Le débat interne autour de la révision ou non de la Constitution s’est davantage éclairci au sein de la Majorité Présidentielle, après le « Conclave » du lundi 25 août 2014 à Kingankati, dans la banlieue Est de Kinshasa, sous la modération du Chef de l’Etat.


Les observateurs ont noté, au-delà des divergences de vues entre les camps des «pro» et « anti » révisionnistes, qu’une «troisième voie » s’est invitée à la table des discussions. Il s’agit de celle préconisant la rédaction d’une nouvelle Constitution.

On a appris, à ce sujet, qu’un groupe de travail devrait incessamment se mettre en place en vue de réfléchir sur le nouveau texte constitutionnel, totalement différent de celui actuellement en vigueur, que l’on dit découler de la volonté politique des « Composantes » et « Entités » signataires de l’Accord Global et Inclusif ayant sanctionné, en décembre 2002 à Sun City, la fin du Dialogue Intercongolais.
Dans l’entendement des « Faucons » de la Majorité Présidentielle, le projet d’organisation d’un référendum populaire, qui fait couler tant d’encre et de salive, viserait non pas le plébiscite, par l’électorat national, des amendements à apporter à La Constitution adoptée en décembre 2005 par voie référendaire, mais plutôt d’une nouvelle loi fondamentale. La conséquence logique de pareille initiative serait la liquidation pure et simple de la « Troisième République », née le 18 février 2006, et l’avènement de la 4me République.
Dans ce cas, les compteurs seraient remis à zéro. Concrètement, on va «effacer le tableau », selon une expression bien connue de chez nous, c’est-à-dire ne plus tenir compte des mandats déjà exercés par Joseph Kabila, lancer une nouvelle transition à conduire par un « Gouvernement de large union nationale », à l’issue de laquelle seraient organisées de nouvelles élections législatives et présidentielle, comme c’était le cas au retour de Sun City.

4me République : nouvelle aventure?

En entendant parler de l’avènement de la 4me République, nombre de Congolais s’interrogent sur l’état d’avancement de la démocratie en RDCongo. L’on craint en effet que les architectes de la nouvelle loi fondamentale du pays ne consacrent le retour de l’Etat-nation vers un Etat de non droit, où les détenteurs du pouvoir auraient tout à dire, et le souverain primaire rien à dire. L’on se demande s’il ne s’agit pas, pour le peuple congolais, d’une nouvelle aventure politique, à l’image de delle de la Deuxième République de Mobutu, caractérisée par l’enchaînement du nombre illimité des mandats du Chef de l’Etat, la confiscation des libertés individuelles, le monopartisme, la primauté du MPR/Parti-Etat sur toutes les institutions de la République, l’érection du Président-Fondateur du Mouvement Populaire de la Révolution au statut de Chef de l’Etat de fait et de droit, l’inviolabilité de la personne du « Père de la Nation », du «Timonier national », du « Guide éclairé », du « Sauveur de la patrie », du « Rassembleur », du « Pacificateur », de « l’Unificateur», etc.
L’on se désole à l’idée que la 4me République ne soit une pâle copie de la Deuxième République, où la « parole du Président- Fondateur prononcée en pt.lic avait force de loi » et où des dignitaires du régime avaient le droit de vie et de mort sur leurs compatriotes d’en-bas. En lisant les signes du temps, l’on se demande si à l’allure où la RDC est en train de changer de constitution, on ne risque pas de déboucher sur une fréquence d’une République par année.

Interdiction de parole aux «anti-révisionnistes»

L’une des questions qui intriguent certaines forces politiques et sociales du pays est de savoir si les « pro-révisionnistes », qui s’expriment avec beaucoup de liberté et volupté en privé comme en public vont accepter le débat contradictoire avec les « anti ».
Si l’on s’en tient à ce qui est arrivé au député national Jean-Bertrand Ewanga de l’UNC (Union pour la Nation Congolaise), après le meeting de l’Opposition le 04 août 2014 à la Place Sainte Thérèse, dans la commune de N’Djili, et à d’autres fâcheux précédents, notamment les arrestations et condamnations des députés nationaux Muhindo du MSR (Mouvement Social pour la République) et Eugène Diomi Ndongala, pour avoir émis des critiquez acerbes sur des questions politiques d’intérêt national, sans oublier celle d’un cadre de l’UDPS à Mbuji Mayi, cueilli au sortir d’un studio de télévision après avoir participé à un débat politique, l’on peut être sûr que les anti-révisionnistes s’exposeraient à des pires ennuis dans les mois et semaines à venir.
Pourtant, le jeu démocratique voudrait que tous les fils et toutes les filles du pays disent ce qu’ils pensent de la démarche de la Majorité au pouvoir. Quant au référendum proprement dit, l’annonce récente, par la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante), de la révocation de près d’une centaine de ses agents reconnus coupables de trafic illicite des cartes d’électeur, il n’offre aucune garantie de transparence. Dans ces conditions, il est difficile d’attendre des urnes la vraie réponse du souverain primaire à la révision constitutionnelle et à la disqualification de la Troisième République.

Regard sur l’histoire

On pourrait alors retenir, au plan historique, que la 1ère République avait vécu du 30juin 1960 au 24 novembre 1965 avec Joseph Kasa-Vubu à la magistrature suprême du pays, et la seconde du 24 novembre 1965 au 24 avril 1990, avec le maréchal Mobutu Sese Seko aux affaires. Après une longue parenthèse marquée par une Transition qui paraissait interminable (24 avril 1990- 17mai1997) sous la conduite du même Mobutu, et deux « Républiques » sans étiquette dirigées par Laurent Désiré Kabila (17 mai 1997- 16 janvier 2001) et Joseph Kabila (janvier 2001-juin 2003) et une seconde Transition (30 juin 2003- 06 décembre 2006), la Troisième République voyait le jour avec la prestation de serment de Joseph Kabila, le 06 décembre 2006, comme Président élu au suffrage universel direct. Réélu en novembre 2011, il a entamé un second mandat le 20 décembre 2011, toujours sous le label de la Troisième République. Au regard de la nouvelle option de l’aile dure de la Majorité Présidentielle de doter le pays d’une nouvelle Constitution, les jours de la Troisième République sont désormais comptés.



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