Depuis la répression sanglante de la manifestation du 30 août dernier, les interrogations sur les agissements de la garde républicaine se multiplient. En République démocratique du Congo, une semaine après la tuerie d'une cinquantaine de civils par les forces de sécurité congolaises, deux commandants de l'unité spéciale de la garde républicaine se trouvent sur le banc des accusés. 

 Un procès hautement politique, donc, car ce corps de l'armée de Terre se trouve en principe sous la houlette du président de la République. Mais quel est donc son rôle ? Que faisait-elle à Goma et comment fonctionne-t-elle ? Eléments de réponses dans notre interview de la semaine avec l'avocat et défenseur des droits de l'Homme, Jean-Claude Katende. "Quelqu'un de haut placé doit avoir donné l'ordre à l'unité de pouvoir agir" 05:08 Retranscription de l'interview : DW : Maître Jean-Claude Katende, bonjour. Vous êtes le représentant, ici, en RDC, de l'Association Africaine des Droits de l'Homme (ASADHO). Alors pourriez-vous nous dire ce qu'est cette Garde républicaine ?


 Jean-Claude Katende : Il faut rappeler que la garde républicaine a été mise en place entre 2012 et 2013 avec un mandat très clair, c'est-à-dire d'assurer la protection du président de la République, de sa famille ainsi que de ses biens. Mais il est dit aussi dans le décret qui crée la Garde républicaine, que celle-ci pourrait être appelée à assumer d'autres missions par les autorités du pays. Je pense qu'il faut considérer d'abord que la garde républicaine est une unité spéciale de l'armée de la République démocratique du Congo. 

 Juridiquement, la garde républicaine dépend du président de la République. Mais au niveau opérationnel, la garde républicaine a son commandant qui assure le fonctionnement ou le déploiement de toutes les activités de la garde républicaine. DW : Deux de ces hauts-gradés sont aujourd'hui jugés en flagrance devant un tribunal militaire. Mais à votre avis, sont-ils les seuls responsables ?

 Jean-Claude Katende : C'est pour ça que nous, nous avons demandé qu'on mette fin à la précipitation actuelle dont l'auteur est le vice-Premier ministre et ministre de l'Intérieur, qui a fait, avec la Commission dont il était membre, une enquête que nous, nous considérons comme étant une enquête précipitée.
Nous, nous pensons, quand nous regardons les lois de la République démocratique du Congo, que la mission de maintien de l'ordre ou de rétablissement de l'ordre ne relève pas de l'armée ne relève pas non plus de la Garde républicaine. Si la garde républicaine doit pouvoir assumer d'autres missions, comme la loi le dit, que ses missions principales, il doit y avoir quelqu'un de haut placé qui doit avoir donné l'ordre à l'unité dont il est question de pouvoir agir. Et c'est pour ça que nous pensons qu'il est important qu'on identifie quelle est cette autorité supérieure qui a donné l'ordre pour que la garde républicaine assume les missions qui ne sont pas, par nature, les siennes. Si cette autorité, quelque part, n'a pas donné cet ordre, comment la garde républicaine s'était-elle déployée, de là où elle est censée être pour aller vers l'église où les adeptes qui ont été tués étaient en train de prier ? 


Ils ne peuvent pas le faire d'eux mêmes. Et les deux colonels ou les militaires qui ont été arrêtés, nous estimons pour notre part qu'il faut considérer que l'armée, c'est d'abord la discipline. Dire que le président de la République n'était pas au courant que le Premier ministre n'était pas au courant que le ministre de la Défense n'était pas au courant, c'est quand même insuffisant pour justifier ce qui est arrivé, un crime, une violation des droits de l'homme et le carnage de autant de personnes, ça ne pouvait pas être uniquement la décision des deux militaires qu'on a mis en cause. DW : La Garde républicaine a-t-elle déjà fait l'objet de ce type de crimes par le passé ?





 Jean-Claude Katende : Sous le président Kabila, les grandes manifestations pacifiques qui ont été organisées ici à Kinshasa comme dans les autres villes du pays, la garde républicaine était impliquée. Quand le président Tshisekedi a eu le pouvoir, nous avons constaté qu'il y avait quand même une certaine démarcation, dans le sens que les manifestations pacifiques étaient principalement encadrées par la police. 

Mais il y a quand même des faits alarmants qui démontrent que cette démarcation n'a pas été tenue de manière absolue. C'est notamment l'implication de certains éléments de la garde républicaine dans la répression de l'incursion des Bakata Katanga dans la ville de Lubumbashi, où il y a eu aussi un carnage et où les personnes qui ont été arrêtées, les hommes comme les femmes, ont été internés dans une maison, nus. Nous l'avions dénoncé à l'époque.

 Deuxième fait alarmant pour nous, c'est le fait que la Garde républicaine a été impliquée dans des questions tout à fait privées où certains Congolais ont acheté des parcelles de terre en face du mausolée de monsieur Etienne Tshisekedi. Ces personnes ont été délogés de là par la garde républicaine. Et le carnage de Goma constitue un troisième fait important depuis que le président Tshisekedi est au pouvoir où la garde républicaine a agi de manière non respectueuse des droits des citoyens.
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