Suspension ? Destitution ? Exclusion " temporaire " ? Ou le tout à la fois ? A lire et à relire la décision portant destitution de Adolphe Muzito- de quelle fonction précise ?- , on en perd un peu de son latin. C’est un euphémisme.
Pas besoin d’être orfèvre en matière juridique pour réaliser qu’il s’agit d’une pâle copie que même le moins doué des étudiants en droit ne rendrait. Pas non plus la peine d’être exégète ès Palu pour constater que la décision " suspendant " , " destituant " , " excluant "…temporairement le "militant cadre " Muzito est à mille lieues du lexique estampillé "Antoine Gizenga , chef du Parti " . Ironie de ce qu’il est désormais convenu d’appeler "Affaire Muzito ", il aura donc fallu cette suspension pour se rendre compte du flottement dans lequel semble s’engager- irrémédiablement ?- le Parti lumumbiste unifié.
Qu’on ne s’y méprenne point. La fatwa contre l’ancien Premier ministre paraît davantage dictée par des luttes internes au Palu que par des considérations disciplinaires. Inutile de se cacher derrière ses petits doigts. Le vénérable Gizenga à qui l’on souhaiterait 1000 ans n’a, hélas, plus bon pied, bon œil. C’est naturel pour quelqu’un de son âge. D’autant que cet homme aura mené une vie pleine de sacrifices. Lutte contre la dictature oblige ! Au crépuscule de la vie du " Mbuta ", comme il est de coutume pour nombre de grands hommes, des manœuvres pour l’après se mettent en place. Et si rien n’est fait, il ne serait pas exclu d’assister à une vaste OPA sur le Palu. Ce qui serait triplement dommage.
D’abord, pour Antoine Gizenga lui-même. Pour avoir bâti, de concert avec d’autres grandes figures nationalistes, un parti qui perpétue l’idéal lumumbiste, Gizenga mérite bien que son œuvre, son combat lui survive. Ensuite pour le Palu. Voici un parti cinquantenaire muni d’un corpus idéologique clair qui risque de s’étioler à coup d’exclusions. Enfin pour le pays. Un parti comme le Palu fait partie de l’histoire politique - s’il ne se confond pas avec- de la RDC. Son affaiblissement servirait certainement tous ceux qui ont du mal à exister à l’ombre de ce baobab. Mais, à terme, c’est le pays qui aura perdu un parti à forte valeur identitaire. José NAWEJ