*1978-2013 : 35 ans de carrière musicale. C’est l’expression de la passion musicale d’une chanteuse dont les œuvres fantastiques continuent à toucher la sensibilité des mélomanes dans son pays et partout à travers le continent. 55 ans d’âge, Tshala Muana, de son vrai nom, Elisabeth Muidikayi, a fêté avec beaucoup de dextérité le 35ème anniversaire de sa vie musicale le 31 août 2013, à Kinshasa. Une soirée réussie. Car, Mamu nationale a communié avec un public cosmopolite et select autour de la piscine du GHK. Libanais, congolais, français, belges, chinois et tant d’autres races ont assisté à une belle cérémoniale en l’honneur d’une doyenne de la musique africaine. A sa descente du podium, la Reine de mutwashi, très émotionnée, a accordé une interview à votre Journal, au cours de laquelle elle n’a eu qu’un seul mot : «Merci», adressé à l’assistance avant de retracer l’histoire d’un parcours taillé sur le roc. Que dit-elle de son parcours ? Suivez ses réponses à nos questions.


Comment Tshala Muana, une danseuse, s’est-elle muée en chanteuse ?

Tshala Muana : J’ai tout simplement emboîté les pas aux chanteuses congolaises, à mes aînées dont Abeti Masikini, Mpongo Love et aussi aux stars américaines, Madonna, Whitney Houston. Mon début était vraiment difficile à cause du manque d’un bon encadreur. Je n’avais ni parolier, ni arrangeur, encore moins un producteur ! Je me débrouillais seule. Grâce à mon dynamisme, courage et détermination, et avec l’appui de Dieu, je suis devenue ce que je suis aujourd’hui, ‘‘Mamu Nationale’’. Lorsque j’avais décidé de chanter, ça ne tenait pas. J’avais repris la danse chez Tantine Abeti et Mpongo Love. Comme j’avais toujours l’idée de tenir le micro, j’ai voyagé pour Abidjan, en Côté d’Ivoire. Arrivée là-bas, personne ne me connaissait. Ceux qui voulaient me produire m’ont exigé des preuves. Alors je ne pouvais pas les convaincre par le chant. La danse était la seule arme pour me défendre. Pour se faire vite remarquer auprès du public, je dansais bénévolement dans tous les spectacles organisés à Abidjan. Un sacrifice qui m’a payé par la suite. Un groupe d’interprétation m’a accordé de présenter mon spectacle dit interdit aux cardiaques à la première partie de la soirée. L’assistance n’avait pas besoin de mes chansons. Elle n’avait besoin que de mon spectacle et de la danse Mutwashi que j’exhibais. J’avais du courage exceptionnel et je me produisais sans avoir honte de qui que ce soit. J’emballais le public à chaque prestation. Lentement mais sûrement, le public commençait à venir nombreux et c’était parti. Le producteur ivoirien, François Cognat, m’a sollicité pour que je réalise un album, parce que je suis une artiste de show. C’est lui qui m’a amené pour la toute première fois à Paris où j’ai réalisé un disque géant de 45 tours avec la chanson «AMINA», interprétée en français et arrangée par Souzy Kaseya. Grâce au succès de mon premier tube, j’ai connu un envol terrible sur la scène musicale en Afrique de l’Ouest et, partout, ce disque a été distribué et vendu comme des petits pains.

Après le succès de ladite chanson, j’ai enregistré d’autres tubes tels que «Zaïre », «Tshibola», «Kapinga», «Na si na bali »… C’était ma propulsion et j’ai commencé à livrer des productions en faisant de salles combles dans la partie Ouest du continent. A cette époque, j’étais accompagné d’un groupe ivoirien d’interprétation appelé JET. A Kinshasa, c’est le groupe The Best qui m’accompagnait dans mes concerts. La grande soirée que j’ai présentée à l’hôtel Ivoire est restée gravée dans l’histoire de ce pays. A mon retour d’Abidjan en 1986, mon premier concert à l’hôtel Inter Continental, aujourd’hui Grand hôtel Kinshasa, a connu un monde fou. J’ai tenu le public avec mes numéros du spectacle en présence du défunt journaliste Lukezo Luansi qui présentait la soirée. Les premiers albums que j’ai réalisés avec mon groupe à Kinshasa appelé Dynastie Mutwashi’ s’intitulaient «Malu» suivi de «Tshanza»…

Qu’est-ce que la musique vous a apporté 35 ans durant ?

