Le Projet de compétitivité et développement du secteur privé (PCDSP), mis en place en août 2003 sous la gestion du Copirep (Comité de pilotage de la réforme des entreprises du portefeuille de l’Etat), est arrivé à terme lundi 30 juin 2014.





 Trois jours plus tôt, le 27 juin, le Copirep a organisé au Grand Hôtel Kinshasa un atelier de clôture au cours duquel les résultats ont été passés en revue. Pas seulement. Les participants ont également évalué les impacts et formulé des recommandations pour les capitaliser. Notamment l’engagement très fort de l’Etat, qui est le pilote de ces réformes, afin de vaincre certaines résistances, pas toujours institutionnelles mais des personnes… La réforme des entreprises publiques a coûté 202 millions de dollars mais a généré 2 milliards de dollars, glanés et injectés dans l’économie congolaise.

Près de 11 ans après la mise en place du Projet de compétitivité et développement du secteur privé (PCDSP), pour soutenir l’amélioration du climat des affaires et des investissements, ainsi que de la réforme du Portefeuille de l’Etat, le pays semble désormais avancer dans la bonne direction. Le Secrétaire Exécutif du Copirep, Alex N’Kusu Dongala Siya, explique qu’ " en lançant ce programme, la vision était, - et demeure encore aujourd’hui- que la réforme des entreprises publiques libérerait les espaces qu’elles occupaient de manière exclusive du fait des monopoles qu’elles détiennent sur des pans entiers de l’économie pour permettre l’introduction des opérateurs privés, dans un environnement assaini et compétitif."
Le PCDSP, sous la gestion du Copirep, organe technique du Gouvernement, a, selon le ministre du Plan Célestin Vunabandi, très largement aidé la RD Congo à entreprendre des actions pour son développement. Notamment en ce qui concerne le processus de désengagement de l’Etat des entreprises du Portefeuille, la mise sur pied des tribunaux de commerce, la création et le fonctionnement des centres d’arbitrages, la mise sur pied de guichet unique de création d’entreprise, le lancement du processus des réformes du climat des affaires et des investissements, le dialogue secteur public-secteur privé, l’implémentation du droit Ohada comme nouveau droit des affaires sur l’ensemble du pays. Le ministre Vunabandi reconnait que tout ceci n’aura peut-être pas été possible sans l’appui du groupe de la Banque mondiale qui a financé le PCDSP pour plus de 180 millions de dollars. Mais aussi mis à contribution "les conseils avisés de ses experts ".

DES CONTRAINTES
Selon le Secrétaire Exécutif du Copirep, le processus d’amélioration du climat des affaires et de réforme des entreprises publiques " est une œuvre de longue haleine, un dur labeur qui dépasse largement la durée d’un seul projet quand on sait la situation d’où le Gouvernement s’emploie à tirer l’économie congolaise pour amener le pays à l’émergence." Car des contraintes, il y en a eu. La multiplicité des centres de décision et divergence des vues entre les acteurs concernés, la mauvaise perception des missions du Copirep comme organe conseil du Gouvernement en matière de la réforme des entreprises publiques et agence d’exécution d’un projet de la Banque mondiale font partie des embûches que le Copirep a rencontrées dans l’exécution du PCDSP. A cela s’ajoute l’adhésion mitigée de certains décideurs, certains responsables d’entreprises. Comme le dit si bien Alex N’Kusu, " la lumière qui apporte la réforme éblouit souvent certains yeux."

RESISTANCES
Ministre honoraire de l’Industrie (2007-2010), actuellement en charge du Plan dans la province du Bas-Congo, Mboso Kia Mputu a confié que même à l’époque de la Conférence nationale souveraine (CNS), parler réforme amenait à des levers de boucliers. Cela revient à bousculer pas mal d’intérêts, souvent personnels. C’est de ce point de vue justement que l’adoption des quatre lois, qui ont conduit à la réforme des entreprises publiques, est qualifiée de "véritable révolution dans ce pays compte tenu des résistances ".
Le vrai problème, selon Mboso Kia Mputu, au départ, il n’y a pas une vision partagée de réforme des entreprises publiques à différents niveaux : des leaderships, acteurs politiques, mandataires, syndicats et même du personnel des entreprises. Pour l’ancien ministre de l’Industrie, " il y a une divergence d’intérêt en ce qui concerne la perception de la réforme. " Il explique que "le désengagement de l’Etat, l’ouverture du capital au privé, conduit à une perte du pouvoir, à une perte d’intérêt, à une perte d’influence ".
Mboso rappelle que même au niveau du Gouvernement, quand ils avaient discuté de ces quatre lois, " il y avait eu énormément de tiraillement, surtout de la part des ministres sectoriels qui ont perdu la tutelle technique…Des résistances qui sont liées à des intérêts et c’est quelque chose contre lequel nous devons continuer à batailler. Il faut que nous arrivions tous à une même vision ", plaide-t-il. Au Copirep, le Secrétaire Exécutif ne s’explique pas que " nous sommes tous d’accord que ces entreprises ne sont pas performantes, généralement pas bien gérées, des effectifs pléthoriques mais au moment d’appliquer les mesures qu’il faut, pour les amener à devenir compétitives et prospères, les divergences apparaissent… ". On doit à la vérité que grâce au PCDSP, le Copirep a arrêté la dégradation dans les entreprises en restructuration. Selon le Secrétaire Exécutif du Copirep, Alex N’kusu, la réforme des entreprises a coûté 202 millions Usd mais a généré 2 milliards Usd, glanés et injectés dans l’économie congolaise.

REPRENDRE LE PCDSP POUR DEVELOPPER LE SECTEUR PRIVE
A travers la modernisation du cadre juridique et institutionnel régissant les entreprises publiques, le PCDSP a réalisé son premier objectif en démantelant le carcan juridique et institutionnel étaient enfermés les conglomérats publics. Mais le second objectif du PCDSP, celui de promouvoir le secteur privé comme moteur du développement de l’économie congolaise, n’a pas été effleuré. Explication du prof. Ilunga Ilunkamba, qui a piloté le Copirep pendant 10 ans avant d’être nommé Administrateur délégué de la SNCC : " Il était prévu que ce second objectif fasse l’objet d’un deuxièment financement additionnel, qui n’a pas eu lieu pour des raisons de difficulté de dialogue entre le Gouvernement congolais et la Banque Mondiale".
L’ancien patron du Copirep estime essentiel, que le Gouvernement et la Banque Mondiale reprennent le PCDSP, tel que l’avaient conçu le chef de projet d’alors à la Banque Mondiale, Ivan Rossignol et Alex N’Kusu, du temps où ce dernier était conseiller à la présidence. Le PCDSP était conçu autour de la " reforme des entreprises publiques et développement du secteur privé ". En un mot comme en cent, " le PCDSP a financé la reforme des entreprises publiques, mais le développement du secteur privé n’a pas été à l’ordre du jour", affirme le prof Ilunga Ilunkamba. Tous regardent au couple Gouvernement-Banque mondiale pour la suite.
Didier KEBONGO

Le direct
LIENS COMMERCIAUX

[VIDEOS][carouselslide][animated][20]

[Musique][vertical][animated][30]

 
Top