Duferco était réellement intéressé par l’aciérie de Maluku. Quand ses représentants sont venus à Kinshasa, c’était pour étudier sérieusement le dossier. Serge Kubla était accompagné de deux hommes, dont un certain Stéphane, qui avait une certaine aisance financière », explique un ministre congolais.

Une « aisance » qui n’est pas passée inaperçue dans un les milieux affairistes congolais, capables de renifler la bonne affaire. Du coup, au fil des rencontres, certains contacts « privilégiés » se sont noués. « Le trio a rapidement quitté l’hôtel pour s’installer dans une belle villa mise à disposition par un proche du clan Muzito. Un homme qui est décédé en mars dernier d’une mort naturelle. »

De multiples affaires sont proposées au trio qui jette son dévolu sur la Sonal, la société nationale de loterie, société créée sous Mobutu et dans laquelle siège encore des proches de Mama Bobi, ex-maîtresse devenue épouse légitime du Maréchal en 1980, peu avant l’arrivée au Zaïre du pape Jean-Paul II. « Le trio, mais c’est surtout M. Stéphane qui allonge les billets, va rapidement mettre trois millions de dollars sur la table pour entrer dans le capital de la société à la tête de laquelle on retrouve alors Willy Makiashi et Claude Mashala, respectivement directeur général et président du conseil d’administration. »

Vive tension et révocation

« Le premier est membre du Palu, le parti du Premier ministre Muzito. Le second du PPRD, le parti du président Kabila. Les deux hommes ont, pensent-ils, les coudées franches pour proposer des deals aux trois hommes », poursuit un Kinois bien au fait de toute la séquence de ce petit jeu de dupes. Mais la ministre du Portefeuille, Jeannine Mabunda, une ancienne de l’UCL et de l’Ichec, qui a l’oreille de l’ex-homme fort du régime Augustin Katumba, a vent de ces affaires et les bloque. « Le bras de fer va faire tomber les deux hommes qui seront convoqués chez le procureur général de la République. Un mandat d’arrêt est même émis. Mais on est au Congo et on ne peut s’en prendre ainsi aux proches du pouvoir. Du coup, ces deux hommes ne seront jamais inquiétés », poursuit notre homme. « Willy Makiashi a quand même préféré quitter quelque temps la capitale », poursuit un ministre de l’actuel gouvernement Matata II. Un homme qui connaît bien Makiashi puisqu’il a l’occasion de le croiser lors des conseils des ministres. En effet, Makiashi est devenu vice-Premier ministre et ministre de l’Emploi, du Travail et de la… Prévoyance sociale. Un recyclage étonnant. « Un cursus un peu singulier », s’amuse, amer, son collègue.

Le trio, lui, n’a plus que ses yeux pour pleurer. Il a perdu les millions qu’il a investis dans la Sonal. « Clairement, ce trio n’agissait pas pour le compte de Duferco (NdlR : qui a d’ailleurs nié, hier soir, tout rôle dans cette affaire). Il s’est fait avoir en pensant qu’il pouvait se faire beaucoup d’argent en entrant dans les loteries congolaises. Mais c’est un appareil très lourd et pour avoir un poids réel au conseil d’administration, il aurait dû sortir plusieurs dizaines de millions. Ce qu’il ne pouvait visiblement pas se permettre. »

Ce mercredi, l’avocat de Mme Muzito, qui aurait reçu 20 000 € de la part de Serge Kubla, a démenti formellement cette accusation. « A Kinshasa, on prend ce démenti assez au sérieux. Non pas que cette femme soit au-dessus de tout soupçon, elle s’est quand même fait coincer à Roissy et à Washington avec des liasses de dollars. Mais il se murmure que Kubla ne l’avait jamais rencontrée et qu’il serait fort possible que certains indélicats aient envoyé une femme qui lui ressemble pour empocher ce qui est une somme dérisoire quand on parle de corruption chez nous », conclut un autre Kinois.




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