Cette situation fait suite à la multiplication, depuis quelque temps, des cas de menaces et d’agressions physiques contre des journalistes par des militaires et autres responsables des services de sécurité.
A travers cette correspondance, JED a demandé au gouverneur de province de s’impliquer personnellement pour mettre fin à ces attaques contre les professionnels des médias dans l’exercice de leur métier afin d’éviter que le pire n’arrive aux journalistes prestant dans la province du Nord-Kivu en proie à l’insécurité. Pour JED, ces différents actes d’agressions constituent des graves violations à la liberté de la presse et au droit à l’information garanties par les lois de la République.
« Votre action et engagement à protéger les journalistes dans l'exercice de leur profession sera, sans doute, un signal fort de dissuasion pour tous ceux qui s’en prennent aux journalistes et qui restent impunis », a écrit JED.
JED a révélé que depuis l’érection des constructions au bord du lac Kivu notamment dans les encablures de l’hôtel Linda, tout professionnel des médias qui tente d’effectuer un reportage sur ce site est objet d’agression ou de confiscation de matériel de travail par des hommes en uniformes commis à la sécurité des chantiers érigés à cet endroit.
Selon les informations concordantes parvenues à JED, Rozène Kalafulo, journaliste à Mishapi Voice TV, chaîne émettant à Goma, a été copieusement passée à tabac, lundi 20 janvier 2014, par deux militaires, tandis que James Kisubi et Germain Chikuru, respectivement cameraman et journaliste à la station provinciale de la Radio Télévision Nationale Congolaise et à Emmanuel TV, ont été également tabassés, samedi 18 janvier 2014, par des militaires commis à la sécurité du chantier d’un colonel des Forces Armées de la RD Congo (FARDC). Le 6 janvier, Heritia Alimasi, journaliste à Emmanuel TV a été molesté par un groupe d’élèves agissant sur ordre du préfet de l’Institut Communautaire du Lac.
Après avoir interviewé la population locale qui réagissait contre la construction des maisons au bord du lac Kivu, Rozène Kalafulo s’était mise à filmer lesdits chantiers dans le but d’illustrer son reportage avant d’être prise à partie par deux militaires dont un en tenue militaire et l’autre en tenue civile.
Contactée par JED, Rozène Kalafulo a déclaré que ses agresseurs tenaient à tout prix à confisquer sa caméra. « J’ai énergiquement refusé de donner ma caméra. C’est alors que j’ai été conduite au bureau de l’ANR où ma caméra a été saisie pendant quelques minutes. Mes images ont été partiellement effacées », a-t-elle ajouté.
Quant à James Kisubi et Germain Chikuru, ils ont été repérés par un capitaine de la Garde Républicaine non autrement identifié au moment où ils filmaient les chantiers qui attirent la curiosité des habitants de Goma. James Kisubi a été sommé d’écraser toutes les images.
Face à son refus, le capitaine instruira ses garde du corps de molester le journaliste avant de confisquer sa caméra. Allant à la rescousse de son confrère, le journaliste Germain Chikuru sera lui aussi agressé.
Herita Alimasi a, quant à lui, été agressé dans l’enceinte de l'Institut Communautaire du Lac par un groupe d’élèves en présence de leur préfet des études. Le journaliste s’y était rendu pour réaliser un reportage notamment sur le détournement par le préfet d’une somme de 20.000 dollars américains qui serait à la base de la grève des enseignants.
A ces actes, s’ajoute l’attaque à main armée dont a été victime Tuver Wundi, journaliste à la RTNC/Goma, le 12 janvier vers 1 heure du matin. La résidence du journaliste a été visitée par six hommes armés qui ont cassé l’anti vol de sa cuisine avant de prendre fuite suite aux cris d’alarme du journaliste.
Le direct