La relaxation de Vital Kamerhe, ancien directeur de cabinet de Félix Tshisekedi, condamné au second degré à 13 ans des travaux forcés dans le cadre du procès 100 jours, ne cesse de susciter plusieurs réactions.

Certains soutiennent le rétablissement de la vérité pour un innocent condamné pour des raisons politiques. D’autres par contre ahuris, condamnent une décision incendiaire de la justice congolaise qui commençait à bénéficier d’une certaine crédibilité.

Vital Kamerhe est peut-être la goutte qui va faire déborder la vase. Le feuilleton de libération des détenus du procès 100 jours a débuté en janvier dernier. Condamnés à deux ans et cinq ans de prison dans le cadre de ce procès, Modeste Makabuza et Benjamin Wenga, respectivement directeurs généraux de SOCOC et de l’Office de voiries et drainage (OVD) ont été naïvement libérés. Aucune raison officielle sur cette décision n’a été rendue publique. Plusieurs questionnements quant à ce, sont restés pendants. Mais selon les câbles bien réglés de Scooprdc.net, l’instruction avait été donnée par la haute hiérarchie au ministre de la Justice de l’époque à insérer le nom de Modeste Makabuza sur la liste parce cette haute hiérarchie subissait une forte presse de l’extérieur. Mais puisqu’il fallait bien habiller cette mascarade, le nom de Benjamin Wenga a été aussi inséré et Bamarosa étant la pièce maitresse du détournement, devait rester en prison.

Par cette libération de Makabuza et Wenga, le pauvre ministre avait accepté de recevoir toutes les flèches de critiques allant jusqu’à l’injure et la mise en doute de sa formation juridique. Aujourd’hui, avec la libération de Vital Kamerhe, le doute sur une justice distributive et la dynamique de lutte contre la corruption a regagné les cœurs des Congolais. Ces derniers qui commençaient à croire en une justice basée sur l’équité n’en reviennent pas.

Non sans raison, pour le même dossier, douze mois après la libération de Makabuza et Wenga, c’est Vital Kamerhe, le principal accusé qui bénéficie d’une liberté provisoire, synonyme de liberté définitive en RDC ; les cas Bruno Tshibala, Eugène Diomi Ndongala étant des illustrations paradigmatiques. Aucun bénéficiaire d’une liberté provisoire n’est jamais retourné en prison en RDC.

Le procès 100 jours, une arnaque ou un trompe-l’œil ?

Regardé par des centaines de millions de Congolais, le procès 100 jours reste le programme télé le plus suivi en RDC pendant le confinement en 2020, aux allures d’une rencontre des Léopards seniors football. C’était une première au pays de voir un directeur de cabinet, mieux, un haut cadre du pays s’expliquer devant la justice sur la gestion des fonds de l’État mis à sa disposition.

Avec la libération hâtive de trois de 5 détenus, les Congolais ne seront plus surpris dans les quelques jours de voir Jamal et Bamarosa sortir aussi de Makala. Du coup, les observateurs se posent la question de savoir à quoi aurait servi ce procès ? Etait-ce une manière pour Félix Tshisekedi de prouver à la face du monde qu’il s’engageait à combattre la corruption, devenue un système dans ses racines enfouies au fond du sous-sol pour une gestion efficiente de la chose publique ? Ces « libertés provisoires » ne serviront-elles pas désormais d’une jurisprudence pour tous les autres prédateurs des richesses et autres fonds publics de l’État ? Possible lorsque l’on se mettra en tête que la prison n’effraye pas car elle ne sera pas longue quelle que soit la sentence des instances judiciaires.

Pour sa part, l’Association Congolaise pour l’Accès à la Justice (ACAJ) a qualifié la décision de la justice d’accorder la liberté provisoire à V.K de « scandale judiciaire ». Sur la toile, les escalades verbales s’amplifient entre pro et anti-Kamerhe et légalistes.

Beaucoup ne font plus foi à la justice congolaise. « Elle est instrumentalisée », font-ils savoir surtout quand ils ajoutent à tout ça la libération de l’ancien ministre de l’EPST Willy Bakonga, par mesure de grâce.

L’accord de Nairobi a-t-il joué ?

Le président de l’UNC Vital Kamerhe a joué un rôle prépondérant aux côtés de Félix Tshisekedi lors de la dernière présidentielle. Les deux hommes avaient battu campagne ensemble. Un deal le lie, c’est bien l’Accord de Nairobi (Kenya) conclu le 23 novembre 2018. Vital Kamerhe avait désisté comme candidat à la dernière présidentielle au profit de Félix Tshisekedi.

Le président de l’UNC ne l’avait pas fait pour s’attirer la sympathie de l’actuel chef de l’État. C’est fut l’une des clauses principale de cet accord de Nairobi. Celui prévoit que Félix Tshisekedi, une fois au pouvoir, fasse de même en 2023. Seulement l’Accord n’a pas tenu compte de certains impondérables. Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe n’avaient pas vu un gouvernement de coalition avec le FCC arriver.

Voilà qui avait fait que Vital Kamerhe ne soit pas premier ministre comme l’Accord l’indiquait. L’homme a été récupéré au cabinet du président de la République. Impliqué dans les détournements des fonds alloués aux sauts-de-mouton et autres maisons préfabriquées, V.K comme aiment l’appelaient ses adulateurs, s’est retrouvé en prison.

De là il a gardé son allégeance à Félix Tshisekedi. Un indice qui démontrait que ses rapports avec Félix Tshisekedi étaient au beau fixe. Les membres de l’UNC aux institutions n’ont pas démissionné.

Le signal révélateur est venu de Félix Tshisekedi qui, au cours d’une interview à Goma, avait émis des éloges sur son allié pourtant en prison. « C’est un monsieur sérieux et a un rôle important à jouer pour le pays », avait lâché Fatshi.

Des propos diamétralement opposés au verdict des juges qui a reconnu V.K coupable. Et l’UNC en a fait un argument pour démontrer à la population que son président n’y était pour rien, son arrestation était arbitraire. Sera-t-il une surprise si le successeur de Sama Lukonda dans les tout prochains jours serait V.K ? Beaucoup d’hommes politiques sont partis de la prison vers les postes de responsabilité au sommet de l’Etat.

Par Junior-Gradel IKA
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