Ou succès diplomatique africain pour la RDC, c’est du pareil au même dès lors que c’est le succès africain pour l’Afrique qui vient, en définitive, d’être réalisé au dernier sommet de l’organisation continentale tenu du 3 au 4 juillet 2017. S’explique et se comprend à partir de ce moment le titre de Rfi dans sa dépêche annonçant la participation du Chef de l’Etat : "29ème sommet de l’UA : présence remarquée et inhabituelle de Joseph Kabila". Quoi de plus normal que de relever dans cette chronique la partie de sa dépêche de clôture intitulée "Fin du sommet de l’Union africaine : satisfaction pour les uns, doutes pour les autres". Et, principalement, de l’intertitre "Une résolution contre les sanctions unilatérales : la RDC se réjouit". Une interpellation…

Selon la Radio mondiale, "Parmi les chefs d’Etat satisfaits, au contraire, il y a le Congolais Joseph Kabila qui a obtenu de la part de ses homologues africains une résolution qui dénonce les sanctions unilatérales et injustes. Sous-entendu les sanctions individuelles que les Etats-Unis et l’Union européenne viennent infliger à une vingtaine de personnalités du Congo Kinshasa".
Eclairage du Vice-Premier ministre en charge des Affaires étrangères Léonard She Okitundu : "Nous avions soulevé cette question ici auprès de l’Union africaine. Et contre toute attente, notre demande a été accueillie favorablement et la conférence a condamné vertement cette pratique des sanctions et a demandé aux organisations régionales qui les prennent de les retirer. Ça préfigure aussi le débat que nous aurons au sommet de l’Union européenne qui va se tenir en novembre. Donc ce sera une belle tribune pour qu’on remette en question cette pratique unilatérale".
A la question de Rfi de savoir si les sanctions individuelles prises en raison de "graves atteintes" aux droits de l’Homme en RDC n’existent pas de fait, le VPM répond : "Mais ce sont des sanctions qui sont prises tout à fait de manière arbitraire, qui ne sont fondées sur aucune réalité juridique (…) Nous ne nions pas qu’il y ait eu des problèmes, particulièrement au Kasaï. Personne ne le nie. Mais de là à établir des responsabilités sans donner la possibilité aux personnes visées de pouvoir s’expliquer, de pouvoir se défendre, là il y a un problème par rapport à certaines valeurs cardinales en matière de respect de l’Etat de droit et de la démocratie".
Il faut reconnaître que dans ses prestations au cours du sommet, le président en exercice de l’Ua, le guinéen Alpha Condé, est allé tout droit au but en dénonçant les ingérences. "C’est inacceptable que les responsables d’un pays membre de l’ONU et de l’UA soient sanctionnés par des individus européens soi-disant lobbyistes. L’Union africaine dénonce avec la dernière énergie les sanctions unilatérales injustes imposées aux États et aux citoyens des États membres de l’UA", a-t-il déclaré. "Nous n’allons plus accepter qu’on nous donne des ordres. Les Etats africains sont devenus majeurs et capables de trouver des solutions à leurs problèmes", a-t-il averti.
L’unanimité aura été totale étant donné que de leur côté, les membres du Comité exécutif de l’Ua ont abondé dans le même sens. Ils sont rappelé "la nécessité de respecter le principe de non-ingérence dans les affaires internes des États, conformément à la charte des Nations Unies et à l’Acte constitutif de l’Union Africaine".
Cette question de non-ingérence, il n’y a que les Congolais à la voir du mauvais œil pendant que le Conseil de sécurité de l’Onu (nous) le répète dans ses propres résolutions. A preuve, les quatre dernières portant les références 2348 de 2017, 2277 de 2016, 2211et 2198 de 2015. Dans chacune, cet organe réaffirme "son ferme attachement à la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo et de tous les États de la région" et souligne "qu’il importe de respecter pleinement les principes de non-ingérence, de bon voisinage et de coopération régionale".

L’AFRIQUE QUI SE FRAGILISE ET REDOUTE BERLIN II

Contrairement à ce qu’en pensent d’aucuns, le principe de non-ingérence dans les affaires internes d’un Etat n’est pas une caution donnée aux gouvernants d’un pays de brimer sa population par ses gouvernants. Déjà, dans ce monde moderne, on voit mal un régime qui s’installe avec pour seul programme de gouvernement les violations des libertés fondamentales, surtout quand il s’agit d’un Pouvoir issu des urnes.
Dans la plupart des cas sinon dans tous, le régime se retrouve en face d’une Opposition ou d’une Société civile ayant pour seul programme de lutte la création des situations d’affrontement avec les forces gouvernementales, dans l’objectif précis de discréditer à l’international le Pouvoir en place. C’est une lutte payante en tous sens.
La RDCongo est un cas d’école. Au cours, singulièrement, de ces trois dernières décennies, la cohabitation Majorité/Opposition se caractérise toujours par la conflictualité non pas autour des questions politiques, économiques et sociales, mais plutôt des Droits de l’homme. L’Opposition (autoproclamée radicale) et la Société civile alliée savent qu’un principe adopté en la matière engage la responsabilité du Gouvernement dans la gestion de ces droits et dégage la leur même lorsqu’elles les suscitent dans le cadre des manifestations publiques. Les événements du 19 et du 20 septembre 2016 en sont la preuve. "Rassemblement" a réclamé de la Céni la convocation du corps électoral alors que les opérations de refonte du fichier électoral venaient de démarrer une cinquantaine de jours plus tôt. Une revendication non tenable.
Evidemment, lorsque les puissants lobbies extérieurs tirent les ficelles à l’ombre (ils commencent d’ailleurs à opérer à découvert comme le font les fondations Soros), on assiste à un dérèglement des fondamentaux politiques, économiques et sociaux souvent difficilement restaurés.
Aussi, se constate-t-il de Tripoli à Pretoria, de Libreville à Nairobi, que c’est toute l’Afrique qui se fragilise via la question des Droits de l’homme. Et redoute Berlin II...

