Alors que l'opposition congolaise intensifie ses appels à la démission du président Félix Tshisekedi, l'évêque Ejiba Yamapia, président de la plateforme des confessions religieuses, a pris sa défense lors d'un entretien exclusif avec ACTUALITE.CD aux États-Unis. Pour le prélat, rendre le chef de l'État seul responsable des crises sécuritaires et économiques du pays revient à "ignorer trois décennies de défis accumulés".
"Une démocratie, c'est respecter le vote du peuple"
L'évêque Yamapia a rappelé la légitimité démocratique de Tshisekedi, élu en décembre 2023 avec 73 % des voix :
"Le peuple congolais a choisi. Les opposants ont le droit de critiquer, mais pas de nier cette réalité constitutionnelle. Remettre en cause ce mandat, c'est remettre en cause la démocratie elle-même."
"Un héritage de 30 ans ne se résout pas en 5 ans"
Rejetant une lecture "simpliste" des crises actuelles, le religieux a insisté sur la profondeur historique des problèmes :
"Comment imputer à un seul homme des conflits armés, une économie fragile et des divisions qui datent des années 1990 ? Le président agit, mais il hérite d’un système à reconstruire pierre par pierre."
Églises et pouvoir : "Notre guide, c'est Dieu, pas la politique"
Face aux accusations de complaisance envers le pouvoir, Yamapia a fermement défendu l'indépendance des Églises :
"Notre position n'est pas un djalelo [louange] au président, mais un appel à la raison. Nous prions pour toutes les autorités, comme la Bible l’enseigne. Cela n'empêche pas les critiques constructives."
L'opposition maintient la pression
Certains leaders politiques, comme Delly Sesanga, rejettent cet argumentaire. Ils pointent :
L'adhésion contestée à la Communauté est-africaine (EAC) , perçue comme un risque pour la souveraineté nationale.
La création d'une réserve armée de défense, jugée coûteuse et inefficace face à l’insécurité.
Quelle suite institutionnelle ?
La Constitution limite Tshisekedi à deux mandats (2028 sera son terme). Mais le débat révèle une fracture plus large :
Pro-Tshisekedi : Soulignent des avancées (gratuité éducative, réformes minières).
Opposition : Dénonce l’aggravation des inégalités et de l’insécurité.
► Le vrai enjeu : Au-delà des querelles politiques, la RDC a-t-elle les moyens d’une transition apaisée en 2028, ou les crispations actuelles annoncent-elles une nouvelle crise post-mandat ?
Ce qu'il faut retenir :
L'Église refuse une diabolisation de Tshisekedi mais ne ferme pas la porte au dialogue.
L'opposition radicalise son discours, exigeant des actes concrets.
La population, prise entre espoirs et désillusions, observe ces débats avec inquiétude.