La réélection de Donald Trump comme président des États-Unis suscite un mélange d'espoirs et d'appréhensions parmi les dirigeants africains. Sa posture souverainiste, combinée à une approche transactionnelle des relations internationales, séduit certains leaders, notamment ceux qui revendiquent une plus grande autonomie dans leurs politiques économiques et militaires. Cependant, elle soulève aussi des inquiétudes quant à l’impact de son protectionnisme et de son approche bilatérale.
Un discours souverainiste attractif
Donald Trump a bâti son image sur l’admiration des "hommes forts" et la promotion d’une politique étrangère non interventionniste. Cette attitude séduit des dirigeants africains, notamment ceux confrontés à des critiques sur leur gouvernance.
- Au Sahel, où les dirigeants appellent à diversifier les partenariats militaires et économiques, le discours anti-paternalisme américain trouve un écho favorable.
- Certains pays espèrent que la fin du conditionnement des relations au respect des droits de l’homme leur permettra d’accroître leur coopération avec les États-Unis, sans avoir à justifier leur politique intérieure.
Une politique ambivalente
Malgré son attrait, la politique de Donald Trump comporte des ambiguïtés :
- Protectionnisme exacerbé : En décembre 2024, Trump a menacé d'imposer des droits de douane de 100 % aux pays des BRICS s’ils tentaient de s’émanciper du dollar en créant une monnaie alternative.
- Chantage diplomatique : Lors de son premier mandat, il avait conditionné les relations avec certains pays à leur alignement sur les intérêts américains lors des sommets internationaux. Cela inquiète particulièrement les pays africains proches de la Chine et de la Russie, comme l’Afrique du Sud.
Impact économique : croissance ou exclusion ?
Le plan "Project 2025" du think tank Heritage Foundation propose de privilégier la croissance économique au détriment de l’aide au développement en Afrique.
- Cette approche séduit certains dirigeants, comme Paul Kagame, qui voit dans cette politique une opportunité de renforcer les partenariats bilatéraux.
- Cependant, Trump pourrait accentuer sa stratégie protectionniste, en se concentrant sur les ressources stratégiques africaines comme le pétrole et les minerais.
Le cas de l’Agoa
L’Afrique du Sud, l’un des principaux bénéficiaires de l’accord Agoa (qui permet l’exportation sans droits de douane), pourrait être exclue du programme en raison de ses relations étroites avec la Chine et la Russie, et de ses prises de position contre Israël.
- Secteurs concernés : automobile, produits chimiques, agriculture (agrumes, vin).
- Conséquences potentielles : La politique anti-Chine de Trump pourrait avoir un impact indirect sur l’économie sud-africaine, Pékin étant son principal partenaire commercial.
Les enjeux sanitaires
Le financement du programme Pepfar, crucial dans la lutte contre le VIH en Afrique du Sud, pourrait également être affecté, ajoutant une couche supplémentaire d’incertitude pour le pays.
Un avenir sous conditions
Le retour de Donald Trump marque une nouvelle ère dans les relations entre les États-Unis et l’Afrique. Si certains dirigeants espèrent en tirer parti pour renforcer leurs propres agendas souverainistes, d'autres redoutent les conséquences d’une politique du "avec moi ou contre moi". Le continent devra naviguer avec prudence face à cette posture ambivalente.
L’invitation de Cyril Ramaphosa à un match de golf en novembre 2025, lors du sommet du G20, illustre la nécessité pour l’Afrique du Sud de maintenir un équilibre délicat dans ses relations avec Washington.