L’ex-conseiller sécurité de Félix Tshisekedi sera resté deux mois dans les locaux de l’ANR sans le moindre mandat d’arrêt pour une suspicion d’atteinte à la sûreté de l’État.

Deux mois jour pour jour ! Le Conseiller spécial sécurité de Félix Tshisekedi a été arrêté à son domicile le 5 février dernier alors que le président Tshisekedi se trouvait au sommet de l’Union africaine où il remettait la présidence de l’institution qu’il avait occupée pendant un an à son successeur le Sénégalais Macky Sall.

L’arrestation de François Beya, surnommé “Fantomas”, a créé une véritable onde de choc à Kinshasa, dans toute la République démocratique du Congo mais aussi dans toute la sous-région tant l’homme aux multiples connexions apparaissait comme un des rares intouchables du nouveau régime.

Ancien des services de sécurité du maréchal Mobutu, formé en partie en Israël, il a connu quelques mois l’exil européen au début de l’ère de Laurent-Désiré Kabila (1997) avant de revenir au pays et de reprendre le cours linéaire d’une carrière sécuritaire au sommet.

Il devient alors directeur de cabinet de l’administrateur général des services de renseignement (ANR).

Au début de ce millénaire, il peut aussi compter sur des liens familiaux pour asseoir sa position. Arthur Z’ahidi Ngoma, son beau-frère par alliance, devient entre 2003 et 2006, l’un des vice-présidents dans le système du “1+4”. François Beya devient son conseiller à la sécurité avant de décrocher le poste de directeur général adjoint de la Direction générale de migration (DGM), poste éminemment stratégique qu’il conservera après la première élection de Joseph Kabila à la tête du pays en 2006 avant de devenir le directeur général de cet organisme, poste qu’il conservera jusqu’au départ du pouvoir du raïs.

De toutes les négociations

Lors de la passation de pouvoir entre Kabila et Tshisekedi en janvier 2019, François Beya se retrouve au centre de toutes les intrigues, il est de toutes les négociations. Son carnet d’adresses fait merveille. Roué, rusé, l’homme a noué au fil des ans d’excellents contacts avec toute la classe politique congolaise. Il parle aussi bien à Félix Tshisekedi qu’à Joseph Kabila, Jean-Pierre Bemba ou Moïse Katumbi.

Au fil des mois et des changements de cap, certaines inimitiés font jour. Les anciens pontes de l’ANR sous Kabila qui ont perdu leur assise lui reprochent de les avoir abandonnés. Certains conseillers de Tshisekedi, surtout dans le premier cercle constitué de cette vague d’amis rentrés de Bruxelles ou Paris voient d’un mauvais œil son omnipotence. Les tensions naissent avec d’autres conseillers du président de la République comme Fortunat Biselele ou Jean-Claude Kabongo.

Sur ses gardes

Depuis l’automne dernier, “Fantomas”, homme éternellement sur ses gardes, fait régulièrement savoir à ses interlocuteurs qu’il ne se sent plus en sécurité. Le 5 février, il est arrêté chez lui par le nouveau patron de l’ANR Jean-Hervé Mbielu Biosha. Il est suspecté d’atteinte à la sûreté de l’État. Des arrestations sont annoncées dans les services de sécurité et parmi les haut gradés de l’armée congolaise.




Finalement, seuls quatre de ses proches collaborateurs seront placés en détention quelques jours plus tard (son directeur de protocole et un de ses assistants, son secrétaire personnel et un garde du corps) et seront, eux, transférés le 4 avril à la prison militaire de Ndolo.

François Beya, lui, a été transféré à la prison centrale de Makala après un séjour de deux mois en toute illégalité dans les bureaux des services de renseignement “sans dossier en bonne et due forme et sans être placé sous mandat d’arrêt”, comme le dénonce dans une lettre ouverte le député Claudel Lubaya qui poursuit : “Ce transfert ne met pas fin aux 60 jours de séquestration et ne dédouane pas non plus ceux qui détiennent François Beya et ses collaborateurs de l’infraction d’arrestation et de détention arbitraires” et le député évoque aussi le non-respect de la Constitution congolaise qui dans son article 18 prévoit notamment que “toute personne arrêtée doit être immédiatement informée des motifs de son arrestation et de toute accusation portée contre elle…”



Cet article limite aussi la durée de la garde à vue à 48h. Certains ont évoqué la sécurité de l’État pour tenter de justifier les “libertés” prises avec la Constitution. Deux mois après son arrestation, aucun de ses arguments ne peut être invoqué pour justifier toutes ces irrégularités. Une fois de plus le régime congolais se moque éperdument de sa Constitution.

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