MONDIAL 2014 - Le Brésil croise le fer avec l'Allemagne, mardi en demi-finale de sa Coupe du monde. A Belo Horizonte, la Seleçao sera privée de Neymar, forfait pour le reste de la compétition en raison d'une blessure au dos. Un mal pour un bien ? C'est que veut croire Sonny Anderson, l'attaquant aux 7 sélections avec la Canarinha aujourd'hui consultant pour beIN Sports.






Depuis 2006 et l'équipe entraînée par Dunga, le Brésil est critiqué pour son évolution défensive. Comment analysez-vous le travail réalisé par Luiz Felipe Scolari, le sélectionneur auriverde actuel ?
On peut même remonter à la Coupe du monde 2002 avec Scolari qui jouait avec trois défenseurs centraux. Sauf que devant, il avait Ronaldinho, Rivaldo et Ronaldo. Aujourd'hui, on a des joueurs comme Oscar, Hulk ou Willian capables de créer, mais tout est basé sur Neymar, qui incarne les dribbles, le beau jeu, la fantaisie que l'on trouvait avant dans le football brésilien. Scolari a décidé de s'appuyer sur un groupe avant la Coupe des confédérations 2013. Il a créé un groupe qui n'a que peu bouger et qu'il a fait évoluer comme un club durant un an. Il n'a pas cherché à avoir des joueurs de talent pour faire la différence. Le souci, c'est que certains joueurs ne sont pas dans le même état de forme qu'il y a un an.
Comment expliquer le changement de style de jeu du Brésil ? La majorité des internationaux auraient-ils perdu leur fantaisie en évoluant en Europe ?
Il y a une exigence en Europe qu'il n'y avait pas avant. On peut voir le travail énorme que font Oscar et Willian à Chelsea ou Neymar à Barcelone, qui est limité sur un côté et qui n'a pas la même liberté qu'en équipe nationale. Avant, on ne demandait pas à un joueur brésilien de s'adapter à un système tactique. On lui demandait de rester le joueur qu'il était. Les joueurs qui viennent en Europe aujourd'hui sont fabriqués, éduqués pour défendre et travailler tactiquement sans mettre en valeur les qualités pour lesquelles on les a fait venir.
Est-ce que c'est quelque chose que vous regrettez ?
Oui et Neymar est un exemple flagrant. A Barcelone, il doit respecter un schéma tactique et rester sur le côté, avec des espaces assez réduits pour évoluer, alors qu'on voit qu'il est libre en équipe nationale, comme il l'était au Brésil, et c'est pour cela que le Barça l'a pris. Oscar à Chelsea, c'est la même chose. A son arrivée, on l'a vu marquer des buts de folie. Je peux comprendre qu'on leur demande de rentrer dans un système tactique, de défendre, moins qu'on les prive de faire ce qu'ils sont capables de faire. C'est dommage.
Malgré son manque de panache, est-ce que cette équipe du Brésil vous plaît ?
Elle me plaît dans le sens où c'est une équipe beaucoup plus basée sur le collectif que sur les individualités qu'avant. Il y a toujours eu de grands attaquants, deux, trois joueurs pour lesquels le reste de l'équipe travaillait. Aujourd'hui, c'est basé sur Neymar, mais le collectif travaille beaucoup plus qu'avant. Tactiquement, la Seleçaoessaie d'évoluer, alors qu'avant, c'était toujours le même système de jeu avec des latéraux qui montaient très haut. Depuis 2010, Dunga a installé la mode européenne dans le jeu brésilien. Les Brésiliens se sont européanisés.
Sans Neymar, le Brésil peut-il toujours décrocher sa sixième étoile ?
Je crois qu'on va voir des joueurs se libérer et un collectif beaucoup plus fort. Quand vous avez Neymar dans votre équipe, un joueur capable d'accélérer, de créer les décalages, de faire la différence sur un geste venu d'ailleurs, vous vous reposez sur lui. Aujourd'hui, d'autres joueurs sont obligés d'être performants. Cette équipe est obligée et a tous les moyens de passer car elle va devenir beaucoup plus forte collectivement. Les joueurs qui vont entrer sur le terrain auront la rage de vaincre et ne laisseront pas passer l'opportunité de gagner une Coupe du monde pour Neymar. C'est le point positif : ils vont se transcender pour devenir une équipe collectivement plus forte qu'avant.

Vous pensez donc qu'il y aura un réel impact psychologique lié à la blessure de Neymar...
Neymar va être présent dans le stade et je pense qu'ils vont faire en sorte de gagner la Coupe du monde pour lui. On sait que c'était son rêve, de jouer et de gagner une Coupe du monde au Brésil, où il est l'idole de tout un peuple. Je pense que les joueurs vont tout faire et que l'on verra une autre équipe du Brésil : beaucoup plus engagée, avec beaucoup plus de jeu contre l'Allemagne. Neymar, un joueur exceptionnel qui réalisait une Coupe du monde exceptionnelle, va nous manquer, mais je crois que l'équipe est assez soudée pour gagner la Coupe du monde.

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