La ville de Kinshasa n’est pas le fruit d’une génération spontanée, comme pourrait le faire croire l’anarchie foncière qui la caractérise ces dernières années. Il existe un plan d’urbanisation de la capitale ficelé et exécuté à l’époque coloniale puis actualisée mais mis en veilleuse voici des décennies par les autorités tant urbaines que nationales. Selon ce document que l’on dit disponible dans les archives du ministère de l’Urbanisme et Habitat, l’aménagement de la ville devrait obéir à un schéma alternant bâtiments, espaces verts, routes asphaltées, canalisations, réseaux de desserte en eau et électricité, marchés, supermarchés, centres médicaux, écoles, établissements d’enseignement supérieur, terrains de sports, etc.

Si la banlieue de Kinshasa est laissée à la merci des chefs coutumiers qui vendent des terrains comme des cacahuètes, sans tenir compte de la moindre norme d’urbanisation, les communes urbanisées ne sont pas moins prises d’assaut par des investisseurs immobiliers qui ne respectent plus rien.

Depuis un certain temps, Congolais et expatriés résidant dans la capitale semblent piqués par la mouche des constructions en hauteur. Pourtant, la carte urbaine signale clairement des zones marécageuses à Lingwala, Barumbu, Kinshasa, Kalamu, Ngiri-Ngiri, Limete/Debonhomme, Limete/Marais, ou sablonneuses à Lemba, Mombele, Kingabwa… où les maisons ne devraient pas s’élever en hauteur. Sous la colonisation belge, des communes telles Lemba, Matete, Bandalungwa et des cités comme Kauka, Matonge comportaient des quartiers dotés de mêmes types de maisons, soit toutes basses, soit d’un niveau, et exceptionnellement deux niveaux.

On ne pouvait pas rencontrer, dans les citées résidentielles, un immeuble de quatre ou cinq étages au milieu d’une constellation de maisons basses. Aujourd’hui, les constructions anarchiques ne se comptent plus.

En 2009, un immeuble de quatre niveaux s’était affaissé à Barumbu, causant mort d’hommes et des dégâts matériels importants. Des autorités urbaines et nationales saisies du dossier avaient promis de procéder au contrôle des immeubles à plusieurs niveaux afin de s’assurer si leurs propriétaires s’étaient conformés à la réglementation en matière de lotissement et de construction. Une fois l’émotion passée, le dossier était clos, pour être rouvert le 14 octobre 2013, après l’écroulement de Clody’s Center, un immeuble de six étages, au quartier Basoko, dans la commune de Ngaliema.

Une nouvelle menace de contrôle des immeubles à plusieurs niveaux était brandie, avant que le dossier soit de nouveau clos. Mais, comme la nature est têtue, elle vient de rappeler à tous ceux qui voulaient classer sans suite le dossier de l’immeuble du quartier Basoko qu’il y a réellement péril en la demeure. Cette fois, la menace d’écroulement d’un énième immeuble à Barumbu vient de troubler davantage les esprits. D’aucuns se demandent s’il existe une volonté affirmée de mettre fin à l’anarchie foncière et immobilière à Kinshasa. Pourquoi les propriétaires des immeubles qui s’écroulent comme des châteaux de cartes à Kinshasa ne sont-ils pas déférés devant la justice, jugés publiquement en procédure de flagrance et condamnés lourdement à des peines d’emprisonnement et des dommages-intérêts ? Il s’agit des «Kuluna» en cravate qui ne méritent aucune compassion. Qu’attend-on pour mettre effectivement en branle une commission spéciale chargée de l’identification des immeubles non-conformes aux normes en vue de leur démolition ? Combien de morts faut-il pour remettre de l’ordre dans le secteur foncier et immobilier ?

KIMP
LIENS COMMERCIAUX

[VIDEOS][carouselslide][animated][20]

[Musique][vertical][animated][30]

 
Top