La justice soupçonne cet ancien officier de sécurité du dictateur zaïrois Mobutu d'avoir voulu se venger de son épouse qui voulait le quitter. Les victimes, âgées de 2 à 7 ans, vivaient dans l'appartement familial auquel l'homme est accusé d'avoir volontairement mis le feu le 24 juin 2009. Ouverture du procès d'assises de Lombo Mundeke, un ancien militaire zaïrois accusé du décès de ses 4 enfants dans un incendie en 2009 à Nancy. Une vengeance rituelle, selon son épouse.
Victime d'une attaque cérébrale, Lombo Mundeke, l'ex-garde de Mobutu se déplace en fauteuil roulant
L’incendie, le 24 juin 2009 en fin de matinée, avait marqué les esprits, emportant en quelques minutes quatre enfants dans l’immeuble du nord de Nancy. Le procès de cette douloureuse affaire s’est ouvert ce mardi 28 janvier 2014 devant la cour d’assises de Meurthe-et-Moselle. Il s’agira pour les jurés de savoir si le drame a été provoqué par un homme sous le coup du dépit amoureux, au moment précis où son épouse visitait un nouveau logement.
Nancy (Meurthe-et-Moselle), le 24 juin 2009. Le père aurait mis le feu à l’appartement familial, car il ne supportait pas le départ de sa femme
Le père des quatre victimes, Lombo Mundeke, 57 ans, sera jugé pour l’homicide volontaire de Marie-Laure, 2 ans, Daniel, 4 ans, Jonathan, 5 ans, et Josué, 7 ans, ses garçons et sa fille, asphyxiés dans leur chambre.
Lombo Mundeke, retrouvé par les pompiers dans la cuisine de l’appartement familial, au 7e étage de la tour du Hêtre-Pourpre, dans le quartier du Haut-du-Lièvre de Nancy, a été seulement incommodé par les fumées.
Il s’était calfeutré derrière une porte, loin du feu. Peu de temps après le drame, l’hypothèse d’un incendie accidentel est d’abord privilégiée, Lombo Mundeke explique avoir été réveillé alors que les enfants jouaient avec des allumettes, sans que l’ancien militaire de l’ex-Zaïre (actuelle République démocratique du Congo), garde du corps de Mobutu, arrivé en France en 2000, ait le temps de l’éteindre
Mais, rapidement, des soupçons naissent. D’abord car, s’il y avait bien une boîte d’allumettes dans l’appartement, celle-ci était posée sur un meuble haut, hors de portée des enfants. Les experts s’étonneront par ailleurs de retrouver des allumettes consumées en différents endroits de l’appartement. Autre zone d’ombre du dossier, le feu serait parti sur un balcon fermé, à quelques pas de la chambre des enfants : pourquoi alors se seraient-ils réfugiés sous leurs couvertures, si près du brasier?
L’homme est placé en détention en septembre 2010. A l’appui des soupçons des enquêteurs, des versions divergentes du père des quatre victimes, qui cependant peuvent s’expliquer par son état de santé : moins d’un an auparavant, il a été victime d’un infarctus cérébral qui l’avait cloué plusieurs mois dans un fauteuil roulant.
Mais aussi, note Me Virginie Barbosa, avocate de Marguerite Lituka, la mère endeuillée et partie civile, il y a ces témoignages dans la communauté congolaise qui font état d’une coutume consistant, pour l’époux quitté, à venger l’affront en se suicidant et en sacrifiant les enfants par le feu, citant des précédents en Angleterre ou en Belgique. Un témoin a ainsi rapporté que l’accusé aurait menacé son épouse en lui disant : « Si tu me quittes, tu repartiras seule, les mains nues. » Des éléments « très imprécis, sans aucun fondement scientifique », contre Me Annie Levi-Cyferman, l’avocate de Lombo.
Reste sa personnalité. Celle « d’un homme doux, sans agressivité, qui avait accepté la séparation à l’amiable », selon son avocate. Les expertises, note de son côté Me Barbosa, « mettent en avant un récit détaché, sans affection particulière », qui suggère un lien avec son passé de « militaire, garde du corps du président, donc avec un entraînement spécifique… »
Le verdict est attendu en fin de semaine.
Reveil