambi Lessa, avait mené des enquêtes, notamment sur le coulage des recettes publiques et dénoncé plusieurs cas de détournements des deniers publics, mais rien n’y fut fait. Jusqu’à la chute du régime Kabila, les dossiers sont restés rangés dans les tiroirs. Personne n’a été sanctionné.

Par ailleurs, dès que le parquet sera en possession de tous les éléments dont il a besoin, il sera loisible que des personnes impliquées dans ce sale dossier puissent présenter librement leur démission afin de permettre à la justice de faire son travail sans interférence politique.

De son côté, la justice doit rassurer et posséder les moyens de sa politique pour ne pas se laisser corrompre par des mains noires qui tirent les ficelles derrière les rideaux. Pour marquer réellement la rupture avec l’ancien système, les juges devront donner des garanties sur l’aboutissement de l’investigation sur une affaire qui a englouti, de façon obscure, l’argent du contribuable congolais. Pour une fois, des têtes vont certainement tomber.
LIENS COMMERCIAUX

                                                    MAGAZINE HESHIMA                                                      HESHIMA MAGAZINE BIMESTRIEL № 35 , AOUT 2022 / PRIX 10 $


 

Passez votre commande au N°+243 851 134 444, www.heshimardc.net 

Prix 10$

Point de vente : Psaro, City Market, Monishop, Memling.

Le magazine qui bat au rythme de l’actualité.

 
Top