Course contre la montre aux discussions directes entre les signataires et les non signataires de l’Accord du 18 octobre 2016 sous les bons offices de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO). Visiblement lassé et agacé, Monseigneur Fridolin Ambongo, Archevêque de Mbandaka et Vice-président de la CENCO, a lâché ces propos : « Nous sommes habitués à travailler dans l’ordre et dans la programmation. Nous ne sommes pas des anarchistes. Un calendrier a été établi. Nous terminons le samedi 28 janvier 2017. Qu’il y ait un compromis ou qu’il n’y ait pas un compromis, nous allons tirer les conclusions et nous allons rentrer dans nos activités pastorales…». Aux dernières nouvelles, Félix Tshisekedi, chef de délégation du Rassemblement, a quitté la table des négociations. Ce candidat Premier Ministre a-t-il évité un conflit d’intérêts ? Tout le monde espère que l’Accord de la Saint-Sylvestre salué par une bonne partie de la communauté nationale et internationale, n’était pas un trompe-l’œil. Partage du gâteau La pierre d’achoppement c’est encore et toujours le mode de la présentation du candidat Premier Ministre et aussi la répartition des quarante-six postes ministériels. «Chacun veut avoir la grosse part du gâteau !», a déclaré Fridolin Ambongo. Plusieurs semaines durant, c’était le dialogue des sourds entre les délégués de la Majorité Présidentielle et ceux du Rassemblement ! Les uns exigent cinq noms des personnalités «primaturables» et la prise en compte du poids politique dans le partage des portefeuilles du futur gouvernement, tandis que les autres tiennent mordicus à présenter un seul candidat et exige un partage fifty-fifty (kif-kif) des ministères. Cependant, il y a eu évolution concernant le partage des postes ; à savoir : 18 ministres et 3 vice-ministres pour la mouvance présidentielle ; 13 ministres et 3 vice-ministres pour le Rassemblement ; 8 ministres et 3 vice-ministres pour l’Opposition signataire de l’Accord de la Cité de l’Union Africaine ; 2 ministres et 1 vice-ministre pour l’Opposition Républicaine ; et 2 ministres pour la Société civile. La taille du Gouvernement est donc revue à la hausse. Non intéressé par le débat sur la gouvernance, le Front pour le Respect de la Constitution entend rester dans l’Opposition jusqu’à la tenue des élections en décembre 2017 : la présidentielle couplée au législatives nationales et provinciales. Genèse du Dialogue Faisons un pas en arrière. Après avoir mené des consultations au Palais de la Nation, le Président de la République, Joseph Kabila, avait convoqué le dialogue politique national inclusif, le 28 novembre 2015, par voie d’Ordonnance. Celui-ci n’avait parlé que du processus électoral en panne et de rien d’autre. Dans son allocution, Joseph Kabila avait mis en relief quatre points : le financement des élections ; l’enrôlement des nouveaux majeurs, des Congolais de la diaspora et des déplacés ; la sécurisation des scrutins ; le chronogramme des élections. Du 1er septembre au 18 octobre 2016, des délégués de la Majorité Présidentielle, d’une frange de l’Opposition, de la Société civile et des confessions religieuses s’étaient mis autour de la table sous la facilitation de l’ancien Premier Ministre togolais, Edem Kodjo, et l’accompagnement international de l’ONU, l’UA, l’UE, l’OIF, la SQDC et la CIRGL à la Cité de l’Union Africaine, à Kinshasa. Ces 300 Congolaises et Congolais ont répondu à la problématique électorale posée par le Chef de l’Etat et ils ont programmé le scrutin présidentiel couplé aux législatives nationales et provinciales à fin avril 2018. Aussi, le Gouvernement de large union nationale dirigée par l’opposant Samy Badibanga a-t-il été nommé puis investi par acclamation à l’Assemblée nationale, le 22 décembre 2016. Et Joseph Kabila reste en fonction jusqu’à l’installation effective du Président élu, conformément à l’article 70 alinéa 2 de la Constitution et l’Arrêt de la Cour constitutionnelle. Par souci d’inclusivité, l’Accord de la Cité de l’UA a laissé une ouverture aux non participants en son article 24. D’où, les bons offices de la CENCO à la demande du Président Kabila en vue de ramener au bateau du dialogue national les « brebis égarées » du Rassemblement. Curieusement, le jour de la Saint-Sylvestre a vu le jour un nouvel Accord dont les arrangements particuliers ne semblent pas encore dégager un consensus. Le mode de désignation du futur Chef du Gouvernement sera traité aujourd’hui. « Ôte-toi de là que je m’y mette ! » La loi organique devant régir le Conseil National de Suivi de l’Accord et du processus électoral piloté par Etienne Tshisekedi du Rassemblement et l’investiture de la probable équipe gouvernementale sont loin d’être acquises. Sans nul doute, toutes ces questions seront traitées lors de la prochaine session de mars au Parlement où le Chef du Gouvernement actuel et ses amis élus du peuple dont le Ministre Justin Bitakwira attendent le Rassemblement, et surtout l’UDPS qui avait vomi ses quarante-deux députés nationaux, au tournant. L’équipe Badibanga composée à près de 43% des parlementaires que le Rassemblement made in Genval, qui n’a presque pas des députés, aura beaucoup de mal à faire déboulonner si le Premier Ministre ne démissionne pas de son propre gré. Apparemment, il n’en a pas l’intention. Cette question lancinante revient à l’esprit : et si monsieur Kabila récusait Félix Tshisekedi ? Le blocage est prévisible. Pendant la Deuxième République, le Premier Ministre Nguz-a-Karl-ibond mettait ces propos dans la bouche de son concurrent Etienne Tshisekedi wa Mulumba : « Ôte-toi de là que je m’y mette ! » Et, confortablement assis sur son fauteuil de Chef du Gouvernement, Nguz rétorquait ironiquement : « J’y suis, j’y reste ! » Sera-t-il le cas entre Samy Badibanga et Félix Tshisekedi, tous deux membres de l’UDPS, la fille aînée de l’Opposition congolaise. Par ailleurs, ce même parti politique somme l’actuel Rapporteur de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Jean-Pierre Kalamba, de céder son fauteuil. Une frange de l’Opposition est aussi entrain de pousser le Président de la Centrale électorale, Corneille Nangaa, à la démission. Quelle sera la suite de ces différents feuilletons ? En définitive, la mise en œuvre de l’Accord de la CENCO connaîtra des sérieuses difficultés. Beaucoup d’observateurs avertis que des élections auront lieu au Congo-Kinshasa en décembre 2017. Quant au peuple congolais, il veut des élections libres et démocratiques, des meilleures conditions de vie sociale et la paix. L’atterrissage forcé des discussions directes au Centre Interdiocésain est le cadet de ses soucis et préoccupations.
LIENS COMMERCIAUX

[VIDEOS][carouselslide][animated][20]

[Musique][vertical][animated][30]

 
Top