C'est le samedi 22 août 2020 que Martin Fayulu et Adolphe Muzito, deux membres du présidium de la coalition LAMUKA, ont regagné Kinshasa par l'aéroport international de N'djili. Un come back tant attendu par les militants de cette plateforme politique, qui tenaient à tout prix à revoir celui qui les a représentés à la présidentielle 2018, mais aussi l'ex-premier ministre de la RDC.

De l'aéroport de N'djili au terrain Sainte Thérèse, où Fayulu et Muzito ont échangé avec la population, tout s'est déroulé sans incident. Les éléments de la police ont, de leur côté, encadré le cortège de ces deux leaders de LAMUKA, ainsi que les militants venus nombreux les accueillir. 

7SUR7.CD revient sur cet événement qui a cristallisé l'attention des Kinois le week-end dernier, pour faire revivre l'ambiance qui a régné samedi dans la première ville de la RDC.  

Mobilisation devant l'aéroport de N'djili avant l'arrivée de Fayulu et Muzito

Il est 09 heures, pas de soleil de plomb dans la capitale congolaise. Martin Fayulu et Adolphe Muzitu, deux opposants membres de la coalition LAMUKA, sont attendus à Kinshasa. Ils font leur "grand retour", après avoir passé plus de 5 mois à l'extérieur de la RDC suite à la fermeture des frontières. Une mesure prise par les autorités dans le cadre de la lutte contre la Covid-19. 

Des dizaines de milliers 
de militants de la coalition LAMUKA se sont mobilisés tôt devant l'aéroport international de N'djili, pour leur réserver un accueil chaleureux. 

À l'extérieur de l'aéroport, la mobilisation était au rendez-vous. Une centaine de militants se sont pointés, parfois sans cache-nez, oubliant l'existence de la Covid-19. 

Drapeaux des partis politiques, notamment de  l'ECIDé, banderoles de soutien, caliquots et effigies de Fayulu en mains, ils attendaient impatiemment l'arrivée de ces deux opposants.

Messages politiques

L'un des militants de cette plateforme politique a transporté une croix en bois sur laquelle il a accroché le poisson, le pain, l'eau et de la chikwangue. Plus bas, il a attaché un carton avec quelques mots écrit à l'aide de la braisse. 

"Pasi na Congo. Tozokufa na nzala. 20.5$ social (entendez par là souffrance au Congo, nous mourons de faim, ndlr)", l'on pouvait lire sur cette croix. 

Après deux heures d’attente, les sympathisants de Fayulu et Muzito continuaient à prendre d'assaut l'aéroport international de N'djili. Certains arrivaient à pied et d'autres en bus voire à moto.

Des militants crient à tue-tête des chansons hostiles au régime actuel dirigé par le président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, le fils de l'opposant historique congolais, Étienne Tshisekedi. Il a été accusé de traîtrise suite à sa coalition avec l'ancien président Joseph Kabila qui a dirigé le pays durant 18 ans.

Dans leurs chants, c'est aussi les sénateurs et députés nationaux qui sont pris à partie. Ils leur ont reproché de servir les intérêts des individus et non du peuple, des suites de l'entérinement de Ronsard Malonda comme président de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) et les propositions de loi sur la réforme de l'appareil judiciaire initiées par les députés nationaux Aubin Minaku et Garry Sakata, deux caciques du Front Commun pour le Congo (FCC).

Plus loin, certains ont menacé sur le champs d'aller à la ferme de Kingakati, domaine de l’ex-président Joseph Kabila. Pour eux, c'est lui qui dirige encore le riche Congo et assujettit le peuple dans la misère. 

Dispositif sécuritaire renforcé à l'aéroport de N'djili

Pour encadrer ce déferlement des sympathisants, des policiers ont été déployés pour veiller au respect de l'ordre établi. Les forces de l’ordre ont  créé une ceinture pour empêcher des militants incontrôlables de se rapprocher de la clôture de l'aéroport. 

Un dispositif qui ne tiendra pas longtemps après l'annonce de l'arrivée de Martin Fayulu et Adolphe Muzitu de bouche à l'oreille. La foule a rompu le cordon de sécurité pour se diriger à la porte de sortie de l'aéroport de Ndjili. 

Arrivée de Fayulu et Muzito

Aux environs de 13h, l'avion transportant les deux opposants atterrit enfin à l'aéroport international de N'djili. Quelques minutes après, les deux personnalités sortent de l'aéroport sous les acclamations de la multitude. Vêtus en blanc comme neige et portant un cache-nez, Fayulu et Muzito ont l'air en forme.

Ils ont salué, sourire aux lèvres, visages rayonnants, les militants venus les accueillir devant des journalistes qui se bousculent pour prendre des images. 

Et c’était parti pour une procession de plus de 4 heures. De l'aéroport à place Sainte Thérèse de N'djili, en passant par les quartiers Kigansani, Pascal et Mikondo, des militants de LAMUKA et des curieux jonchaient le boulevard  Lumumba pour attendre les deux leaders de LAMUKA. 

Sur des passerelles, ils sont entassés comme des allumettes dans une boîte, sans observer la distanciation sociale recommandée pour prévenir le Coronavirus. Martin Fayulu, jubile ce bain de foule, qui atteste de sa popularité acquise lors des élections de décembre 2018.