LE TEMPS DE LA CHICOTTE VERBALE EST REVOLU !

La "rébellion" des Africains n’est donc ni à blâmer, ni à tourner en dérision. L’exemple le plus éloquent, c’est encore Kinshasa qui le donne avec les Résolutions 2277 et 2348.
Rappel des faits : le 30 mars 2016, au cours de sa 7659° séance, le Conseil de sécurité "proroge d’un an le mandat de la Mission de l’ONU en RDC et insiste sur la tenue des élections et du dialogue politique". Ce mandat concerne aussi la partie politique consacrée au Dialogue préconisé pour la tenue des élections. Au point 10, le Conseil souligne "l’importance d’un dialogue véritable pour que les élections présidentielle et législatives soient pacifiques, crédibles et conformes à la Constitution, appuie la décision prise par l’Union africaine d’engager des consultations sur ce dialogue, demande instamment à toutes les parties prenantes nationales de coopérer avec l’Union africaine à cet égard, et prie le Secrétaire général de fournir un appui politique à ces efforts, conformément à la présente résolution, notamment en usant de ses bons offices". L’Onu s’appuie sur l’Ua par principe de subsidiarité.
La Commission de l’Union africaine désigne comme facilitateur le Premier ministre honoraire togolais Edem Kodjo qui se trouve être l’ancien secrétaire général de l’institution continentale à l’époque de l’Oua. Un enfant maison.
A l’ouverture comme à la clôture d’abord des travaux préparatoires à Beatrice Hotel en août, ensuite des travaux proprement dits à la bien-nommée Cité de l’Union africaine en septembre et octobre 2016, les représentants des Nations Unies, de l’Union africaine et de l’Union européenne autant que ceux des pays membres sont là, au grand complet. Ils donnent à ces assises la caution de la communauté internationale.
Certes, la plateforme "Rassemblement" - qui s’est mise à diaboliser l’Ua et Edem Kodjo en leur préférant ouvertement l’Ue, les Etats-Unis et la Belgique - refuse d’y participer, malgré l’insistance de certains diplomates occidentaux. Mais, à l’initiative du Président Joseph Kabila, l’occasion lui est redonnée de rejoindre la dynamique du Dialogue. D’où la médiation Cenco qui aboutira à la signature de l’Accord du 31 décembre 2016.
Et voilà que dans la Résolution 2348 de mars 2017 prenant acte de cet Accord venu liquider quasiment celui du 18 octobre issu du Dialogue facilité par l’Ua, pas le moindre mot de remerciement à l’Afrique. Pas la moindre allusion non plus.
Au contraire, le Conseil de sécurité de l’Onu - qui commence par réaffirmer son fameux "ferme attachement à la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo et de tous les États de la région " et son non moins fameux respect des "principes de non-ingérence, de bon voisinage et de coopération régionale" - se permet, avec la caution de la Cenco et de "Rassemblement", de proclamer un Accord de la Saint Sylvestre comme source de légitimité pour les Institutions de la République ! Or, celles-ci jouissent des dispositions prorogatives prévues dans la Constitution pour qu’il n’y ait pas de vide juridique. Il s’agit des articles 70 (alinéa 2) pour le Président de la République, 103 (alinéa 2) pour le Député national, 105 (alinéa 2) pour le Sénateur et 197 (alinéa 6) pour le Député provincial.
Bref, l’Onu remet en question la Constitution d’un Etat membre souverain !
Que l’Afrique réagisse devant une telle énormité comme elle l’a fait à Genève à l’occasion de la 35ème session du Conseil des Droits de l’homme de l’Onu et à Addis-Abeba à l’occasion de son 29ème sommet, quoi de plus normal. C’est, au demeurant, sa façon à elle d’annoncer à l’Union européenne, en prévision du prochain sommet bipartite de novembre, qu’après le temps de la chicote physique, le temps de la chicote verbale est également révolu.
En toute logique, les forces politiques et sociales africaines agissant sincèrement pour une alternance démocratique adulte devraient s’en réjouir les premières. Car, c’est aussi pour elles que le terrain est en train d’être déblayé.
Hélas !, celles de mon pays, la RDC, fulminent plutôt de colère…
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