Interrogé à l'occasion du 16ème anniversaire de la Constitution de la RDC le 18 février 2022, le constitutionnaliste Jacques Ndjoli a affirmé que ce qui pose problème en RDC, ce n'est pas le problème des normes, c'est un problème anthropologique, un problème du respect des textes par les hommes.

La solution pour lui, c'est ce qu'il a appelé "le patriotisme constitutionnel, qu'il entend comme l'intériorisation par le peuple des valeurs, principes et mécanismes qui doivent amener au constitutionnalisme. Pour ce faire, le professeur Jacques Ndjoli propose l'institutionnalisation, en RDC, dès l'école maternelle, du cours d'éducation constitutionnelle.
"Il n'y a pas de mauvaise Constitution. La Constitution est une loi. Mais qui donne consistance à une loi ? C'est l'homme. Nous n'avons pas nécessairement une crise de normativité. Nous avons une crise anthropologique. C'est l'homme qui refuse de s'approprier la Constitution. Nous n'avons pas de patriotisme Constitutionnel. C'est par l'éducation constitutionnelle, par le civisme constitutionnel, par l'appropriation des textes qu'on peut arriver à ce patriotisme constitutionnel. Voilà pourquoi nous demandons que le cours d'éducation constitutionnelle soit enseigné dès la maternelle", a-t-il plaidé.

Pour le professeur Jacques Ndjoli, ce n'est que le patriotisme constitutionnel qui peut générer une véritable culture de respect des textes en RDC. Il pense que le vrai problème des acteurs politiques congolais est ce qu'il a qualifié de "deconstitutionnaliser du jeu politique" au profit du partage du pouvoir par des accords et combines politiques.

"Pour qu'une Constitution trouve vie, il faut qu'elle soit portée par son peuple. Il faut que les valeurs, les principes, les mécanismes qui doivent amener au constitutionnalisme soient intériorisés. Or, le problème des acteurs politiques congolais est qu'ils veulent à tout moment deconstitutionnaliser le jeu politique, aller chercher le salut dans les accords. Il faut considérer la constitution comme la Loi matricielle, la Loi fondatrice. Et l'article 45 de la Constitution est clair. Il faut l'enseignement de Droit constitutionel, la diffusion, pour que nous puissions tous devenir des porteurs de ce texte. Il faut mettre la Loi fondamentale dans le cœur et l'esprit des congolais", a déclaré le professeur Ndjoli.

Dressant le bilan de 16 ans de la Constitution du 18 février 2006, ce constitutionnaliste a affirmé que c'est cette Loi fondamentale qui a permis à la RDC de tenir trois cycles électoraux. A l'en croire, ses éléments structurants sont l'unité du peuple congolais, la centralité du pouvoir auprès du peuple, le compromis et l'équilibre du pouvoir politique.

Le professeur Jacques Ndjoli a aussi parlé des innovations contenues dans la Constitution du 18 février 2006. Parlant de la forme de l'État, il a cité le régionalisme constitutionnel, trouvé comme juste milieu entre les partisans de l'unitarisme et ceux du fédéralisme.

Parlant des faiblesses de la Constitution de la RDC, le professeur Jacques Ndjoli a cité la décentralisation non réussie, le mimétisme, le multipartisme à outrance et le fait que cette Loi fondamentale soit écrite dans un langage ambiguë, voire contradictoire.

Orly-Darel Ngiambukulu

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