Le ministre de l’Économie nationale Jean-Marie Kalumba a été destitué mercredi 30 mars par les députés nationaux aux termes de l’examen de sa pétition signée par 70 élus.

Cette déchéance prouve à suffisance que le Gouvernement dit des “Warriors” peine encore et toujours à imprimer réellement ses marques.


Dans le lot des reproches faites constamment à cette équipe, il y a d’abord “son incapacité à mettre en oeuvre les politiques publiques, suite à son dédoublement par la présidence de la République où certains conseillers continuent d’assurer les fonctions de ministre sans aucun fondement juridique”.

On se rappelle sans doute du cas Marcellin Bilomba, conseiller principal du Chef de l’État qui s’est mué en ministre des Infrastructures au Kasaï.

Au lieu d’exécuter le “Plan national stratégique de développement” décidé en 2020 ou le Programme d’actions 2021-2023 du gouvernement Sama Lukonde, les ministres se sont lancés dans des “projets ad hoc conçus dans le seul but de détourner de l’argent public, tout en aggravant la misère de la population”.


Ici, on peut citer le projet de Registre des appareils Mobiles, RAM en sigle, du ministre des PTNTIC, Augustin Kibassa Maliba.

Depuis le début de la controverse autour de cette taxe, le ministre n’a cessé de changer de versions. Sécuriser les Congolais de la contrefaçon, constituer un registre, payer Internet pour les étudiants sur les campus, et plus tard, soutenir la gratuité de l’enseignement… C’est beaucoup d’éléments qui changent à chaque fois que ce ministre a été appelé à expliquer le bien fondé de cette taxe.

L’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) avait indiqué que la taxe sur le registre des appareils mobiles (RAM) avait permis de collecter 266 millions USD depuis son institution en septembre 2020.


L’ODEP avait aussi dénoncé le manque de transparence dans la gestion des recettes collectées dans le cadre de la taxe sur le RAM. Pour l’ODEP, près de 40% des recettes issues de la taxe RAM ne sont pas retracées dans le budget 2021 et 2022.

Tout donne à croire qu’il s’agit d’une taxe qui a été conçue sans objectifs précis et sans études préalables.

En fait, le ministre du PTNTIC nous a trahis.

Quant à son homologue du ministère des Sports, il s’est illustré par plusieurs ratés dont l’échec de l’organisation des Jeux de la Francophonie, la tricherie éhontée sur l’âge des participants au tournoi panafricain interscolaire de moins de 16 ans, etc.

Il y a eu aussi dernièreme nt le viol de l’espace aérien nigérian par un jet loué par Serge Konde pour se rendre à Casablanca afin d’assister au match retour RDC-Maroc. Conséquence : La RDC a été contrainte de payer 20.000 USD d’amendes.


Quant au ministre de l’EPST, Tony Mwaba, outre le soupçon dans une sale affaire de détournement des deniers publics de 400.000 USD lié à l’organisation du tournoi interscolaire, le patron de l’Éducation nationale s’est illustré dans une gestion catastrophique de la grève des enseignants. Aujourd’hui, ce sont les enseignants envoyés à la retraite qui ont lancé un un ultimatum au ministre, tout en rejetant vigoureusement la modique somme de 2500 USD leur octroyée unilatéralement par ce membre du gouvernement Sama.

Autre chose encore, la ministre du Portefeuille a eu du mal en s’en sortir après les accusations de l’inspection Générale des Finances, IGF, sur son incapacité à sanctionner des mandataires soupçonnés de corruption et de détournement des deniers publics.

Parmi les dossiers mentionnés par l’IGF, il y a : la gestion calamiteuse de la REGIDESO, la surfacturation des profilés métalliques à la SCTP (l’ex-Onatra), les observations définitives sur la gestion de la société COBIL SA ainsi que le rapport de contrôle de gestion de SONAHYDROC SA.

Sans oublier le fait que les institutions, telles la présidence de la République, l’Assemblée nationale, le Sénat, la Primature, sont “trop gourmandes”, alors que la santé, l’éducation, l’agriculture et les infrastructures manquent de moyens sans que cela ne dérangent le Premier Ministre pourtant le controleur numéro un du budget de la République.

Alors que son gouvernement avait été investi sur base d’un programme, à l’heure actuelle, le taux de réalisation de ce programme reste un secret d’Etat. Mais pour l’opinion publique, elle est en dessous de 10% de ses réalisations.

