C’est un changement qui aurait pu passer totalement inaperçu. La semaine dernière la messagerie WhatsApp a encouragé ses utilisateurs à accepter de nouvelles conditions d’utilisation.

Cette modification est une chose habituelle dans le monde des applications. Pourtant, certains utilisateurs ont été interloqués par un passage. Ce dernier indique que l’application va désormais partager plus de données avec Facebook, qui a racheté WhatsApp en 2014.






Plus tard dans la semaine, la messagerie annonce dans un communiqué que "WhatsApp ne partage pas les données de ses utilisateurs en Europe avec Facebook dans le but que Facebook les utilise pour améliorer ses produits ou ses publicités".

Il y a pourtant un but derrière cette opération, faciliter l’accès des entreprises à WhatsApp pour proposer des achats directement dans une conversation.

Mais si l’application dément, les utilisateurs, eux, s’inquiètent et de nombreuses questions restent en suspens. On répond à une liste non exhaustive d’entre elles.

À quelles données WhatsApp aura accès ?

Les principales données ciblées sont le numéro de téléphone, le nom et l’adresse IP. Cette dernière permet en effet de géolocaliser l’utilisateur.

Cela permettra à Facebook d’encore mieux connaître ses utilisateurs pour cibler un peu plus les publicités qu’il va leur montrer.

Toutefois, l’Union européenne nous protège face à ce ciblage. Si ces nouvelles conditions valent pour l’ensemble de la planète, le Règlement général sur la protection des données ou RGPD limite les possibilités de collecte d’informations. L’utilisation des données dans un but commercial est notamment interdite au sein de l’UE.

Quid si je refuse les nouvelles conditions d’utilisation ?

Et bien, vous n’avez pas vraiment le choix. Si aujourd’hui vous ne désirez pas que WhatsApp fournisse plus de données à Facebook, votre compte sera tout simplement suspendu dès le 8 février.

Pas de panique toutefois si vous tenez à certaines conversations. Elles ne seront pas supprimées.

Quelles sont les alternatives à WhatsApp ?

Il y en a plusieurs. Certaines sont historiques et existent depuis de nombreuses années. On citera notamment Viber (Israël – 2010), WeChat (Chine – 2011) ou encore Telegram (2013 – Russie).

Mais c’est une autre dont on a moins souvent entendu parler qui voit son nombre de téléchargements exploser. "Signal" est apparue en 2014 aux Etats-Unis. Son point fort par rapport aux autres ? Le chiffrement des données qu’elle utilise. Pour preuve, la Commission européenne recommande l’utilisation de Signal à son personnel pour la communication avec les personnes extérieures à l’institution.

Face à un énorme flux de nouveaux utilisateurs, Signal a vu ses serveurs saturer en fin de semaine dernière. Un problème résolu depuis lors.

De nombreuses personnalités se sont d’ailleurs mises à utiliser l’application Signal. On citera notamment Edward Snowden, lanceur d’alerte américain qui avait révélé l’existence de programmes de surveillance de masse aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne.

Elon Musk, le très célèbre patron de Tesla a également appelé ses followers à télécharger Signal.

Pourquoi est-ce que Signal m’indique quels sont mes contacts qui utilisent aussi l’application ?

Certains utilisateurs s’inquiètent par rapport à cette fonctionnalité présente dans Signal. Pourtant, l’application WhatsApp offrait la même possibilité, celle de voir lesquels de nos contacts utilisent la messagerie. Cela permet de savoir avec qui vous pouvez discuter.

Pour proposer cette possibilité, l’application envoie régulièrement des requêtes cryptées vers votre liste de contact. Sans avoir accès aux noms, elle se concentre simplement sur les numéros qui correspondent à des utilisateurs enregistrés. Dès que l’information revient, Signal vous propose dans l’application vos contacts qui ont un compte sur la messagerie.

Signal précise également que ces données restent stockées sur le téléphone de l’utilisateur et non pas sur des serveurs.

Ok, et Telegram alors ? C’est bien aussi ?


Comme expliqué plus haut, Telegram est une application de discussion créée en Russie en 2013. Elle est un peu plus ancienne que Signal mais était surtout bien plus connue jusqu’à l’exode vers Signal de la semaine dernière.

Mais contrairement à cette dernière, Telegram est beaucoup moins transparente. Son code source (un texte qui présente les instructions composant un programme sous une forme lisible), est en effet bien gardé. Celui de Signal est quant à lui disponible à tous, ce qui permet de vérifier qu’il est bien construit et qu’aucune faille n’existe.

Le cryptage des deux applications n’est pas non plus identique. Chez Signal, c’est du bout-en-bout. Cela veut dire que le message est chiffré de l’expéditeur au destinataire. Pour obtenir cette possibilité chez Telegram, il faut activer une option "secret chat". Dans le cas contraire, les messages envoyés ne seront pas sécurisés.

En ce qui concerne l’usage, Signal et Telegram sont presque similaires. Ce sont des détails qui vont les différencier. Les groupes de discussion sont par exemple limités à 1000 membres chez la première, 200.000 pour la seconde. Telegram propose également de se créer un pseudonyme pour discuter, ce qui n’est pas possible ailleurs.

Je suis déjà sur Messenger, Instagram et Facebook, quelle différence avec ces applications ?

La différence se joue au niveau de la promesse de l’application. Lors de sa création en 2009, WhatsApp proposait un service de messagerie chiffré de bout en bout. C’est une forme de cryptage qui empêche quiconque d’intercepter vos messages.

De plus, au contraire de Facebook ou d’Instagram, n’importe qui ne peut pas vous contacter. Il faut nécessairement avoir votre numéro de téléphone pour vous envoyer un message.

Le problème est que cette promesse de confidentialité est désormais rompue. Déjà mise à mal lors du rachat de la messagerie en 2014 par Facebook, la confiance est désormais brisée pour de nombreux utilisateurs.

C’est dans cette optique qu’ils se tournent vers les applications précédemment citées, qui offrent un service de messagerie relativement identique à celui qu’était WhatsApp à ses débuts, en toute indépendance.

Comme elle l’indique sur un sujet de questions – réponses sur Reddit, l’application Signal est "une entité à but non lucratif, de sorte qu’elle ne peut jamais être achetée, n’a pas d’investisseurs et n’est "détenu" par personne." Elle ne devrait donc pas connaître le même sort que WhatsApp.

RTBF

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