L’archevêque de Kinshasa, Laurent Monsengwo, fait partie du groupe des huit cardinaux chargés par le pape François de réformer le gouvernement de l'Église. Une mission de confiance pour le prélat congolais, qui représente l'Afrique dans cet aréopage.

À Kinshasa comme au Vatican, Laurent Monsengwo n’a pas sa langue dans sa poche. « Il s’est fait remarquer ces dernières années par ses prises de position fortes et courageuses », souligne Antoine-Marie Izoard, un spécialiste des affaires vaticanes.

Fin 2012, le prélat congolais a coprésidé, avec Benoît XVI, le dernier synode des évêques sur la nouvelle évangélisation. Il a ensuite été choisi par l’ancien pontife pour prêcher la retraite pascale devant les membres des dicastères et autres structures du Saint-Siège. Son potentiel n’a pas échappé au nouveau pape. François a ainsi décidé de faire entrer l’archevêque de Kinshasa dans le cercle restreint de ses conseillers. Monsengwo fait partie des huit prélats appelés à siéger au Conseil des cardinaux. Leur mission – qui a commencé début octobre – consistera à « aider le pape dans le gouvernement de l’Église et à étudier un projet de révision » de la curie, dont le fonctionnement est très critiqué. Parmi les dossiers qu’ils auront à traiter figurent l’ouverture du Vatican aux laïques et le rôle des femmes.

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Doctorant en sciences bibliques


Dans ce « G8 » où les conseillers viennent de tous les continents, Monsengwo représente l’Afrique. « Il aura un rôle important à jouer, compte tenu du poids de la chrétienté sur le continent, en cette période de “décatholisation” accélérée dans l’hémisphère nord », estime l’essayiste catholique Patrice de Plunkett.

À 74 ans, Monsengwo franchit là une nouvelle étape de sa riche carrière épiscopale. Une quasi-consécration pour ce papabile qui jouit d’une expérience pastorale et politique inégalée. Après un brillant cursus théologique (il est le premier Africain à obtenir un doctorat en sciences bibliques dès 1970), il est ordonné évêque auxiliaire d’Inongo en 1980, dans l’ouest de la RD Congo. Quatre ans plus tard, il prend les rênes de la Conférence épiscopale du Zaïre (aujourd’hui Cenco). Son aura ne s’arrête pas aux frontières nationales, puisqu’il dirigera pendant plus de cinq ans le Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar.

Très influent


Et lorsque le vent de la démocratie ébranle la dictature de Mobutu, dans les années 1990, les politiques se tournent vers lui pour lui confier la présidence de la Conférence nationale souveraine. Il joue alors les médiateurs entre une opposition radicale et un pouvoir autocratique. « Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, Monsengwo nous a épargné une guerre civile, se souvient le député Christophe Lutundula, qui a côtoyé le prélat lorsque ce dernier dirigeait le Haut Conseil de la République-Parlement de transition. Il aimait dire qu’il avait plus d’un tour dans son sac, trouvant toujours une porte de sortie pour régler les différends. »

Celui qui a été archevêque de Kisangani puis de Kinshasa reste très influent dans la sphère politique congolaise et même au-delà, dans la sous-région (il est, notamment, proche du président Sassou Nguesso). Au grand dam de ses détracteurs, qui estiment qu’un prêtre n’a pas à s’immiscer dans les affaires de l’État. Monsengwo ne l’entend pas de cette oreille. À ses yeux, face à l’échec de la classe politique, l’Église se doit d’être « la garante de la vie et de la survie du peuple ». C’est dans cet esprit qu’il a dénoncé les résultats de la dernière présidentielle, qui ne reflétaient pas, selon lui, la « vérité des urnes ». Il y a gagné quelques ennemis, mais rien ne l’arrête.


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