Gouvernement : Le grand sommeil

Après 100 jours à la tête du gouvernement, nous avons assisté, à la surprise générale, “une messe d’actions de grâce ” en lieu et place des progrès réalisés !

“Il ne sera pas étonnant qu’à la fin son mandat à la primature, une veillée de prière soit organisée,” avait dit Jean Dieu Minengu, Professeur à la Faculté des Sciences Agronomiques de l’Université de Kinshasa, Rédacteur en chef de la Revue Africaine d’Environnement et d’Agriculture (www.rafea-congo.com) et Secrétaire National de l’UDPS.


Lorsque pour les fêtes de noël et de fin d’année, le gouvernement Sama Lokonde, à travers le ministère de l’Economie Nationale, avait engagé les discussions avec les importateurs des produits alimentaires surgelés pour baisser les prix en vue de permettre à la population de fêter dans les conditions de sécurité alimentaire acceptables, les Congolais avertis savaient que cette démarche était dénudée de toute rationalité et ne pouvait donner aucun résultat positif.

Comment un gouvernement d’un pays dont les potentialités agricoles sont inégalables en Afrique, pouvait-il s’engager dans un tel exercice sans lendemain?

Aujourd’hui, la suite est connue. Où sont les poissons? Où est la baisse des prix?

D’ailleurs la sénatrice Francine Muyumba resume bien cette situation : “Le ministre de l’Économie n’est pas le Chef du gouvernement, ni le Chef de l’État. Les griefs lui reprochés en grande partie passent en Conseil des ministres et obtiennent l’approbation.”

Une idée partagée par le Député national Papy Niango, élu de Bandundu ville dans la province du Kwilu, qui estime que les griefs retenus contre ce ministre relèvent de la compétence de l’ensemble du gouvernement de la République Démocratique du Congo.

Pour lui, s’il y avait quelqu’un à interpeller ça serait le Premier ministre en lieu et place du ministre de l’Économie nationale Jean-Marie Kalumba.

“C’est plutôt une confusion, on engage la responsabilité d’un ministre pour une question qui relevait de la responsabilité de tout le gouvernement. Le membre du gouvernement le mieux placé pour répondre à toutes les questions posées ce n’était pas le ministre de l’Économie nationale, c’était le Premier ministre. Je regrette que des gens ont manqué de l’audace de se comporter en bon citoyen pour engager la responsabilité de tout le gouvernement de la République en interpellant plutôt le Premier ministre”, a déploré Papy Niango.

Et d’ajouter :

“D’où est venue la proposition du marché pour lequel le ministre a fait l’objet de l’humiliation ? Même le Président de la République a donné des instructions à ce ministre. Qui a décaissé l’argent et dans quel contexte ? Mais une commission gouvernementale a été créée pour gérer le dossier, alors il n’y a rien à dire d’historique sinon s’il y a eu vote historique c’est dans le négatif sur le champ de la honte et du déshonneur on a vécu ce qui est arrivé”.

Cet aveu d’échec du Gouvernement Sama Lukonde a été reconnu par le chef de l’État lors de son adresse du 13 décembre dernier sur l’état de la Nation, devant les deux chambres du Parlement réunies en Congrès.


Félix Tshisekedi avait publiquement reconnu que, jusque-là, le social des Congolais “n’est pas reluisant”.

Dans plusieurs réunions de Conseils des ministres, il n’a cessé de manifester sa déception face à beaucoup de projets qui peinent à décoller, notamment “Cent jours”, “Kinshasa Zéro trou”, ” Tshilejelu”, … “La plupart des projets en cours du gouvernement souffrent d’un manque de coordination et d’une faiblesse de pilotage », avait-il regretté.

Malgré tous ces griefs, la culture de la démission n’existe pas. Chaque personnalité continue à rouler carosse, à occuper des grands bureaux climatisés et surtout à parader dans les folklores quotidiens: atelier de remise au point, symposium de mise en application, mission d’itinérance, voyage de prise de contact, etc.

Et pourtant, le député national Eliezer Ntambwe, l’un des tombeurs de JM Kalumba, a prévenu: “Aux autres ministres de tirer des leçons car ils vont suivre. Ceci sera le sort désormais de ceux qui ne respectent pas l’Union Sacrée qui est la vision du chef de l’État forgée dans le terme “Le Peuple D’abord”.

Bishop Mfundu/CONGOPROFOND.NET

 

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