Le président de la République Démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a atterri ce mercredi matin à Entebbe, en Ouganda, pour un tête-à-tête stratégique avec son homologue ougandais, Yoweri Museveni. Au cœur de cette rencontre au State House d’Entebbe : la situation sécuritaire dans l'Est de la RDC, région tourmentée par la présence de groupes armés qui déstabilisent les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri depuis de nombreuses années.
Selon la Présidence congolaise, cet échange portera en priorité sur les opérations militaires conjointes menées par les Forces armées de la RDC (FARDC) et l'armée ougandaise (UPDF) contre les Forces Démocratiques Alliées (ADF), un groupe affilié à l'État islamique qui terrorise les populations de cette zone depuis des années. Ces opérations, débutées en novembre 2021, visent à neutraliser ces groupes terroristes et à rétablir la paix dans cette région sous état de siège, particulièrement dans la ville de Beni, au Nord-Kivu.
Cependant, cette collaboration militaire est entachée d'une controverse grandissante : des voix s'élèvent, accusant l'armée ougandaise de soutenir discrètement le mouvement rebelle du M23, un groupe armé accusé de violences et de déplacements massifs de populations dans l'Est de la RDC. Ces accusations fragilisent davantage les relations entre les deux pays et jettent un voile d'incertitude sur les intentions réelles de l'Ouganda dans cette coopération militaire.
Une collaboration sous tensions et des accusations de double jeu
Malgré cette accusation, Félix Tshisekedi continue de miser sur une coopération renforcée avec l’Ouganda pour venir à bout des ADF, autrefois implantés en Ouganda, mais aujourd'hui repliés dans la région de l'Ituri et du Nord-Kivu. Il y a deux semaines, Tshisekedi avait d'ailleurs donné des instructions claires pour intensifier la collaboration militaire entre les FARDC et l'UPDF. La réunion de ce jour pourrait donc être décisive pour définir la suite de cette coopération et lever les ambiguïtés sur les intentions ougandaises.
Depuis mai 2024, le général-major Richard Otto, un haut gradé ougandais, dirige les troupes ougandaises engagées en RDC. Il a pris la place du général Dick Olum, suite à une évaluation des opérations menées conjointement par les armées congolaise et ougandaise à Beni et Irumu. Cette transition de commandement vise officiellement à renforcer l'efficacité des actions contre les groupes armés dans cette région.
Une rencontre déterminante pour la paix dans les Grands Lacs
Cette rencontre entre Tshisekedi et Museveni survient dans un contexte de suspicions et de tensions diplomatiques. Les deux chefs d'État s'étaient vus pour la dernière fois en février 2022 au Congo-Brazzaville, lors du sommet quadripartite d'Oyo, en présence de Denis Sassou N’Guesso et Faure Gnassingbé, dans le but de promouvoir la pacification de la région des Grands Lacs.
Alors que la RDC accuse régulièrement l’Ouganda de jouer un double jeu en soutenant le M23, Museveni devra répondre à ces inquiétudes lors de cette rencontre. La stabilité de la région des Grands Lacs en dépend. Le soutien présumé de l’armée ougandaise au M23, s’il est avéré, représente une menace pour la souveraineté de la RDC et pourrait compromettre les efforts de pacification dans cette région.
La crise humanitaire persiste
Au-delà des enjeux diplomatiques et sécuritaires, la population de l’Est de la RDC continue de payer le prix de cette insécurité prolongée. Des milliers de familles sont déplacées, des villages sont détruits, et les violences persistent, aggravées par les intérêts conflictuels des puissances locales et étrangères. Le soutien présumé de l’Ouganda au M23, en dépit de son engagement affiché contre les ADF, amplifie l’inquiétude des Congolais face aux véritables objectifs de ces opérations militaires conjointes.
En fin de journée, les résultats de cette réunion entre Tshisekedi et Museveni seront attendus de près, tant par les autorités congolaises que par la communauté internationale. Un apaisement de la situation dépendra en partie des réponses apportées par l’Ouganda à ces accusations de soutien au M23, et de l’engagement réaffirmé des deux nations pour une paix durable dans la région.
Sangoyacongo.com / Rumeurs de kinshasa