Le président ougandais Yoweri Museveni, nouveau coordinateur du Mécanisme de suivi de l’accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération dans la région des Grands Lacs, a exprimé sa position ferme sur la crise en République démocratique du Congo (RDC) et dans la région. Lors de sa prise de fonction, succédant au président burundais Évariste Ndayishimiye, il a critiqué la recherche systématique de solutions externes, appelant plutôt à une résolution des conflits par les pays africains eux-mêmes.
Un plaidoyer pour l’autonomie régionale
Museveni a dénoncé ce qu’il qualifie d’« approche extravertie », consistant à solliciter des acteurs étrangers pour régler les crises locales. Selon lui, les problèmes de la RDC remontent à l’époque de Patrice Lumumba, dont l’assassinat a ouvert la voie à des décennies d’instabilité. Il a également évoqué l’ère Mobutu, critiquant l’ancien dirigeant pour avoir fait appel à des armées étrangères plutôt que de chercher des solutions internes.
« Les défis actuels ne seront pas résolus en répétant les erreurs du passé », a-t-il affirmé, en allusion indirecte au président congolais Félix Tshisekedi, qu’il accuse de négliger les dynamiques locales au profit d’interventions extérieures.
Des critiques envers les interférences occidentales
Le dirigeant ougandais a pointé du doigt les puissances occidentales, les accusant d’alimenter les tensions dans la région. « Nous connaissons cette région mieux que quiconque. Ce sont souvent des acteurs extérieurs qui, par imprudence, encouragent les fauteurs de troubles », a-t-il déclaré, appelant à une coopération renforcée entre les pays des Grands Lacs.
En référence aux crises passées, Museveni a rappelé les conséquences des refus de dialogue, citant l’exemple de l’ancien président rwandais Juvénal Habyarimana, dont le rejet des réfugiés tutsis a contribué à son renversement. Il a également reproché à Mobutu de ne pas avoir désarmé les FDLR malgré les demandes des pays voisins.
Quelles perspectives pour la paix ?
Si Museveni plaide pour une approche régionale, ses propos suscitent des interrogations, notamment sur le rôle de l’Ouganda dans les conflits passés en RDC. Son discours, bien qu’insistant sur la souveraineté africaine, pourrait être perçu comme une tentative de justifier une influence accrue des pays voisins dans les affaires congolaises.
Pour l’instant, aucune réaction officielle n’a été émise par Kinshasa. Reste à voir si cette prise de position influencera les dynamiques de paix dans une région minée par des décennies de violences et d’ingérences.