L'invasion russe en Ukraine a relancé les questions autour de la nomination en tant que Lord à vie d'Evgeni Lebedev, fils du milliardaire russe Alexandre Lebedev, à la chambre haute du Parlement britannique en 2020. Dimanche, le journal britannique The Sunday Times a rapporté que les services de renseignements extérieurs avaient exprimé il y a deux ans leurs inquiétudes quant à une telle nomination mais que Boris Johnson avait ignoré ses interrogations.
« Au regard des révélations d'aujourd'hui, je pense que le Premier ministre à de sérieuses questions auxquelles répondre : que savait-il ? et est-il passé par dessus de conseils sécuritaires ? », a affirmé le chef de l'opposition britannique Keir Starmer dimanche sur la chaîne Sky News.
Le renseignement britannique s’inquiète de l’influence d’Evgueni Lebedev depuis presque 10 ans, perçu comme agent du Kremlin puisque fils d’un espion du FSB. Dès 2013, le patron du MI6 refusait de recevoir ce propriétaire de journaux britanniques aux côtés d’autres éditeurs de presse lors de déjeuners professionnels, rapporte notre correspondante à Londres, Émeline Vin. Boris Johnson, à l’époque maire de Londres et déjà proche de Lebedev, ne pouvait pas ne pas être au courant selon l’enquête du Sunday Times. Il a participé à des fêtes, des réceptions, des vacances avec l’homme d’affaires russe.
L'opposition appelle à l'ouverture d'une enquête
Avec ces révélations, c’est la défense du Premier ministre qui s’effondre, lui qui assure être tombé des nues en apprenant qu’on l’avait laissé fréquenter une potentielle menace à la sécurité nationale.
Ce dimanche, le ministre du Nivellement par le Haut, Michael Gove a rappelé que si le chef du gouvernement avait outrepassé les recommandations du renseignement, c’était avant tout pour ne pas mettre tous les Russes dans le même panier. « On n’est pas responsable des actions de nos parents », a-t-il lancé. L’opposition, travailliste et libérale-démocrate, renouvelle ses appels à l’ouverture d’une enquête sur la nomination d’Evgueni Lebedev à la Chambre des Lords.
Dans une tribune vendredi dans son quotidien gratuit, Evgeny Lebedev s'est dit « fier » d'être citoyen britannique, estimant qu'il était « crucial de ne pas tomber dans la russophobie ». « Je ne suis pas un risque pour la sécurité de ce pays, que j'aime », a-t-il écrit-il, poursuivant que si son père a été dans un passé lointain un agent du renseignement du KGB, lui n'est « pas une sorte d'agent de la Russie ». En témoigne selon lui la couverture de l'invasion russe par son journal, qui a appelé la semaine dernière le président russe Vladimir Poutine à retirer ses troupes.
RFI