Le groupe rebelle M23, soutenu par le Rwanda, tire profit des vastes territoires riches et fertiles qu’il a conquis dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) pour financer son effort de guerre. Grâce à l’exploitation des ressources minières, notamment le coltan, et à la taxation des activités économiques, le M23 génère des revenus substantiels, estimés à environ 800 000 dollars par mois, selon les experts de l’ONU.
Une stratégie basée sur le contrôle des ressources
Depuis sa réapparition en 2021, le M23 a étendu son emprise sur plusieurs zones clés du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, dont les chefs-lieux Goma et Bukavu. Dans ces régions, le groupe armé a mis en place une administration parallèle, collectant des taxes sur les activités minières, agricoles et commerciales.
Le joyau de cette exploitation est la mine de Rubaya, la plus grande mine de coltan de la RDC, sous contrôle du M23 depuis avril 2024. Le coltan, minerai essentiel à la fabrication d’équipements électroniques modernes, est une ressource stratégique. Les experts de l’ONU estiment que le M23 prélève une taxe de sept dollars par kilo de coltan, générant ainsi des revenus considérables.
Une administration parallèle
Le M23 a créé une structure administrative dans les zones qu’il contrôle, incluant un « ministère chargé de l’exploitation des minéraux » qui délivre des permis aux creuseurs et aux opérateurs économiques. Cette organisation permet au groupe armé de maximiser ses profits tout en maintenant un semblant d’ordre dans les territoires occupés.
Lors d’une récente visite à Rubaya, Bahati Eraston, le gouverneur du Nord-Kivu nommé par le M23, a lancé une campagne de recrutement pour son « armée révolutionnaire », appelant les jeunes à rejoindre ses rangs. « Mon métier ne me permet plus de subvenir à mes besoins, j’ai donc décidé de rejoindre le M23 pour défendre mon pays », a déclaré Dieu Merci Bahati, un creuseur artisanal.
Une économie de guerre
Outre les mines, le M23 tire profit des axes commerciaux menant à la frontière rwandaise. Selon des sources sécuritaires, le groupe perçoit des taxes de plusieurs milliers de dollars par camion aux postes-frontières de Goma. Cette mainmise sur les routes commerciales renforce sa capacité à financer ses opérations militaires.
Par ailleurs, le M23 a imposé le « salongo », un travail communautaire non rémunéré obligatoire une fois par semaine. Selon Germain Nkinzo, cadre du M23 à Minova, il s’agit d’instaurer une « discipline » et de « changer les mentalités » pour accélérer le développement économique. Cependant, cette pratique est perçue comme une contrainte par de nombreux habitants.
Des accusations contre le Rwanda
Des sources proches du pouvoir congolais accusent le Rwanda de mener une guerre « foncière » dans l’Est de la RDC, exploitant les tensions communautaires pour contrôler les terres agricoles fertiles de la région. Le M23, quant à lui, affirme avoir mis fin aux taxes abusives imposées par les groupes armés pro-Kinshasa, favorisant ainsi un climat propice aux affaires.
« Depuis que le M23 est arrivé, je n’ai jamais été victime d’une attaque », témoigne Grâce Mugisha, un creuseur de Rubaya. Cependant, cette sécurité relative s’accompagne de nouvelles contraintes et d’une administration coercitive.
Une crise humanitaire persistante
Malgré les déclarations du M23 sur le retour de la sécurité, les populations locales continuent de souffrir des conséquences de la guerre. Les déplacements massifs, la destruction des infrastructures et l’exploitation des ressources exacerbent une crise humanitaire déjà critique.
La communauté internationale reste préoccupée par la situation dans l’Est de la RDC, appelant à une solution politique durable pour mettre fin aux violences et restaurer la paix.
Conclusion
Le M23 utilise les richesses des territoires conquis dans l’Est de la RDC pour financer sa guerre, tout en imposant une administration parallèle et des pratiques coercitives. Alors que le groupe armé continue de renforcer son emprise, les populations locales paient un lourd tribut à cette crise.
Dans un contexte de tensions régionales et d’accusations contre le Rwanda, la recherche d’une solution pacifique reste une priorité pour la RDC et la communauté internationale.