Alors que le cortège avançait petit à petit, à la place Sainte-Thérèse de N'djili, lieu qui a accueilli plusieurs meetings de l'opposition, la mise en place était déjà terminée. 

Ambiance à Sainte Thérèse au rythme des allocutions de Fayulu et Muzito

Dans l'attente du candidat n°4 à la présidentielle du 30 décembre 2018, des militants dansent et bougent au rythme de "Olandi", d'Innoss'B, sans oublier "Se ye", chanson de campagne de Fayulu.

Des artistes-animateurs ont même eu la prouesse de ressusciter la chanson du dictateur Mobutu pour encenser Fayulu.

"Lokuta monene Lokuta monene, oyakani saka Fayulu a ko kweya wayaaaaa (détrompez-vous, Fayulu n’a pas perdu sa popularité, c'est faux.. ndlr)", ont-ils dit. 

C'est vers le couché du soleil que Fayulu et Muzito ont foulé le terrain Ste Thérèse. Sur le podium, une grosse affiche placée en arrière montre les visages de 4 leaders de LAMUKA "unis". L'on pouvait lire également :"nous sommes pour le changement ". 

Mais ils ne seront que deux : Fayulu et Muzito. Jean-Pierre Bemba président du Mouvement de Libération du Congo (MLC) était absent. Il avait récemment été à la tête d'une  marche "pacifique" le 13 juillet à Kinshasa, de Masina à Limete avec des dizaines de milliers de militants contre la désignation de Ronsard Malonda.
Ève Bazaiba, secrétaire générale du parti MLC, qui a l'habitude d'être dépêchée dans des circonstances pareilles, n’était pas non plus présente. Aucune explication n’a été donnée. Vraisemblablement, chaque leader de LAMUKA veut marquer son terroir.

C'est Muzito qui avait pris la parole en premier. L'ancien premier ministre de Joseph Kabila (2008-2012) est considéré pour ses militants comme l'homme qui détient "la formule magique", pour mettre un terme à l'inflation. Il a vanté ses prouesses économiques lorsqu’il fût chef du gouvernement.

Après, sans mâcher les mots, il a critiqué le duel Kabila-Tshisekedi. Une fois de plus Muzito a répéte que "les investisseurs ne viendront pas au pays", suite aux chamailleries et mésententes entre Tshisekedi et son 1er ministre, ainsi que des conflits institutionnels...

Après près de 10 minutes de speech, il passa la parole à Martin Fayulu, qui ne cesse de revendiquer la victoire de l'élection présidentielle du 30 décembre 2018.

C'est au rythme de "Se ye", qu'il est invité à s'adresser aux militants. Visiblement tenté par la mélodie, mais il résiste de faire quelques pas des danses. L'homme, sous le poids de la fatigue, ne bouge que ses bras alors que les journalistes attendent aussi ce moment. 

Son discours dure plus de 30 minutes. Fayulu va demander qu'on observe  3 minutes de silence respectivement pour les massacres à l'Est du pays, la mort des frères jumeaux tués au Kongo Central, crime qui a suscité émoi et enfin 
les personnes décédées de la Covid-19 au pays. 

La 3è minute de silence est boudée par les militants. Ils scandent en lingala : "il n y'a pas de Covid-19". Fayulu essaie en vain de les convaincre. 

Son discours est presque le même. Mais cette fois-la, Fayulu se réjouit d'avoir eu raison de sa proposition de "sortie de crise", post-électorale devoilée en novembre 2019 et présentée à plusieurs personnalités politiques étrangères aussi. Élections anticipées, les réformes institutionnelles… Voilà ce que Fayulu a rappelé à l'opinion. 

Il se jette des fleurs d'avoir vu loin que le bout de son nez, à la suite des multiples tensions et bras de fer au sein de Cour constitutionnelle, de la centrale électorale. 
 
Pour lui, le groupe de 13 personnalités politiques et de la société civile signataires de l'Appel du 11 juillet 2020, rejoint sa proposition dont il réclame "la paternité" par des termes un peu voilés.

Plus loin, Mafa n'hésite pas à critiquer le programme de 100 jours d'urgence du chef de l'État. Il a épinglé notamment les commissions touchées pour l'exécution des travaux. Il ne rétropédale pas quand il qualifie le président de la République de "pantin". Martin Fayulu a aussi apporté son soutien à Denis Mukwege, menacé de mort depuis quelques semaines. Il n'a pas oublié de remercier ceux qui ont participé à la marche contre Ronsard Malonda conduit par Jean Pierre Bemba.

De retour à Kinshasa, Martin Fayulu devra dans les prochains jours prendre les commandes de la coalition LAMUKA, tel que prévu dans les statuts et règlement intérieur de cette plateforme politique. Il va diriger cette coalition après Moïse Katumbi, Jean-Bemba et Adolphe Muzito. Une occasion pour lui d'accentuer le combat pour la mise en œuvre de son plan de sortie de crise. 

LIENS COMMERCIAUX

[VIDEOS][carouselslide][animated][20]

[Musique][vertical][animated][30]

 
Top