Thierry Michel, le cinéaste auteur du film « L’affaire Chebeya, un crime d’Etat » a réalisé deux longues interviews détaillée de deux policiers fugitifs qui reconnaissent avoir participé au crime et en donnent les détails. Ils expliquent aussi comment la général Numbi a exfiltré de Kinshasa, et pour certains de RDC, les principaux acteurs de ces crimes afin de les soustraire à la justice.

Je m’appelle Alain Logwa Kayeye, brigadier en chef et chauffeur de Christian Ngoy Kenga Kenga.

Le 1er juin 2010, nous étions à la maison. Nous étions chez Christian Ngy Kenga Kenga. Vers 7h, Kenga kenga nous a appelés Jacques Mugabo et moi parce que moi, Alain Longwa, Jacques Mugabo,Christian Ngoy kenga Kenga et Paul Milambwe, nous habitions dans une même maison.





Comme j’étais chauffeur, il me demande de préparer un véhicule, car il est appelé en urgence à l’inspection générale de la police puisque John Numbi l’attend

Arrivés à l’Inspection générale de la police, Christian descend du véhicule et se dirige vers le bureau de l’inspecteur général de la police,John Numbi.

Ce que Christian et l’inspecteur général John Numbi se sont dit, nous n’en savions rien. Après leur entretien, il sort et ordonne d’appeler l’équipe de Mukalay.

Équipe composée de Hergil Ilunga et Saddam. La troisième personne appelée est le lieutenant Bruno Soti, commandant compagnie de 3ème compagnie,le bataillon Simba.

Quand nous sommes tous arrivésà l’inspection générale, toute l’équipe était en place. On nous dit de rester là pour une mission à l’inspection générale sur ordre de la hiérarchie. Ordre donné, ordre accepté. Aucun d’entre nous ne savait de quelle mission il s’agissait.

Vers 16h30, nous avons vu arriver une voiture de marque Mazda grise.

Elle est entrée dans l’inspection générale de la police. Nous avons vu alors la voiture se garer dans le parking réservé aux visiteurs et une personne est sortie de cette voiture qui est passée devant la réception et est montée vers le bureau où Paul Mwilambwe est en poste. Le chauffeur, lui, est resté dans la voiture pendant que nous attendions les ordres.

Kenga Kenga sur place a donné l’ordre de menotter le chauffeur et de l’amener dans un autre vehicule où se trouvait Hergil. L’exécution a commencé. On lui a enroulé la tête dans un sachet et scotcher le tout.

LE COMMANDO SE DÉBARRASSE DES CORPS DE CHEBEYA ET BAZANA

On a pris au chauffeur les clés de la voiture de Chebeya. Et on me les a données. J’ai démarré la voiture et ils m’ont donné 20 dollars et m’ont dit de prendre la route du cimetière de Mitendi et qu’ils me rejoindraient à l’endroit où se trouve le cimetière des musulmans. Ils m’ont dit de me garer juste à côté. Ils se sont dirigés vers une concession appartenant au général Djajija.

Quand nous sommes arrivés là-bas, ils ont sorti le corps de Bazana et à cet endroit se trouvait un militaire des Forces Armées. Ils ont pris le corps de Bazana pour l’enterrer.

Pendant que nous attendions, nous avons vu Christian Ngoy enlever le sachet autour de la tête de Chebeya. Ensuite on a mis le corps dans la Mazda.Ils m’ont dit de repartir, de laisser la voiture près du cimetière de MitendI sans rien emporter.

Arrivé à l’endroit qu’ils m’avaient indiqué. Je n’ai rien pris dans la voiture et j’ai continué à pied. Plus tard, un véhicule de la police est venu me récupérer.

Une fois qu’ils m’ont récupéré, je me suis retrouvé avec les autres au premier lieu de rendez-vous à la maison de Mukalay. Arrivés à la maison de Mukalay, on a garé le 4X4 Defender du colonel Mukalay. véhicule qui avait servi à l’opération et dont Hergil était le chauffeur.

Après nous sommes entrés dans un véhicule appartenant à Kenga Kenga. Avant que les chefs n’aillent se concerter, le colonel Daniel nous donne deux casiers de bière 33 et commence à nous féliciter pour la mission bien accomplie suivant les ordres de la hiérarchie.

Le colonel nous dit de partir et qu’il nous contacterait le lendemain après avoir rencontré le général pour nous donner du « savon », une récompense.

