La marche-arrière est politiquement interdite à la Majorité Présidentielle, après le désaveu des animateurs des institutions de la République par le souverain primaire lors des journées folles du 19 au 23 janvier 2015. A moins de vouloir faire une mauvaise lecture des signes du temps, le peuple a déjà tourné la page de la législature de 2011 à 2016. Comme cela arrive souvent lorsque s’annonce une fin de règne, c’est à Joseph Kabila, Président de la République, qu’il appartient d’assumer d’abord l’actif et le passif de ses deux mandats légaux (2006-2011 et 2011-2016) à la tête du pays, plus le hors-d’oeuvre de 2001 à 2006.

Les dernières manifestations populaires qui ont secoué Kinshasa et plusieurs villes des provinces du pays ont pratiquement consacré la retraite politique anticipée du Chef de l’Etat, en attendant le délai butoir du 19 décembre 2016, plus que jamais présent dans les esprits de l’écrasante majorité des Congolais. Les inconditionnels du Raïs devraient avoir le courage de lui faire comprendre que le message de la rue était sans équivoque au sujet de l’expiration de son quota constitutionnel de mandat.
Au niveau où se trouvent les revendications des Congolais d’en-bas, il serait risqué pour la famille politique du Chef de l’Etat de tenter une nouvelle violation de la Constitution ou de la Loi électorale ou une prolongation du second mandat présidentiel. S’il est établi qu’elle n’a pas l’intention de rechercher un choc frontal avec les masses populaires, l’heure devrait alors être à l’organisation d’un véritable débat interne autour de la succession de l’« Autorité morale ».

Jusque-là, on le sait, il n’a jamais été aisé pour les alliés politiques du Chef de l’Etat de poser ou même d’effleurer le problème de sa succession. Le sujet reste toujours tabou, en dépit de sa clarification par « la rue » d’abord et le Parlement ensuite, finalement libéré des contraintes de l’alinéa 3 de l’article 8 de la Loi électorale. Il va falloir démocratiser réellement le débat interne et arrêter la politique de diabolisation de quiconque tente de réfléchir dans le sens de la recherche d’une alternative pour la conservation du pouvoir, par des voies démocratiques, avec un leader autre que le Président de la République actuellement en fonctions.
Le fait d’avoir poussé certains à la démission et d’autres à la clandestinité n’a pas occulté le problème de fond, celui de l’impératif pour la Majorité Présidentielle d’engager les prochaines compétitions électorale dans la perspective de l’après-Kabila.

Pourquoi pas des « Primaires » ?

La difficulté majeure, au sein de la famille politique du Chef de l’Etat, est que celui-ci ne s’est pas encore choisi formellement un dauphin. S’il l’avait fait dès l’entame de son second et dernier mandat à la tête du pays, cela aurait eu le mérite de fixer les esprits et de tordre le cou à la cachoterie dans la gestion des ambitions politiques. Si les « faucons » n’avaient pas fait du referendum, de la révision de la Constitution ou de la Loi électorale des recettes magiques pour la prolongation du mandat présidentiel, l’espace politique se serait peut-être déjà clarifié au sein de la Majorité Présidentielle.

Compte tenu de la dure réalité de l’heure fondée sur le refus du souverain primaire de se faire voler les acquis politiques des journées du 19, 20, 21, 22 et 23 janvier 2015, il serait temps que les vrais « animaux politiques » et les technocrates de la MP imaginent un mécanisme de renouvellement de leur leadership. Certains observateurs suggèrent l’organisation des « primaires », comme cela se passe dans les démocraties occidentales, en vue de permettre aux candidats à la candidature de la future « Autorité morale » de la Majorité Présidentielle de se manifester.
Ce serait déjà une avancée si cette plate-forme politique pouvait avoir le courage de laisser ses cadres affronter l’électorat interne pour la compétition à la succession démocratique de Joseph Kabila. Concrètement, les différents prétendants pourraient égrener, devant leurs propres cadres et militants, leurs programmes d’qction personnels en rapport avec la gouvernance du pays. Au finish, le « vainqueur » des « primaires » pourraient recevoir l’investiture du parti pour se mettre en ordre de bataille pour la présidentielle, contre un ou plusieurs candidats de l’Opposition. Une fois sa candidature endossée, son projet de société pourrait être enrichi en interne et servir de programme de campagne.

Au regard des compétences et intelligences qui se recrutent, reconnaissons-le, au sein de la Majorité présidentielle, il n’est pas interdit à cette dernière de rêver, à l’image des partis tels que le MSR, de la conservation du pouvoir sur pied de la bataille des urnes. Chercher à aller droit dans le mur, comme le préconisent certains extrémistes, serait suicidaire face à la dynamique populaire observée lors des journées du 19, 20, 21, 22 et 23 janvier 2015. Si la MP ne parvient pas à baliser la voie de la succession à Kabila, elle risque d’imploser, à l’image du MPR (Mouvement Populaire de la Révolution) de Mobutu au soir du 24 avril 1990, où presque tous les dignitaires du régime avaient quitté le « bateau », pour l’Opposition.
Kimp


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