Après une première audition hier jeudi 28 juillet, l’ex-homme fort du pouvoir de nouveau le mardi 2 août face au procureur général près la Cour de cassation.

Jean-Marc Kabund-A-Kabund, ancien 1er vice-président de l’Assemblée nationale, également ancien président ad intérim de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), principal parti au pouvoir en RD Congo, a été auditionné pendant près de 6 heures hier jeudi 28 juillet, par le procureur général près la Cour de cassation.  De quoi alimenter de l’électrochoc dans les rues de la mégapole rd congolaise.

L’homme au très célèbre moniere blanc immaculé, très identitaire aux Tshisekedistes, a été entendu sur ses propos qualifiés d’outrage au Président de la république, tenus lors de sa conférence de presse le lundi 18 juillet dans la cour de sa somptueuse villa, au quartier Kingambwa dans la commune de Limete.

On rappelle que lors de ce face-à-face avec la presse locale et des correspondants de quelques médias étrangers à Kinshasa, Jean-Marc Kabund n’avait pas eu sa langue en poche. Alors qu’il annonçait la sortie officielle de son parti politique labellisé Alliance pour le changement (A.CH), comme parti de gauche, JMK avait publiquement déclaré son statut de nouvel opposant au régime de Félix Tshisekedi, qui selon lui, n’est qu’un conglomérat de « jouisseurs » n’ayant aucune vision pour le développement du pays.

Depuis, celui que les combattants du parti au pouvoir avaient surnommé « Maitre nageur 6600volts« , s’est attiré le courroux des dignitaires et autres partisans du régime. C’est donc un Jean-Marc Kabund qui est placé sous de puissants projecteurs allumés sans faiblir, au point même de le griller. Sa présence hier à l’office du procureur général près la Cour de cassation, fait suite à une décision du Bureau de l’Assemblée du 25 juillet, autorisant l’ouverture d’une instruction judicaire autour, justement, des propos tenus au cours de sa conférence de presse évoquée ci-dessus.

Il faut rappeler que cette autorisation du Bureau de la Chambre basse du Parlement, avait suscité de diverses réactions des analystes, selon qu’ils affichaient pro ou anti-pouvoir. En tout cas, nombreux ont été ceux qui avaient perçu d’un mauvais œil, cette manière d’agir de l’Assemblée nationale.

« Ce n’est pas le député Jean-Marc Kabund qui a critiqué le pouvoir. Plutôt, un Kabund acteur politique de surcroît opposant, qui a fait son décryptage du régime de Félix Tshisekedi. Partant, toutes ses déclarations faites lors de sa conférence de presse, n’engageaient nullement la Chambre des représentants« , jugeaient des analystes non engagés ayant évoqué la notion de « Statut et rôle« , chère au célèbre sociologue français Jean Stoetzel. 

Cependant, face à toutes ces critiques, le perchoir de l’Assemblée nationale [comme  pour se disculper], avait précisé que sa décision autorisant l’ouverture d’une instruction judiciaire à charge de Jean-Marc Kabund, n’avait rien à voir, ni avec l’autorisation des poursuites ni avec une quelconque procédure de levée des immunités parlementaires.

UN MARDI DE TOUS LES ENJEUX ?

Après sa première audition d’hier, Jean-Marc Kabund devra à nouveau, se présenter le mardi 2 août prochain au bureau du procureur général près la Cour de cassation. « Injures publiques, imputations dommageables, outrages aux autorités publiques, offense au Chef de l’Etat et propagation de faux bruits »…sont donc là, les principaux griefs à charge de l’ancien président a.i de l’UDPS, définitivement exclu du parti en janvier dernier.

Jean-Marc Kabund sera-t-il ou pas,  « mappé » ce mardi pour l’ex-prison centrale de Makala ?

Mise à part la question très sensible et controversée de ses immunités parlementaires mises à mal par le bureau de l’Assemblée nationale en cette période des vacances, « mapper » Kabund n’irait pas sans poser quelques soucis au Pouvoir.

UN CAS DE CONSCIENCE POUR LE REGIME

Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, Jean-Marc Kabund n’est pas n’importe qui. Cela pour deux raisons majeures. Premièrement, pour ce qu’il représente. Peu importe l’opinion que l’on pourrait se faire de lui, on retiendra qu’il a été l’ex-numéro 1 de l’Udps et en même temps, ancien numéro 2 de fait du pouvoir actuel. En tout cas, nombre de ceux qui occupent actuellement des postes de responsabilités dans l’appareil d’Etat pourraient tout lui dénier, sauf ça. Et, en cette double qualité, Jean-Marc Kabund est considéré comme le dépositaire des pans de secrets du pouvoir en place. Comme homme-orchestre de l’UDPS, Kabund a été de toutes les péripéties ayant débouché sur le deal FCC-CACH ou plus particulièrement JKK-UDPS.

Contrairement à nombre d’acteurs politiques [situationnistes] qui se sont convertis en « Tshisekedistes, JMK est donc ce fils maison qui a la maitrise de tout. Sans lyrisme de mauvais aloi, certains vont jusqu’à lui faire porter le brassard de capitaine de l’Union sacrée pour la nation (USN), entendez la nouvelle majorité parlementaire post-coalition FCC-CACH, créée en décembre 2020.

Dan les travées de l’hémicycle, aucun député ne saurait prétendre méconnaitre le rôle, Ô combien principal, joué par Jean-Marc Kabund, dans le basculement de l’ancienne majorité au Parlement. Il ne serait donc pas excessif ici, de le présenter à la fois, comme l’héraut et le héros de ce renversement de la situation qui a fait que le FCC (Front commun pour le Congo), plateforme politique fidèle au président honoraire Joseph Kabila, perde la majorité à l’Assemblée nationale.

Destitué de son poste de premier vice-président de l’Assemblée nationale en mai 2020, à l’issue d’une plénière « électrique » émaillée de bagarre sous la présidente de la PPRD Jeanine Mabunda, Jean Marc-Marc Kabund a été réhabilité par la suite dans ses fonctions, à la faveur du même basculement de la majorité parlementaire. Il s’agit là, d’une autre preuve de son poids politique au sein du régime.

Par ailleurs, du point de vue international, le cas Kabund pourrait être perçu comme une sorte de jauge de l’engagement politique du Président Tshisekedi qui, lors de sa prise officielle de pouvoir en janvier 2019, avait annoncé la fermeture de tous les cachots de l’Agence nationale des renseignements (ANR). Possible que JMK fasse la prison. Alors, il faudrait s’interroger sur ce que pensera l’opinion internationale de l’actuel  pouvoir de Kinshasa. Au cas l’hypothèse de l’emprisonnement se confirmerait, on donnerait alors raison à ceux qui pensent que le régime Tshisekedi serait en train de ressembler à ses devanciers. Dans tous les cas, Kabund reste un cas de conscience pour le régime. Grevisse KABREL

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