Usa-Afrique Dans son point de presse tenu le week-end dernier, Lambert Mende a donné une gifle sèche à l’Américain Russel Feingold à qui il a dit qu’ » il ne lui appartient pas d’interdire la révision de la Constitution en RDC ou d’interdire tout débat sur l’article 220 «





Le torchon brûle désormais entre Kinshasa et Washington, depuis le retour à Kinshasa, de la délégation Rd congolaise, du sommet Usa-Afrique, tenu du 4 au 6 août 2014, à l’initiative du président américain Barack Obama. Ce différend risque de se transformer en conflit diplomatique, si l’on n’y prend garde. Cette rencontre, voulue économique au départ, s’est plus engagée sur la trajectoire politique.

Tout a commencé lundi 4 août courant, lorsque le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, s’est exprimé devant un parterre d’acteurs africains de la société civile, au premier jour du sommet Etats-Unis – Afrique.

Cette haute personnalité américaine a déclaré à haute voix : » Nous presserons les dirigeants africains de ne pas modifier les Constitutions pour leurs bénéfices personnels ou politiques « . De même, Russel Feingold, envoyé spécial du gouvernement américain dans la région des Grands Lacs, a martelé dans le même sens, avec un accent plus sévère.

Ces propos du chef de la diplomatie américaine épousent ceux de la majorité du peuple congolais et traduit le souhait de Washington qui, depuis des mois, s’oppose à toute modification de la Constitution destinée à permettre à un chef d’État de se maintenir au pouvoir.

Une option évoquée dans plusieurs pays africains dont le Burkina Faso, la RDC, le Congo-Brazzaville ou encore le Burundi, alors que se rapprochent les prochaines échéances électorales.

Mende crache sur Russel Feingold

Quelques heures seulement après son retour des Etats-Unis, le porte-parole du gouvernement de la RDC, Lambert Mende Omalanga, a tenu un langage très sévère et peu diplomate à l’endroit de Feingold. Pour lui, ce dernier outrepasse son mandat de suivi de la mise en œuvre de l’accord-cadre régional signé à Addis-Abeba entre les pays membres de la Cirgl pour le rétablissement de la paix dans la région des Grands Lacs.

» Il met le feu aux poudres dans notre pays avec ses plaidoyers en faveur des schémas institutionnels extralégaux, voire illégaux « , a lancé le ministre Mende.

Et de poursuivre : » Ces interférences intempestives dans les questions de politique intérieure relève d’une véritable usurpation de qualité que le gouvernement de la RDC condamne. L’envoyé d’un gouvernement ami dans notre région n’a pas pour vocation de prendre des actes dérogeant aux lois en vigueur comme le fait Feingold qui prétend exiger la convocation de l’élection présidentielle deux ans et demi avant l’expiration du mandat du président en exercice… Il ne lui appartient pas non plus d’interdire la révision de la Constitution qui est bel et bien prévue par la Constitution elle-même, ou d’interdire tout débat sur l’article 220 qui prévoit des exceptions à la règle instituée par l’article 218. «

Dans son mot, Lambert Mende a également égratigné, au passage, l’ancien ministre belge des Affaires étrangères, Karel de Gutch, qui serait » chassé comme un mal propre » au Palais de la Nation pour avoir voulu imposer son point de vue dans la liste des ministrables congolais.

Enfin, l’orateur a appelé les uns et les autres à dépassionner et désidéologiser le débat autour de la Constitution et des élections.Bien d’observateurs se demandent si cette intervention trop osée de Lambert Mende ne risque pas de créer des ennuis, aujourd’hui ou demain, au régime de Kinshasa qui fait déjà face à de sérieuses difficultés sur le plan interne, car le forcing qu’il tente pour 2016 n’est pas soutenu par la majorité des Congolais qui croupissent dans la misère noire.

L’opposition congolaise, dans un meeting organisé le 4 août dernier à Kinshasa, a mobilisé le peuple congolais à la Place Sainte Thérèse N’Djili contre toute révision constitutionnelle de nature à permettre au président fin mandats de s’éterniser au pouvoir.

Il faut rappeler que John Kerry avait déjà rencontré Joseph Kabila, il y a de cela plusieurs mois, à qui il avait demandé directement de respecter la limite de deux mandats imposée par la Loi fondamentale congolaise, dans la perspective des élections de 2016. Le même message avait été rappelé à son homologue burkinabé, Blaise Compaoré.

Par Lefils Matady
Le direct
LIENS COMMERCIAUX

[VIDEOS][carouselslide][animated][20]

[Musique][vertical][animated][30]

 
Top