L’eau potable sera-t-elle bientôt à la portée de tous les Congolais de manière pérenne et en quantité suffisante ? La réponse affirmative à cette question serait bien illusoire, ont constaté à l’unanimité les opérateurs du secteur de l’eau, réunis le samedi 22 mars dernier au Cercle de Kinshasa, à l’occasion de la Journée internationale de l’eau.





Absent aux assises du Cercle de Kinshasa, le ministre congolais en charge des ressources hydrauliques et électricité a toutefois tenu, à travers son représentant, à sensibiliser l’opinion au thème de l’année : ’’L’eau potable pérenne et en quantité suffisante’’. Appelé à gérer un secteur aussi sensible dans un pays riche en cours d’eau, le ministre de tutelle a publiquement reconnu que la desserte en eau potable est encore criante en République démocratique du Congo.
Dans une déclaration lue par son représentant, le ministre en charge des ressources hydrauliques et électricité déplore le fait que 50% des populations rurales consacrent des heures à puiser de l’eau potable dans des zones où les robinets ne sont pas généreux. En souffrent davantage, selon lui, les femmes qui n’ont plus ainsi l’occasion de se consacrer à des activités génératrices des revenus, de même que les enfants qui sont privés de leur scolarité.

LE GOUVERNEMENT APPELE A APURER LES FACTURES DE LA REGIDESO Conscient de ce déficit en eau potable, le ministre congolais a appelé les partenaires internationaux à venir à la rescousse du Gouvernement congolais. Saisissant la balle au bond, le représentant des bailleurs de fonds a reconnu à cet effet que la RDC accuse présentement un grand retard dans le secteur d’eau face aux objectifs du millénaire.
Il a alors formulé un tas de recommandations à l’Exécutif congolais pour non seulement attirer les partenaires internationaux, mais aussi pour capitaliser leurs apports. Parmi ces recommandations, le représentant des bailleurs a suggéré aux gouvernants congolais de stimuler le partenariat public - privé dans ce secteur vital. D’où, sa demande de créer un groupe thématique ’’Eau et assainissement’’ au Congo.
L’intervenant a par ailleurs demandé au Gouvernement congolais d’honorer ses engagements et surtout de veiller au paiement des factures de la Regideso. Sans cela, les efforts de redressement de cette entreprise, amorcés récemment, s’avéreront vains, a martelé le porte-étendard des bailleurs.

LA REGIDESO, UNE ENTREPRISE SOUS PERFUSION
Consultant des institutions de Bretton Woods et Coordonnateur national de la Cellule d’exécution des projets d’eau à la Regideso, Jean-Louis Bongungu Loend’a Namba a profité de l’occasion pour dresser l’état des lieux de cette entreprise publique chargée de la distribution d’eau en RDC.
L’orateur a retracé la genèse de la Regideso, cette société qui a vu le jour en 1930 avec pour entr’autres missions de produire, distribuer et commercialiser l’eau potable en milieu urbain et semi-urbain. Présente dans les onze provinces du pays, cette entreprise congolaise compte 97 centres d’exploitation sur le territoire national, a indiqué Jean-Louis Bongungu.
Si aujourd’hui, le taux d’implantation de la Regideso est de l’ordre de 24% par rapport au nombre d’agglomérations identifiées, les statistiques indiquent qu’en 1990, le taux de desserte en eau potable avait atteint 33% de la population, atteste l’intervenant. "Progressivement, poursuit-il, les efforts entrepris par le Gouvernement, avec l’aide de la communauté Internationale, ont permis d’atteindre, pendant la décennie 90, le taux global de desserte de 43% en RDC, avec un taux de desserte de 68% en milieu urbain".
"Alors que tous les espoirs étaient permis pour réaliser le droit pour tous à l’eau potable, relève Jean-Louis Bongungu, il est à constater fort malheureusement qu’après 1990, le taux de desserte en eau potable a commencé à connaître un net recul, passant de 43% en 1990 à 20% en 2004. Fort heureusement, depuis 2004, grâce aux efforts entrepris par le Gouvernement de la troisième République, avec l’appui de la communauté internationale, la dégradation du taux de desserte a pu être stoppée. Et en 2013, le taux de desserte a remonté pour atteindre une valeur de 29%".

LES RAISONS DE LA CONTREPERFORMANCE
Aux dires de Jean-Louis Bongungu, les raisons de cette contreperformance de la Regideso sont de trois ordres. D’abord, le sous investissement pendant la période de trouble et des conflits de plus de 15 ans à partir de 1990. Il y a ensuite les dommages subis par les infrastructures pendant les conflits. Et enfin, la forte croissance de la population.
"A la suite de ces difficultés exogènes, couplées aux problèmes internes de gestion, note le Coordonnateur national de la Cellule d’exécution des projets d’eau à la Regideso, la Société en charge de la production et de la distribution d’eau, a perdu de son efficacité d’antan et la situation de l’approvisionnement en eau potable en RDC est devenue fort préoccupante".

LE DEFI DU GOUVERNEMENT
"Face à la situation préoccupante de l’état d’approvisionnement en eau potable dans le pays et de la dégradation de la situation de la Regideso, le Gouvernement a pris la juste décision de réformer la Regideso en vue de la rendre viable, performante et capable de rendre des services de meilleure qualité", a signalé Jean-Louis Bongungu.
"L’objectif visé par le Gouvernement, selon le conférencier, est d’atteindre à l’horizon 2016 un taux desserte de l’ordre de 58%, soit le double du taux réalisé en 2013. La réforme de la Regideso, a donc entre autres pour effet, de donner à cette société les moyens nécessaires de lever le défi important d’accroissement du taux de desserte décidé par le Gouvernement de la République".
"Tenant compte de la pertinence et de la sensibilité du secteur, il a été recommandé d’envisager le processus de réforme de la Regideso en deux phases nécessaires, souligne Jean-Louis Bongungu. La première phase, la phase préliminaire de stabilisation et de redressement, a pour objectif : l’amélioration des performances de l’Exploitation et le redressement de l’équilibre financier de la Regideso. La deuxième phase vise la restructuration en profondeur de l’ensemble du secteur de l’eau potable en RDC".
Des études menées dans trois villes du pays (Kinshasa, Lubumbashi, Matadi) ont démontré que, jusque-là, la population n’est pas encore satisfaite de la desserte en eau potable, a fait remarquer Jean-Louis Bongungu. C’est dans cette optique que l’Etat congolais a signé un contrat de performance pour accompagner la Regideso dans ses efforts de restructuration.Yves KALIKAT
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