Président du parti SCODE (Solidarité Congolaise pour la Démocratie et le Développement), l’ancien bâtonnier du barreau de Lubumbashi accuse les "services" d’avoir mis certaines personnalités de l’opposition sur écoute. Pour lui, il s’agit ni plus ni moins que d’un acte de banditisme.

Dans un message posté jeudi 1er janvier 2015 sur son compte Twitter, JC Muyambo Kyassa rapporte qu’il a téléphoné à Vital Kamerhe, jeudi, à 16h41, heure de Lubumbashi, pour lui présenter ses vœux de nouvel an. Après leur entretien, il a contacté, à 16h48, un autre correspondant. A sa grande surprise, il a entendu au bout de fil la voix du président de l’UNC (Union pour la Nation Congolaise). Celui-ci conversait avec une tierce personne. "A 16h49, j’ai rappelé Kamerhe pour l’informer que j’ai suivi ce qu’il disait à son interlocuteur".
Contacté par l’auteur de ces lignes, Muyambo n’a pas trouvé des mots assez durs pour fustiger des "méthodes archaïques" peu dignes d’un Etat qui se dit démocratique. Des méthodes rétrogrades - c’est nous qui le soulignons - que les Zaïrois d’alors avaient bruyamment honnies lors des travaux de la Conférence nationale souveraine.

Natif du Katanga, ancien membre de la "Majorité présidentielle", "Jean-Claude" a créé l’événement le 30 août dernier en clamant haut et fort l’opposition de sa formation politique à toute idée de révision constitutionnelle. «Il n’a jamais été question dans nos engagements que le président Kabila brigue un troisième mandat, justifiait-il. En 2016, il faut qu’il y ait l’alternance démocratique». Le 15 novembre, il a fini par claquer la porte de la mouvance kabiliste. L’heure est manifestement aux représailles. La suspension des émissions de la télévision privée "Radio Télévision Lubumbashi JUA" en témoigne.

Police politique

Créée en 1997 au lendemain de la "libération" du 17 mai 1997, l’ANR (Agence nationale de renseignements) et les autres "services" n’ont pas encore intégré la "mutation institutionnelle" intervenue le 18 février 2006 avec la promulgation de la Constitution en vigueur. Une Constitution qui proclame notamment que "le pluralisme politique est reconnu en République démocratique du Congo" (article 6). Et que "les partis politiques concourent à l’expression du suffrage (...)". Les membres de l’opposition continuent à être traqués et intimidés, tels des "agents subversifs".

L’indignation exprimée par JC Muyambo Kyassa est loin d’être injustifiée lorsqu’il dénonce les "méthodes archaïques" en vigueur dans ces "officines à barbouzes". Toutes les forces de sécurité - services de renseignements civils et militaires compris - continuent à relever de la Présidence de la République comme à l’époque du parti-Etat. Elles échappent ainsi à tout "contrôle démocratique" comme semble l’imposer l’article 91-3 de la loi fondamentale : "Le gouvernement dispose de l’administration publique, des Forces armées, de la Police nationale et des services de sécurité". En clair, "Joseph Kabila" détient un pouvoir exorbitant sur les droits et libertés sans rendre compte à la représentation nationale.

Au Congo démocratique, les "services" continuent à fonctionner comme une police politique voire une milice du parti dominant, le PPRD. Les écoutes téléphoniques (Vodacom, Airtel, Orange, Tigo, Africel… ) se pratiquent comme à l’époque de la IIème République. Les opérateurs téléphoniques sont tenus de "collaborer" en fournissant des enregistrements des conversations des paisibles citoyens ou en laissant pratiquer des écoutes. Pire, les opérateurs téléphoniques ont été sommés d’identifier systématiquement les titulaires de tous les numéros opérant sur le sol congolais. Dans cette logique, toute «carte Sim» dont l’utilisateur n’est pas connu doit être désactivée au bout d’un certain délai. "Ce sont des bandits", s’est écrié Muyambo.



Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant 2003-2015

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