Pendant deux ans, le chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, était devant un feu rouge qui a finalement viré au vert. Jusqu’au bout, Félix Tshisekedi a cru en la coalition qu’il a formée avec son prédécesseur Joseph Kabila, autorité morale du FCC (Front Commun pour le Congo). Puis, vint le clash ! Lundi 14 décembre 2020 devant les deux chambres du Parlement, le chef de l’Etat a étalé toutes les frustrations vécues pendant cette dure période d’apprentissage. « Les efforts déployés, les sacrifices consentis et les humiliations tolérées », n’ont pas suffi, selon lui, « à faire fonctionner harmonieusement cette coalition ». La voie de la rupture était donc toute tracée. A ce jour, deux personnalités politiques qui pouvaient le gêner dans son parcours ont été mis hors course. Vital Kamerhe en prison, le FCC de Joseph Kabila écarté de son schéma de gouvernance, Félix Tshisekedi est seul maître à bord. Il n’a pas droit à l’erreur. En 2023, il sera le seul comptable de son bilan.


A moins de deux ans, le Président de la République, Félix Tshisekedi, est parvenu à se débarrasser en toute douceur de deux poids lourds du pacte de gouvernance qui liait sa plateforme politique, CACH, au FCC de Joseph Kabila. Le premier à tomber dans son escarcelle fût Vital Kamerhe, qui reste jusqu’à preuve du contraire, son directeur de cabinet.


Principal artisan de sa victoire à la présidentielle de décembre 2018, Vital Kamerhe, président de l’UNC (Union pour la nation congolaise), partenaire de l’UDPS dans CACH, a été présenté, à maintes reprise d’ailleurs, comme celui qui a joué au rapprochement entre Félix Tshisekedi et Joseph Kabila. C’est avec lui qu’ont été jetées les bases de la coalition FCC-CACH.


Devant l’impossibilité d’accéder à la Primature – le poste revenant en vertu de la Constitution au FCC, majoritaire à l’Assemblée nationale – Kamerhe a dû se replier vers le cabinet du chef de l’Etat. Il se contentera donc du rôle de directeur de cabinet du Président de la République.


Dans la sphère politique congolaise, certains ont cru à une marginalisation du leader de l’UNC. Mais, le grand retard pris aussi bien dans la nomination du Premier ministre que dans la formation du Gouvernement a mis Vital Kamerhe au devant de l’actualité. Entre janvier et septembre 2019, Vital Kamerhe s’est mis dans la peau de « vice-président de la République », quoi que le poste n’existe pas dans l’architecture institutionnelle congolaise.


Comme Icare dans la mythologie grecque, Kamerhe a volé si haut qu’il a fini par se faire brûler par le programme, dit de 100 jours du chef de l’Etat. Ce qui lui ouvrira grandement les portes de la prison, l’écartant définitivement du précarré de Félix Tshisekedi. C’est le premier verrou qui a sauté.


Avec la mise à l’écart de Kamerhe, Tshisekedi et Kabila étaient comme les seuls détenteurs de la coalition au pouvoir. Entre-temps, des contradictions ont continué à gagner les deux camps. La série de nominations du 17 juillet 2020 dans l’Armée et la Magistrature ont finalement levé les boucliers, poussant le FCC à monter sur ses quatre grands chevaux.


Malgré toutes les critiques, le chef de l’Etat est resté de marbre, jusqu’à la prestation de serment de trois nouveaux juges constitutionnels ; une cérémonie boycotté ouvertement par le FCC et ses membres délégués dans les institutions politiques. Pour le chef de l’Etat, la ligne de rouge était franchie. Plus rien, selon lui, ne justifiait encore le maintien de la coalition


Entre le FCC et le CACH, les frictions ont été telles que la rupture devenait inéluctable. Après trois semaines de consultations nationales, Félix Tshisekedi rendra la sentence le 6 décembre 2020 dans un message à la Nation. La coalition FCC-CACH était vouée aux gémonies. En rompant avec le FCC de Joseph Kabila, Félix Tshisekedi faisait sauter le deuxième verrou.


Seul aux commandes

Il est désormais le seul maître à bord de la direction et de la gouvernance en RD Congo. Félix-Antoine Tshisekedi a désormais les mains libres. Vital Kamerhe, qui lui faisait ombrage à sa manière, n’est plus là. Il est condamné à 20 ans de prison dans une affaire de détournement de deniers publics. Plus de 50 millions de dollars américains pour le projet pilote qui devait inaugurer le mandat de Tshisekedi.


Comme si cela ne suffisait pas, les alliés du FCC ont également brillé par des obstructions. Le chef de l’Etat a utilisé des circonlocutions pour faire la démonstration de tout le mal lui imposé par ses anciens alliés.


Lorsque le Président de la République parle des «humiliations» dans un discours officiel, connaissant Félix Tshisekedi, cela signifie qu’il avait avalé des couleuvres.


Avec la fin de cette coalition, Félix Tshisekedi a ainsi les mains libres. Il peut donc, avec la nouvelle dynamique de l’ «Union sacrée de la Nation», donner une nouvelle impulsion à l’action gouvernementale.


Les nouveaux venus d’Ensemble pour la République de Moïse Katumbi, du Mouvement de libération du Congo de Jean-Pierre Bemba, de l’AFDC-A de Modeste Bahati Lukwebo, des transfuges du FCC et les autres ne sont pas en position de lui mettre les bâtons dans les roues. Bien au contraire, ils vont tous lui faire allégeance pour l’accompagner dans sa vision.


Dans son discours devant le Congrès, Félix Tshisekedi a déjà tracé la voie à suivre : «La feuille de route du prochain Gouvernement qui sera issu de la nouvelle coalition nous engagera sans répit, au sein de l’Union sacrée de la Nation, dans le travail qu’elle impose pour le bien du Peuple congolais».


Dans le nouveau décor qui se profile, le blocage ne viendra donc pas du côté de ceux qui avaient pour objectif de défaire le système Kabila. Sans partager le bilan de la gestion, toutes les composantes de l’«Union sacrée de la nation» visent la fin de l’influence de Kabila. En fait, ils ne sont pas venus se greffer. Ils ont manifesté leur «maturité politique », s’est félicité le chef de l’Etat.


Toujours est-il que cette adhésion massive à sa vision lui donne plus de responsabilité. Il le met dans la position de seul maître à bord pour les années restantes de son mandat. En 2023, année de prochaines échéances électorales, Félix Tshisekedi sera le seul comptable de son bilan. Il n’aura aucune brèche pour l’imputer à qui que ce soit, pas à Kamerhe, encore moins au FCC de Joseph Kabila. C’est dire qu’avec la formation du Gouvernement de l’«Union sacrée de la nation», il doit procéder à un choix judicieux de ses collaborateurs.


Dans ce nouvel élan, le premier test est la nomination de l’informateur qui pourrait vraisemblablement intervenir au courant de cette semaine. Il y a urgence à accélérer déjà la formation du Gouvernement de l’«Union sacrée de la nation». Il s’agit de remettre le pays au travail.


Le chef de l’Etat est lié par sa promesse solennelle : «Kisalu me banda (le travail a commencé)». Le peuple attend désormais le voir à l’œuvre, sans se cacher derrière un quelconque bouc-émissaire.

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