Le gouvernement provincial de Kinshasa, sous l’égide du ministère des Transports et Mobilité urbaine, a officialisé ce mardi 7 janvier 2024 une nouvelle grille tarifaire pour les transports en commun. L’objectif : instaurer l’ordre dans un secteur marqué par une gestion chaotique des prix, souvent dictée par les chauffeurs et receveurs, et mettre fin au phénomène controversé du "demi-terrain".
Des mesures tarifaires claires
L’arrêté fixe des prix pour divers itinéraires dans la ville :
- De Kingasani à Mikonga/Bibwa : 500 FC.
- Marché central à Kingasani ya Suka ou Kimbanseke : 1 500 FC.
- Gare centrale à Victoire : 1 500 FC.
- Centre-ville à Ndjili Sainte Thérèse : 2 500 FC.
Conditions pour faire respecter les tarifs
Afin d'assurer l’application stricte de cette grille tarifaire, plusieurs mesures complémentaires ont été introduites :
- Affichage obligatoire des tarifs à l'intérieur des véhicules.
- Interdiction de la surcharge, limitant les passagers à quatre par taxi.
- Sanctions financières : Amendes de 50 à 100 USD pour les contrevenants.
- Interdiction de pratiques abusives, comme le "demi-terrain" ou l'embarquement dans des coffres.
Une application toujours problématique
Malgré ces efforts, l’application des précédents arrêtés sur les tarifs a toujours été un échec. Plusieurs facteurs entravent leur mise en œuvre :
- Mauvais état des routes : La dégradation avancée des infrastructures, comme la route Kabambare, pousse les chauffeurs à augmenter les tarifs pour compenser.
- Résistance des transporteurs : Les chauffeurs justifient souvent leurs pratiques par la hausse des coûts d’entretien des véhicules, exacerbée par les conditions routières difficiles.
- Faible contrôle : Les autorités peinent à faire respecter les règlements face à l’immense réseau informel de transport à Kinshasa.
Les défis persistants du secteur des transports
Kinshasa, une ville en rapide expansion, fait face à de multiples défis dans le secteur des transports :
- Manque d’infrastructures modernes : Très peu de routes sont praticables, ce qui allonge les trajets et provoque des embouteillages monstres.
- Croissance démographique incontrôlée : La demande dépasse largement l’offre, rendant les déplacements encore plus éprouvants.
- Mécontentement général : Les habitants subissent de plein fouet l’impact des hausses injustifiées de tarifs et des trajets fragmentés imposés par les transporteurs.
Un futur incertain
Alors que le gouvernement provincial intensifie ses efforts pour ramener l’ordre, la question demeure : les chauffeurs et receveurs appliqueront-ils réellement cette nouvelle grille tarifaire ? Le précédent arrêté de mars 2023, largement ignoré, reste une leçon.
Le succès de cette réforme nécessitera une volonté politique accrue, un meilleur contrôle sur le terrain, et surtout des investissements massifs dans les infrastructures routières pour soulager la population kinoise.