Les populations de Kinshasa ont eu droit à une surprise désagréable réservée par ce groupe d’aventuriers. Il était huit heures presque quart, quand toute l’équipe de l’antenne matinale de la RTNC était de plein pied au service. Tout d’un coup, un groupe d’assaillants non autrement identifiés investit la station de la radio-télévision nationale. Selon des témoignages recoupés, ces infiltrés, habillés en t-shirts blancs, n’arrêtaient pas de prononcer le nom de ‘’Mukungubila’’ à leur arrivée, tout comme dans la suite de leur feuilleton. Objectif ? Passer un message en direct de la télévision ou à la radio nationale. Le calvaire des techniciens, animateurs et journalistes a duré près de trois heures, comme ils l’ont rapporté, eux-mêmes, lors d’une intervention à chaud, après la récupération totale de la situation à la RTNC. Auparavant, le signal a été interrompu à partir du centre d’émission à Binza, racontent-ils.
Au même moment, au camp militaire Tshatshi, des bruits à l’arme lourde se faisaient entendre, du côté de l’Etat-Major des Forces armées de la RD. Congo (Fardc). Même agitation au niveau de l’aéroport international de Kinshasa, fermé à l’avant-midi. La situation est confuse dans la ville. Puis, des éléments des forces loyalistes quadrillent les quatre coins du centre-ville, avant de sévir contre ces inciviques. Pendant ce temps, le transport en commun était en sens unique. Très rare, mais orienté de la ville vers la cité. Personne, chez la population, n’y comprend quelque chose. Jusqu’à ce que Lambert Mende, Ministre des Médias et Porte-parole du Gouvernement, ne vienne avec un communiqué officiel, quatre heures après. « Le Gouvernement appelle les populations à vaquer librement à leurs occupations », a-t-il déclaré sur les antennes de RTNC. Ses mots, tout comme sa présence à la station de télévision nationale dite occupée « pendant près de trois heures par les assaillants », ont laissé passer le message d’un rétablissement de la situation. Tout en portant à la connaissance du public que Kinshasa a connu une attaque terroriste contre ses trois sites stratégiques, le Gouvernement a rassuré quant à la maîtrise de la situation. Il a salué la réaction prompte et sévère, de l’armée nationale qui a réussi à anéantir ces assaillants vraisemblablement ‘’satanés’’.
Par ailleurs, Mende a livré le nombre total de ces assaillants. Ils étaient, dit-il, une trentaine à la RTNC, une vingtaine à l’EMG et, enfin, une vingtaine à l’aéroport international de N’djili. Son bilan provisoire de 34 morts côté assaillants, a été porté, plus tard dans la soirée, à 46 morts, si pas plus. Tous les agents de la RTNC sont sortis indemnes, à l’exception de quelques blessures légères par deux journalistes, Feruzi et Coco. Une technicienne de prise de vue aurait été, elle aussi, égratignée.
Attaque terroriste
Faudra-il croire en une tentative de coup d’Etat ? Non, selon Mende. Le nombre d’assaillants reste minime et ne donne pas lieu à envisager un grand et sérieux plan en ce sens. Toutefois, il pense plutôt à une simple action terroriste visant à semer la panique au sein de la population, à la veille de festivités de fin d’année.
A Lubumbashi
Kinshasa n’a pas été la seule ville à connaître une journée troublée. Des tirs ont été également entendus à Lubumbashi et Kindu.
Apparemment, cela donne l’air d’un rendez-vous manqué. Mais, le mobile reste jusqu’ici, un vrai mystère. A présent, seule une enquête sérieuse à laquelle l’on peut même associer l’expertise de la Monusco ou d’autres volontaires intéressés, peut déterminer les vraies raisons de cette attaque impromptue qui laisse tout de même, l’ombre de Paul-Joseph Mukungubila planer dans les esprits.
La Pros.