Le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda, et son allié politique, l’Alliance Fleuve Congo (AFC), ont intensifié leurs attaques contre les journalistes, les activistes et les détracteurs dans les zones qu’ils contrôlent à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Depuis la prise de Goma en janvier 2025, des menaces, des détentions arbitraires et des exécutions sommaires ont été signalées, créant un climat de peur et de répression.


1. Une répression systématique contre les voix critiques

Selon un rapport de Human Rights Watch, le M23 et l’AFC ont menacé, détenu et attaqué des journalistes, des activistes et des membres de la société civile depuis leur prise de contrôle de Goma et Bukavu. Ces actions visent à étouffer les voix critiques et à empêcher la diffusion d’informations indépendantes sur les abus commis par le groupe armé.

Clémentine de Montjoye, chercheuse senior sur la région des Grands Lacs à Human Rights Watch, a déclaré : « Le M23, soutenu par le Rwanda, harcèle et attaque des activistes, des journalistes et des détracteurs pacifiques dans les zones qu’il contrôle. Le rétablissement d’une certaine normalité à Goma et Bukavu exige que ces personnes puissent travailler sans menaces ni violences. »


2. Des exécutions sommaires et des détentions arbitraires

Plusieurs cas d’exécutions sommaires et de détentions arbitraires ont été documentés. Le 13 février, Delphin Katembo Vinywasiki, un chanteur et activiste connu sous le nom de Delcat Idengo, a été abattu à son domicile par des combattants du M23. Lawrence Kanyuka, porte-parole de l’AFC, a justifié ce meurtre en accusant Delcat Idengo de porter des « insignes militaires », une affirmation contestée par des témoins et des experts médico-légaux.

En février, des combattants du M23 ont également exécuté sommairement Pierre Katema Byamungu, membre du mouvement de jeunesse LUCHA, et quatre autres hommes après les avoir forcés à effectuer du travail non rémunéré. Ces exécutions ont accru les craintes des activistes et des journalistes, qui redoutent d’être pris pour cible en raison de leur travail.


3. Menaces et intimidations contre les médias

Les journalistes opérant dans les zones contrôlées par le M23 font face à des restrictions sévères. Lawrence Kanyuka, porte-parole de l’AFC, exige des journalistes étrangers qu’ils obtiennent une accréditation de presse rwandaise pour accéder à Goma. Des sources ont rapporté que des paiements allant de 600 à 1 000 dollars étaient exigés pour ces accréditations, une pratique qui limite l’accès des médias indépendants.

En outre, plusieurs stations de radio locales ont été contraintes de fermer en raison des combats, des pillages et des menaces directes. Reporters sans frontières a signalé que plus de 25 stations de radio dans le Nord-Kivu ont cessé leurs activités depuis le début de l’offensive du M23.


4. Un appel à la communauté internationale

Human Rights Watch appelle l’Union européenne, ses États membres et d’autres gouvernements à adopter des sanctions ciblées contre le M23 et les hauts fonctionnaires rwandais et congolais responsables d’abus graves. Les États-Unis ont déjà imposé des sanctions financières à James Kabarebe, ancien ministre de la Défense rwandais, et à Lawrence Kanyuka, porte-parole de l’AFC.

L’UE est également encouragée à suspendre son accord sur les minerais avec le Rwanda et à revoir ses accords de coopération militaire et sécuritaire avec Kigali, notamment dans le cadre de la Facilité européenne pour la paix (FEP).


5. Un climat de peur et d’impunité

Les activistes et les journalistes vivent dans un climat de peur constante. Plusieurs ont rapporté avoir reçu des menaces de mort et avoir été contraints de se cacher. « Tous les activistes qui sont venus de Rutshuru sont en danger parce qu’ils sont connus des éléments du M23 », a expliqué un activiste à Human Rights Watch.

Les autorités rwandaises ont également été impliquées dans des détentions arbitraires. En février, un activiste congolais a été arrêté au Rwanda et remis aux services de renseignement militaire du M23 à Goma, où il a été détenu pendant sept jours sans motif légal clair.


Conclusion : Une urgence humanitaire et sécuritaire

La situation dans l’Est de la RDC reste critique, avec des violations systématiques des droits humains et une répression accrue contre les voix critiques. Alors que le M23 continue de renforcer son emprise, la communauté internationale doit intensifier ses efforts pour protéger les civils, soutenir les médias indépendants et garantir que les responsables d’abus rendent des comptes.

Dans un contexte de crise humanitaire et sécuritaire, la protection des journalistes et des activistes est essentielle pour rétablir la confiance et permettre une couverture transparente des événements. Sans une action internationale ferme, les populations de l’Est de la RDC risquent de continuer à souffrir en silence.

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