TM : Beaucoup ! Je suis considérée et respectée dans la société. Je suis une autorité culturelle au pays. Grâce à la musique, j’ai visité presque tous les continents de la planète. Aujourd’hui, mon nom est connu par les mélomanes du monde entier où la musique congolaise est consommée. J’ai bénéficié des honneurs, des trophées des prix, mérites civiques… La musique a fait beaucoup pour moi et j’ai défendu valablement la musique congolaise partout à l’étranger en représentant sans faille la culture du terroir. Ce n’est pas pour rien que les autorités du pays ont accepté de m’accompagner dans la réussite de la célébration des 35 ans de ma carrière musicale. Elles m’honorent et m’encouragent afin de continuer à faire encore mieux pendant le reste de ma carrière. Je viens de loin et je suis proche de ma destination. Je demande à Dieu de m’accorder encore une longue vie, pleine de succès pour la suite de ma carrière, durant le reste de ma vie sur terre.

Quels sont les bons et mauvais souvenirs des 35 ans de votre carrière ?

TM: Vous devez savoir que dans toute chose, il y a toujours les hauts et les bas. Dans le parcours de ma carrière, en tout cas, j’ai taillé mon chemin dans le roc. J’ai connu beaucoup de difficultés et j’ai vécu aussi la gloire de la musique. J’ai été applaudie et accueillie comme l’enfant du pays partout où je me suis produite (Afrique, Europe, Asie et Amérique). Dieu le Tout-puissant a beaucoup contribué à la réussite de ma carrière musicale. L’accident mortel de circulation dont j’ai été victime au Malawi, au cours duquel mes cotes ont été touchées, reste un mauvais souvenir de ma vie d’artiste. Je me rappelle encore qu’il y a eu des morts et des blessés graves. J’ai été internée pendant dix jours à la salle d’urgence d’un hôpital de Malawi avant que je sois transférée à Paris pour des soins appropriés. En tout cas, Jésus-Christ est venu me visiter au Malawi pour que je sois encore en vie.

Quel conseil pouvez-vous prodiguez aux jeunes filles qui désirent faire la musique ?

TM : Qu’elles sachent que la musique est le plus beau métier du monde, mais elle est très difficile pour les êtres féminins. Les jeunes filles doivent être sérieuses, dynamiques, patientes, adaptives, courageuses et fidèles envers leurs encadreurs. Qu’elles ne viennent pas dans la musique pour défier les autres ou faire la prostitution. Qu’elles ne soient pas légères. Car, il y a beaucoup de tentatives d’hommes qui sont comme des loups vis-à-vis des brebis. La montée d’une fille chanteuse dans la musique demande beaucoup de sacrifices. En tout cas en RDC, pour qu’un être féminin réussisse dans la musique, il faut qu’elle soit bien encadrée. Au cas contraire, elle ne fera rien ou elle n’ira pas loin.

Peut-on dire que le comportement de MG 30 vous a découragé dans l’encadrement de jeunes ?

TM: Je continuerai toujours à aider les jeunes et à les propulser. Malgré la déception que je ne cesse d’enregistrer, je prépare déjà à lancer une nouvelle chanteuse. Elle sera bientôt connue du public.

Comment entrevoyez-vous l’avenir de la musique congolaise ?

TM: L’avenir de notre musique est en danger par manque des producteurs. Ces derniers sont fatigués et déçus à cause de la piraterie. La musique congolaise regorge beaucoup des jeunes talents qui souffrent par manque d’encadrement.

Quelles sont les personnes qui ont le plus marquer votre attention tout au long de ces 35 ans de carrière ?

TM : Souzy Kaseya qui était mon arrangeur musical pendant une dizaine d’années et feu Pépé Kallé qui me donnait des chansons à l’époque. Il y a également d’autres personnes, pour leur soutien moral, comme Papa Wemba, Honorable Zacharie Bababaswe, mon Big Manager Claude Mashala et le Chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange. Je remercie infiniment l’honorable Célestin Mbuyu, mon Papa Mbengele et maman Monique Mbengele, Cardoso Muamba. Je n’oublie pas Remy Musungay, Geneviève Inagosi, Bahati Lukebo et Charles Muyej, respectivement ministres de l’Industrie et PME, du Genre, Familles et Enfants et du Travail et Prévoyance sociale ainsi que de l’Intérieur ; papa Musa et Serge Kasanda … pour ne citer que celles-là. Car, la liste n’est pas exhaustive. Merci à vous tous qui avez assisté à la grande soirée de la célébration du 35ème anniversaire de ma carrière musicale au tour de la piscine de GHK.

Que représente Claude Mashala pour vous ?

Tshala Muana : Il est tout pour moi. Il a apporté un plus dans ma vie d’artiste. Très intelligent, il est à la fois mon manager, secrétaire, producteur, conseiller et encadreur. Il m’a apporté la paix du cœur et l’amour véritable. Je ne peux lui donner qu’un grand merci.

Toujours chouette et dynamique sur scène. Quel est votre secret pour maintenir cette carrure ?

Tshala Muana : Etre disciplinée, avoir l’amour du travail bien fait et surtout le sens du professionnalisme et pas de jalousie envers le prochain. Pas des mélanges inutiles de laits de beauté et surtout boire beaucoup du lait en poudre.

Propos retransmis par Jordache Diala    
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