C’est un Joseph Kabila très détendu qui s’est adressé, mercredi 13 mai 2015, dans sa ferme présidentielle de Kingakati, aux membres du Bureau Politique de la Majorité Présidentielle. Dans une allocution limpide qui n’a duré que l’espace de quelques minutes, Joseph Kabila a confirmé avoir choisi et délégué le patron des Renseignements congolais, Kalev, pour conduire les consultations auprès des opposants, des responsables de la Société civile et d’autres. Il a circonscrit quatre objectifs qu’il poursuit, dans sa démarche. Joseph Kabila veut préserver la paix et la sécurité, pérenniser la stabilité économique et réduire la contestation des acteurs politiques. Puis, à son avis, les élections doivent être organisées de manière à garantir la cohésion nationale avant, pendant et après. Qu’est-ce que cela veut dire ? Plusieurs leçons sont à tirer. Premièrement, le Président Joseph Kabila est favorable au dialogue.
C’est la raison pour laquelle, il demande aux opposants de lui proposer un cahier des charges et le format du dialogue à venir. Deuxièmement, c’est la fin de la prise en otage du Chef de l’Etat par une caste d’intellectuels rouillés par la bureaucratie. Joseph Kabila se met à l’écoute. Il s’ouvre, au fait. Troisièmement, on s’achemine vers une normalisation du processus électoral.
Le fusil change d’épaule
Après le mot de Joseph Kabila, deux ténors de la Majorité Présidentielle sont intervenus. Le premier pour préciser qu’il n’était pas loisible de reprendre la parole après une communication si concise et claire de l’Autorité morale, question d’éviter des interférences inutiles. Le second a estimé qu’un temps de réflexion était nécessaire pour assimiler la leçon de la realpolitik administrée par le Chef de l’Etat. Mais, Joseph Kabila a pris ses responsabilités de Président de la République. Il se met au-dessus de la mêlée. Il consulte qui, il veut pour la bonne marche du pays. A ce stade, le Président de la République a besoin de savoir ce que mijotent les opposants. Les intentions des membres de sa famille politique, il les connait par cœur.
Un dur à la rencontre des durs
Le choix de Kalev, présenté par une certaine presse comme un dur, a donné lieu à quelques interrogations. Mais, si c’est la personne la mieux indiquée pour rencontrer les durs de l’Opposition, il n’y a aucun mal à cela. Surtout s’il permet au Président Joseph Kabila de sortir du carcan dans lequel voudraient l’enfermer des collaborateurs pas toujours très bien intentionnés. Ou bien, si l’initiative pouvait aider le Président à entretenir un esprit d’ouverture. Dans l’opinion, les consultations engagées par le Chef de l’Etat, pour autant qu’elles s’inscrivent dans le respect des lois du pays, sont très bien accueillies. Il y a, dit-on, la volonté d’ouvrir le jeu démocratique.
Des annonces attendues
Traditionnellement, le Président de la République prononce, chaque 30 juin, un important discours. Il est possible, c’est un souhait, que Joseph Kabila qui aura, d’ici-là, conclu ses consultations avec ses opposants, fasse de grandes annonces. Il serait tenté, croit-on, de fixer les congolais, une fois pour toutes, sur sa place dans l’avenir de la RDC. La normalisation du processus électoral suppose que l’on réponde aux revendications de l’Opposition et de la Société civile sur l’enrôlement de nouveaux majeurs, que l’on se détermine sur le choix des élections prioritaires à organiser, c’est-à-dire, les locales ou les législatives nationales, ou encore la présidentielle. Quoi qu’il en soit, lors qu’un Président de la République retrouve sa vraie posture d’un arbitre impartial entre la Majorité, l’Opposition et la société, il y a de quoi encourager l’initiative.