Ce n’est pas notre décision, moi, simple brigadier, comment aurais-je

pu me permettre de tuer quelqu’un à l’inspection générale de la police ? C’est impossible !

L’EXFILTRATION DES ACTEURS CLES DU DOUBLE MEUTRE


Le 3 juin, lorsque l’affaire a commencé à s’ébruiter, on nous a demandé de partir chez le général. Arrivés chez le général à 18h, on nous a demandé de rester là-bas. Vers 2h du matin, toute l’équipe d’acteurs directs de l’opération sont évacués en premiers Jacques Mugabo, Saddam et Hergil. Donc 4 personnes sont montées dans l’avion.

Nous trois, moi, Bruno et Ilunga. nous sommes restés dans la résidence du général John Numbi, dans sa résidence en ville où il a toujours habité. Nous sommes restés là-bas. Je dépendais de John Numbi chez qui je suis resté à Gombe pendant une semaine.

Et une semaine après, une occasion de vol par Hera Bora s’est présentée, on est venu nous chercher à 15h pour aller à l’aéroport.

A 17h30 on a embarqué dans un vol à destination de Lubumbashi.

Donc nous sommes arrivés là-bas à 21h. Donc nous sommes arrivés là-bas à 21h. Au pied de l’avion, nous attendaient les gens de John Numbi pour nous amener directement à la ferme.

Arrivés à la ferme, nous sommes accueillis par les majors Kabila et Kongolo. Ce sont les hommes de John Numbi qui opèrent à la ferme et qui la gèrent en l’absence de John Numbi.

Est-ce que c’était une fuite volontaire ou une évacuation forcée ?

Dépendant comme je l’étais, Comment pourrait-on imaginer que cette évacuation soit volontaire. L’affaire Chebeya c’était l’ordre de la hiérarchie et c’est Kenga Kenga qui nous avait fait part de cet ordre. Selon lui, Chebeya avait un problème avec Kabila et John Numbi.

C’est pourquoi ces deux-là avaient ordonné de le tuer et comme c’était l’ordre de la hiérarchie comment on pouvait ne pas obéir ?

Cet ordre venait de Kabila et John Numbi, les deux poids lourds du Congo. Tu refuses, on te tue. Tu exécutes l’ordre, on te tue. C’est ce qui nous a amené a fuir. Puisqu’il y avait des tentatives évidentes de nous éliminer pour effacer les traces. Et c’est ce qui nous a fait fuir.

Je sais que le général John Numbi avait retiré beaucoup d’argent de la Raw Bank. Est ce que cet argent, ils l’ont reçu ?

Si on nous avait donné de l’argent, on se serait enfui plus vite. C’est justement parce que nous n’avions pas d’argent que nous sommes restés à la ferme. On n’a rien reçu, même pas dix francs, même pas un centime, même pas un dollar.


Quand nous sommes arrivés à la ferme, nous sommes restés six mois, sept mois et nous avons eu nos affectations. Moi, j’ai été affecté à la police des mines de Tenke Fugurume. C’était ma première affectation jusque 2019 donc pendant dix ans. C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés dans la police des mines.
Qui a donné l’ordre de vous affecter ?

Kenga Kenga et John Numbi qui nous ont affecté là-bas.

Qu’est devenu Christina Ngoy Kenga Kenga qui était recherché à l’époque, parce que condamné par contumace, il devait être arrêté ?

Christian Kenga Kenga, a voyagé par ci par là à Lubumbashi et à Goma avant de se fuir au Rwanda, ensuite il est revenu à Lubumbashi pour ses affaires.

Christian Ngoy est à moitié congolais et moitié rwandais. Son père est mulubakat et sa mère est rwandaise. Christian Ngoy a grandi au Rwanda. Il a fait son service au Rwanda. Christian Ngoy fait ses études là-bas. Christian a sa famille au Rwanda. C’est au Rwanda qu’il a pu bénéficier d’une protection.

LES DEUX POLICIERS PRENNENT LA FUITE.

Quand Kabila a perdu le pouvoir, on a commencé à nous appeler plus souvent pour aller à la ferme, et là, on a commencé déjà à prendre nos dispositions. Mais on a commencé à vraiment avoir peur quand on a arrêté Kenga Kenga et quand Africarabia a publié des photos de Chebeya.

On nous a appelés à la ferme, mais je n’y suis pas allé. Ceux qui y sont allés ont commencé à tous se disputer. Moi je n’y suis pas allé.

