*La situation générale du pays n’est guère reluisante. Pour preuve : l’insécurité qui bat toujours son plein à l’Est du pays et le calendrier électoral qui accuse – déjà – de nombreux mois de retard. C’est un entretien-vérité qui va, sans nul doute, frapper les esprits en ces temps d’incertitude où la RDC s’engage à pas forcé vers l’inconnu … Au fait, comment en sortir ? Samy Badibanga revient, ici, sur son plaidoyer pour un processus électoral consensuel et apaisé. Convaincu que ces retards lui donnent finalement raison, il relance, encore une fois, l’invitation à la classe politique et à la société civile à traiter cette question dans des discussions franches afin que les Congolais puissent se mettre d’accord sur un calendrier électoral réaliste, constitutionnel et accepté par tous, qui permettrait l’enrôlement de nouveaux majeurs et respecterait scrupuleusement les délais constitutionnels. «La Majorité actuelle ayant, à son avis, démontré ses limites dans la gestion du pays, seules, les élections peuvent amener un vent du changement avec l’alternance démocratique», tranche-t-il.
C’est un Samy Badibanga au meilleur de sa forme, mais particulièrement remonté, qui s’est confié à la presse, ce week-end, en ses bureaux de la Gombe. A 18 mois des échéances électorales nationales – la présidentielle et les législatives – le Président du groupe parlementaire UDPS et Alliés a tenu à faire le bilan de quatre premiers mois de l’année afin de voir si le pays est engagé ou non sur la bonne voie. «C’est avec regret que je dois répondre par non», lance-t-il. Il cite en premier, le rapport de la commission d’enquête sur l’opération «Likofi», censée combattre le grand banditisme mais qui avait été brocardée par tout ce que le monde compte de ban et d’arrière-ban du combat pour le respect des droits de l’Homme : Human Wright Watch, Fédération internationale des Droits de l’Homme, mais aussi les Nations-Unies, dont le chef du Bureau pour les droits de l’Homme en RDC, Scott Campbell, a été chassé de la RDC par le gouvernement en octobre 2014 en violation des règles diplomatiques. «Ce rapport est bloqué jusqu’à ce jour au ministère de l’intérieur, sans la moindre justification. C’est comme si on voulait cacher quelque chose», soutient M. Badibanga, qui, au passage, apporte tout son soutien au diplomate britannique dont il salue la qualité du travail.
Droits de l’Homme
L’élu de Kinshasa/Mont-Amba rappelle les manifestations du 19 au 21 janvier (dont le groupe parlementaire UDPS & Alliés était à la base), qui ont, certes, réussi à faire reculer le gouvernement sur sa volonté de conditionner l’organisation des élections à l’identification de la population, au risque de faire glisser le mandat du chef de l’Etat, mais qui ont été réprimées dans le sang, faisant de nombreuses victimes. Avant d’ajouter : «Comme si cela ne suffisait pas, en mars, nous assistons à des rafles massives des activistes des droits de l’Homme notamment, des membres des mouvements pro-démocratie Filimbi de Kinshasa et Lucha de Goma, on a vu un diplomate américain malmené pour avoir assisté à une rencontre citoyenne pro-démocratie, la jeunesse, avenir de demain, abandonnée à son triste sort, et même exclue du jeu électoral projeté. Nous avons atteint le degré zéro en matière du respect des droits de l’Homme». Et pour couronner le tout, Samy Badibanga évoque la fosse commune de Maluku. «La première ligne de défense adoptée par le gouvernement et soutenue par le ministre Evariste Boshab au Sénat, était qu’il n’existait pas de législation en matière d’ensevelissements des cadavres en RDC. Or, nous avons démontré qu’il existait bel et bien l’Ordonnance du 14 février 1914 sur le service des inhumations et police des cimetières ainsi que l’Ordonnance de 1957 qui règlementent cette matière. Aux termes de ces ordonnances, chaque inhumation aura lieu dans des fosses séparées d’ 1 m 50 de distance en milieux ruraux et de 80 centimètres en milieux urbains. Or, le ministre de la Justice a reconnu qu’ils avaient été enterrés dans une fosse de trois mètres de long et trois mètres 84 de large. La première ordonnance précise aussi qu’il doit être cloué à la tête de chaque cercueil ou attaché au linceul, une estampille en métal portant un numéro d’ordre, lequel sera reproduit sur les clôtures, pierres sépulcrales, croix ou autres signes funéraires élevés sur les tombes. Il n’est nullement besoin d’être juriste, pour comprendre que le gouvernement a violé la Loi du pays en la matière. Depuis lors, la Majorité s’est trouvée une nouvelle parade : refuser de se défendre au motif que l’affaire relève plutôt du gouvernement provincial. Pourquoi alors, Evariste Boshab était-il venu répondre au Sénat sur la même question ?», s’interroge Samy Badibanga. Avant d’ajouter que cette matière relève bien du Ministère de l’intérieur : «A l’époque coloniale, les textes en la matière figuraient dans le code Piron dans la rubrique administrative et dans les codes Larciers, cette matière relève du droit administratif, ce sont les autorités territoriales (Gouverneurs, commissaires de district, administrateurs de territoire, etc.) qui dépendent du ministère de l’intérieur qui sont compétent en la matière».
