*Ce n’est pas un leurre. Les Evêques catholiques sont déterminés à s’opposer, particulièrement, à la révision de l’article 220 de la Constitution. 


Depuis Rome où ils étaient en Fête de l’Exaltation de la Croix glorieuse, le 14 septembre, les Prélats de la Conférence Episcopale Nationale du Congo ont pris la décision de se retirer du Comité d’Intégrité et de Médiation Electorale. Sur le plan pratique, les Evêques ont instruit tous les curés et catéchistes de lire, à l’intention des fidèles, le message «Protégeons notre Nation». Ils ont, en outre, lancé une vaste campagne de sensibilisation des chrétiens dans les CEV, les Mouvements d’Action catholique et les groupes à charisme propre, pour qu’ils s’engagent à protéger la Nation.

Ça se corse davantage. C’est le commentaire qu’a pu faire, à chaud, un analyste politique à la lecture de la lettre des Evêques. Une lettre écrite dans un français accessible à tous, contrairement aux précédentes déclarations de la CENCO essentiellement destinées à l’attention des élites. L’enjeu est de taille, lit-on. L’avenir heureux de la RD Congo, selon les Evêques, réside dans le respect de la Constitution, la Loi fondamentale et le socle de la jeune démocratie. C’est l’article 220 de la Constitution qui pose les bases de la stabilité du pays et de l’équilibre des pouvoirs dans les Institutions. Les catholiques sont convaincus que si l’on modifie le 220, le pays va faire marche arrière.

Appel à l’amour

Il n’y a pas à tergiverser. Pour les Evêques, désormais, tous les citoyens et les hommes politiques qui aiment le Congo sont dans le camp de ceux qui s’opposent à la révision de la Constitution. La CENCO, dans son argumentaire, n’ignore pas que toute Constitution est modifiable. Elle soutient, cependant, que l’article 220 a été verrouillé par le Constituant, lui-même, justement pour échapper à cette modification. Ceux qui aiment le Congo, autant que les Evêques, s’abstiendront d’engager le pays dans une voie sans issue.

Bénédictions

Le Pape François, découvre-t-on dans le document de la CENCO, n’est pas resté insensible aux problèmes du Congo. Il a eu plusieurs rencontres avec les Evêques congolais. Ensemble, ils ont partagé les joies et les espoirs, les peines et les souffrances du peuple congolais. Le Pape François, pour sa part, s’est engagé à prier pour le Congo, son peuple et ses dirigeants.

Pas tard

Il n’est jamais trop tard, pour mieux faire, dit un petit adage. Tous les appels, s’il faut rappeler le scepticisme de Kengo mais, surtout, l’absence d’un tel projet portant notamment, révision de l’article 220, sur la table de Minaku, convergent vers l’idée de ne rien entreprendre dans le sens de la contrefaçon de toutes les dispositions intangibles de la Constitution du 18 février 2006, telle que promulguée et modifiée jusqu’à ce jour.

La Pros.


LETTRE DES EVEQUES DE LA CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO AUX FIDELES CATHOLIQUES ET AUX HOMMES ET FEMMES DE BONNE VOLONTE DE LA RD CONGO





1. Réunis à Rome à l’occasion de notre visite ad limina Apostolorum, Nous, Cardinal, Archevêques et Evêques, membres de la Conférence Episcopale Nationale du Congo, saisissons cette occasion pour adresser aux fidèles catholiques, aux hommes et femmes de bonne volonté de notre pays, nos salutations chaleureuses et cordiales dans le Christ Notre Seigneur.

2. De la Ville éternelle, nous avons fait monter vers le Seigneur une fervente prière pour qu’il bénisse notre Peuple, qu’il lui montre un visage bienveillant et plein de grâce et qu’il lui accorde la paix ! (cf. Nb 6, 24-26).

3. Lors de nos rencontres avec le Saint-Père, le Pape François, nous avons partagé avec lui les joies et les espoirs, les peines et les souffrances du peuple de Dieu confié à notre sollicitude pastorale. Le Saint-Père nous a assurés de ses prières pour notre pays, ses dirigeants et son peuple. En outre, Il nous a réconfortés dans notre ministère pastoral à être « des hommes d’espérance pour notre peuple » et à apporter notre contribution »pour l’avenir heureux de notre nation.

4. Aux tombeaux des Apôtres, Pierre et Paul, qui ont témoigné du Christ jusqu’au martyre, nous avons renouvelé notre engagement d’être les témoins de la foi qu’ils nous ont transmise. Nous avons également confié au Seigneur l’avenir de notre pays.

5. Pour nous, l’avenir heureux de la RD Congo réside incontestablement dans le respect de la Constitution, Loi fondamentale et socle de notre jeune démocratie. C’est pourquoi, nous réitérons notre message du mois de juin dernier sur notre position, qui n’est plus un secret pour personne, concernant la révision constitutionnelle. Nous réaffirmons ainsi notre opposition à toute modification de l’article 220, article verrouillé de notre constitution qui stipule que :« La forme républicaine de l’Etat, le principe du suffrage universel, la forme représentative du Gouvernement, le nombre et la durée des mandats du Président de la République, l’indépendance du pouvoir judiciaire, le pluralisme politique et syndical ne peuvent faire l’objet d’aucune révision constitutionnelle ».

6. En affirmant cela, la CENCO n’ignore pas que toute constitution est modifiable, mais elle rappelle que l’Article 220 a été verrouillé par le Constituant lui-même, justement pour échapper à cette modification. Cet article pose les bases de la stabilité du pays et l’équilibre des pouvoirs dans les Institutions. Le modifier serait faire marche en arrière sur le chemin de la construction de notre démocratie et compromettre gravement l’avenir harmonieux de la Nation. Après toutes les guerres et tribulations connues en RD Congo, nous sommes persuadés que les citoyens et les hommes politiques qui aiment vraiment ce pays autant que nous tous, éviteront d’engager la Nation dans une voie sans issue.

8. Au regard de cet enjeu de taille, la CENCO demande à tous les curés et catéchistes de lire à l’intention des fidèles, son message « Protégeons notre Nation » et de sensibiliser les chrétiens dans les CEV, les Mouvements d’Action catholique, et les groupes à charisme propre, pour qu’ils s’engagent à protéger la Nation contre toute tentative de modification de l’article 220. On organisera également dans toutes les paroisses, communautés sacerdotales et religieuses, un Triduum de prière, (du 17 au 19 octobre, Journée de la Mission universelle), pour que le Seigneur protège notre pays et son peuple.

9. En lien avec ces directives et sans rien récuser de notre collaboration avec nos frères d’autres Confessions religieuses, nous suspendons notre participation au Comité d’Intégrité et de Médiation électorale (CIME). Toutefois, nous restons en communion de prière avec eux.et par notre Commission « Justice et Paix », nous apporterons notre contribution pour la réussite du processus électoral dans le respect de la Constitution.

10. Qu’en cette année du cinquantième anniversaire du martyre.de la Bienheureuse Marie Clémentine Anuarite Nengapeta, Fille de notre peuple qui a témoigné courageusement du Christ, confiants en l’amour maternel de la Vierge Marie, Notre-Dame du Congo et Reine de l’espérance, de nombreux fils et filles de notre peuple se mobilisent pour protéger la Nation.

11. De Rome, en communion avec le Saint Père et vous tous nos frères et sœurs, nous confions l’avenir de notre pays au Christ, qui par sa croix glorieuse, a sauvé toute l’humanité

Donnée à Rome, le 14 septembre 2014

En la Fête de l’Exaltation de la Croix glorieuse

Le direct
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