Mon beau- frère qui travaillait à la ferme, m’ informé de ces disputes et m’a dit « fais attention, la situation est en train de dégénérer entre les membres de l’opération. » Si tu ne fais pas attention, tu risques d’être tué par balles ou livré aux Simba qui sont là-bas ou être empoisonnés ».


C’est à partir de ce moment-là que j’ai pris la décision de fuir vers la Zambie et j’ai décidé d’y rester.

Une semaine après, Hergil et moi nous nous sommes retrouvés et avons commencé à chercher une solution pour trouver une terre d’asile et quitter la Zambie.

A ce moment-ci, avez-vous été le seul à fuir ?

Chacun de nos compagnons avaient pris sa direction, sa destination et en Zambie, on s’est retrouvés à trois et puis finalement à deux. Le troisième compagnon n’avait pas de passeport, voilà la raison pour laquelle il est resté là-bas.

Où avez-vous trouvé des moyens pour financer vos voyages ?

En Zambie. C’est grâce à nos économies que nous avons pu vivre en Zambie. Avant d’arriver en Zambie, j’avais vendu ma maison, ce qui m’a permis de me déplacer, vers la Tanzanie, payer le visa, et prendre le vol à destination du lieu où je me trouve. Le peu de moyens qui me restait, je l’ai laissé à ma famille. Personne ne m’avait donné ces moyens. Ce sont mes petits moyens personnels qui m’ont permis de quitter l’Afrique.

Comment avez-vous fui, seul ou avec votre famille ?

Je suis parti sans ma famille. J’ai passé deux mois en Zambie et quatre mois en Tanzanie. En Zambie, les menaces étaient devenues plus fortes. Grâce à Dieu nous avons pu nous échapper par avion pour la destination où nous nous trouvons actuellement.

Mais notre famille reste en insécurité à Lubumbashi, menacée par ceux avec qui nous avons réalisé l’exécution. Comme vous savez, Lubumbashi, c’est la capitale de John Numbi. C’est le lieu où Kabila se trouve actuellement. Nos familles sont vraiment en danger et c’est pourquoi nous demandons à la communauté internationale d’assurer la protection de nos familles et de nous_mêmes. Nos familles ont été menacées il y a de cela deux jours. Elles sont menacées par Bruno Soti, par kabila et par Kongolo, voire même par Thierry, le secrétaire particulier de John Numbi qui ont envoyé des gens pour fouiller nos maisons et mettre nos familles en insécurité totale. Nous ne savons ce qu’il faut faire.

Comment assurer la sécurité de nos familles?

Qu’est-ce qu’ils espèrent aujourd’hui parce qu’ils sont dans une situation pas facile, parce qu’on va leur demander sans doute de revenir au congo pour donner leurs témoignages ?

Vous savez, le chauffeur de Mamadou Ndala a été tué lors du procès. Delphin Kayimbi a été tué pour avoir voulu dire la vérité. Le général Mokonto a été tué lors du procès de Vital Kamerhe.

Le magistrat de ce procès est mort lui aussi. Rien n’a changé en justice. Qu’est-ce qui empêcherait alors ces gens de nous faire du mal ?

Je ne peux pas dans ces conditions retourner au Congo. Je demande à la communauté internationale ma protection et celle de ma famille.

Une fois la protection acquise, j’accepterais alors de témoigner

devant les magistrats que le Congo pourrait envoyer là où je me trouve. Et là, je dirai à la communauté internationale et aux juges qui seront venus du Congo, toute la vérité.

Mais en ce moment, retourner au Congo où Kabila et John Numbi ont le pouvoir. Retourner au Congo ce serait comme un chien qui se livrerait aux lions pour être dévoré.


A propos du témoin de Paul Mwilambwe Policier fugitif depuis 2011

Paul Mwlambwe témoin. Paul Milambwe n’a pas participé. Lui avait reçu l’ordre de rester à son poste pour accueillir Chebeya. Il ne savait rien de lui, ni son identité ni sa qualité. On lui avait juste dit d’être présent pour accueillir quelqu’un dans son bureau dans son bureau.

La caméra de surveillance fonctionnait bien. Des policiers sont venus chercher Chebeya dans le bureau de Paul Mwilambwe pour l’amener là. C’est alors que Paul Mwilambwe a suivi les policiers au pas de sa porte, et leur a demandé ce qu’ils voulaient faire de lui.


Actualite.cd

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