Insécurité
Le leader du groupe parlementaire UDPS et Alliés a également planché sur le volet insécurité qui règne dans le pays alors que le gouvernement refuse de collaborer avec la Monusco. A l’en croire, elle a deux volets : celle touchant la population congolaise, particulièrement dans les environs de la ville de Beni au Nord-Kivu et qui a fait plus de 300 morts depuis octobre 2014. Il y a, ensuite, l’insécurité affectant la Mission onusienne en RDC, la MONUSCO. «Le 4 mai, des tirs ont été tirés contre un hélicoptère de la MONUSCO aux environs de Beni. Quelques jours plus tard, deux soldats Onusiens ont été tués dans une embuscade toujours près de la même ville. Dans un pays où nous n’avons jamais oublié la mémoire de Dag Hamarkjold, Secrétaire Général de l’ONU mort dans des conditions jamais élucidées à ce jour, nous tenons à apporter tout notre soutien à la MONUSCO, saluer le travail très appréciable qu’elle abat pour la stabilisation du pays, et l’encourager a remplir son devoir tel que prévu par la résolution 2211 du Conseil de sécurité.
Glissement
Cerise sur le gâteau, Samy Badibanga critique sérieusement le processus électoral en cours. «Le calendrier de la Ceni est un bateau qui prend de l’eau de toutes parts. En effet, la centrale électorale avait publié un calendrier assorti de 23 contraintes externes liées à sa mise en œuvre. Or, à ce jour, sur les 11 contraintes qui devraient être satisfaites, 8 n’ont pas été réalisées (préparation du projet de répartition des sièges par le gouvernement et dépôt au Parlement ; examen et adoption de la loi portant répartition des sièges pour les élections municipales et locales ; promulgation de la loi portant répartition des sièges pour les élections municipales et locales ; audit du fichier électoral ; exécution du plan de décaissement des fonds :mise à la disposition de la CENI des fonds suivant le planning arrêté ; l’option méthodologique de mise à jour du fichier électoral ; mise à la disposition des fonds pour la présidentielle et les législatives ; constitution du fichier d’état-civil des Congolais de l’étranger). Une seule contrainte est réalisée, deux autres le sont sans être stabilisées et une seule est en cours de réalisation». Et de tirer la conclusion suivante : «il est clair que l’évolution de l’exécution du calendrier a enclenché le processus de son glissement».
Plaidoyer
Comment en sortir ? Constant, Samy Badibanga revient sur son plaidoyer pour un processus électoral consensuel et apaisé. Convaincu que ces retards lui donnent finalement raison, il relance, encore une fois, l’invitation à la classe politique et à la société civile à traiter cette question dans des discussions franches afin que les Congolais puissent se mettre d’accord sur un calendrier électoral réaliste, constitutionnel, accepté par tous, qui permettra l’enrôlement de nouveaux majeurs et respectera scrupuleusement les délais constitutionnels. «La majorité actuelle ayant démontré ses limites dans la gestion du pays, seules les élections peuvent amener un vent du changement avec l’alternance démocratique», tranche-t-il.
LPM
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