Le go sera donné ce lundi avec les forces vives du pays. Cependant, l’Opposition politique, par la bouche de l’UDPS Félix Tshisekedi, boude toute rencontre politique présidée par le Président Joseph Kabila. Tout en étant d’accord avec l’initiative, le parti d’Etienne Tshisekedi ou du moins, une aile Udps sollicite plutôt l’arbitrage de Martin Kobler, Envoyé spécial de Ban Ki-Moon en RD Congo.

Sauf modification de dernière minute, la rencontre Joseph Kabila-Forces vives de la nation congolaise pourrait avoir lieu dans le courant de cette journée de lundi 1er juin au Palais de la nation. Initialement prévu pour le week-end dernier, ce face-à-face n’a plus eu lieu. Pourtant, tout le décor avait déjà été planté. Cependant, aucune raison de ce report n’a été livrée à la brochette de journalistes invités à couvrir la manif et qui ont attendu pendant de longues heures dans la salle de service de Presse de la présidence de la République.
Comme Forum des As l’avait annoncé dans son édition du vendredi 29 mai, la première étape des consultations concerne les chefs des confessions religieuses ainsi que les chefs coutumiers. C’est donc avec eux que le Raïs devrait échanger en priorité. Viendra ensuite le tour des acteurs politiques.
Enfin, le corps diplomatique clôturera la série de ces consultataions. Au menu de toutes ces rencontres : la très brulante question d’actualité liée aux enjeux politiques de l’heure. Principalement le nouveau processus électoral dont le calendrier global publié en février dernier. Quatre mois après, ce chronogramme de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ne fait plus l’unanimité au sein de la classe politique. D’où, le projet d’un dialogue politique pour une gestion consensuelle de l’horizon 2016. Voilà qui justifie les tractations politiques observées depuis peu au sein de la classe politique.

UN ARBITRE NEUTRE
Les différentes crises en RD Congo ont, entre autres mérites, celui d’avoir épuisé ou presque, les expressions les plus couramment utilisées dans l’art des négociations politiques : facilitateur, médiateur, mission de bons offices. Et, chacun de ces acteurs, a trouvé de la place lors de toutes les rencontres politiques que l’ex-Zaïre a organisées pour sortir de la crise. De mémoire, on citerait le Sénégalais Moustapha Niasse, nommé en 2002 Envoyé spécial de Kofi Annan, alors Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, pour le processus de paix en RD Congo. Le Botswanais Ket Masire lui, avait porté clairement la casquette de facilitateur du dialogue entre les différents protagonistes de la crise qui a secoué l’ex-Zaïre après la chute du président Mobutu en mai 1997. Puis finalement, est venu le sud-africain Thabo Mbeki, désigné médiateur du Dialogue inter congolais, fin février –avril 2002 à Sun city.
Hier comme aujourd’hui, la classe politique congolaise se sent encore immature de résoudre des questions relevant de la politique intérieure du pays. Dans une culture politique de méfiance mutuelle qui caractérise les acteurs politiques, personne ne croit en personne. Et, quand surgit la moindre crise, tous ont le regard tourné vers l’extérieur d’où viendrait « le messie ». Cette posture d’extraversion quasi permanente, expliquerait-elle la situation actuelle ? L’hypothèse n’est donc pas totalement à exclure. Et, en rapport avec les consultations politiques amorcées, les politiciens congolais ont encore trouvé de la matière. Pour ce pré dialogue, ceux de l’Opposition qui sont favorables à l’initiative, estiment que ces différentes rencontres avec le président Kabila doivent être arbitrées par une haute personnalité neutre. Félix Tshisekedi, fils et héritier politique de son père, n’a pas hésité de citer le nom de Martin Kobler, Représentant spécial du Secrétaire génral de l’Onu en RD Congo.
Dans son argumentaire, le fils du vieil opposant congolais, Etienne Tshisekedi, souligne le fait que le chef de l’Etat actuel, Joseph Kabila qui a initié ces rencontres, ne doit pas les présider. Auquel cas, « il serait à la fois juge et partie ».

PLUS QU’UNE ARME DU DIALOGUE
L’humanité ne crée que les problèmes qu’elle peut résoudre, pour ainsi paraphraser Karl Marx. En démocratie comme dans des cours coutumières, le dialogue se révèle une arme efficace, lorsque deux parties en conflit veulent mettre un terme à un différend qui les oppose. Nul sage ne conseillerait de privilégier le dialogue des armes, dans la mesure où celles-ci n’ont jamais bâti une paix durable.
Par rapport à la situation actuelle du pays, le dialogue ne devrait pas paraître comme une recette onéreuse. Bien au contraire. Il est régulier que la classe politique se rencontre pour discuter des choses liées à la gestion de la res publica. Quels sont les problèmes pendants et quelle solution proposer ? Cet exercice devrait s’inscrire dans le cadre d’une culture politique dans un pays qui a accepté de souscrire à l’idéal de la démocratie. Malheureusement. La réalité bien de chez nous indique que la classe politique congolaise est bien loin d’intérioriser cette évidence.
Quelle que soit la pertinence des arguments avancés pour cracher sur ces consultations, l’Opposition politique n’aurait aucune excuse à sacrifier l’essentiel. Aux yeux de plus d’un analyste de la situation politique actuelle, le plus important est de vider l’hypothèque du calendrier électoral actuel.
Les prévisions de la Ceni sont-elles réalistes ? Autrement dit, la RD Congo est-elle prête à organiser tout le cycle électoral dans les délais prévus ? Tant mieux, si cela est faisable. Sinon, que faut-il faire ? Quelles sont les élections qui requièrent l’urgence et lesquelles peuvent être renvoyées ? Voilà l’échantillon d’un questionnement qui nous parait indispensable à l »heure actuelle. Et, pour y répondre, Joseph Kabila a jugé utile d’associer la classe politique pour des échanges utiles. C’est peut-être aussi là, le mauvais côté de la démocratie. Sinon, il pourrait décider tout seul. Quitte aux autres, de subir les décisions prises. Malheureusement. Car, un tel agir porte les germes d’une crise interne aux conséquences parfois incalculable. Et donc, personne ne conseillerait une telle façon d’agir. Alors, aux autres de comprendre que l’initiative d’un dialogue n’est toujours pas un aveu d’impuissance.

Laurel KANKOLE




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