La classe politique est sens dessus-dessous en ce qui concerne la tenue d’un dialogue inclusif qui doit, entre autres, discuter du réaménagement du calendrier électoral. Tous les indices pouvant conduire à ce forum sont illisibles à ce jour. On ne sait plus sur quel pied danser. C’est l’imbroglio total.Tous les repères possibles sont perdus. Il y a des anti-dialogue, des pro-dialogue tout court, des pro-dialogue avec obligatoirement un médiateur international, d’autres exigeant qu’avant leur implication dans un tel forum, que Joseph Kabila proclame d’abord urbi et orbi qu’il va respecter la Constitution et ne va donc pas se représenter.
Les uns et les autres ont des positions inconciliables. C’est pourtant le dialogue qui devrait rapprocher les différentes vues. Ce n’est qu’au cours du dialogue qu’ils doivent dénoncer haut et fort, conjurer « les stratégies de glissement » qu’ils accusent à tort ou à raison, le pouvoir-Kabila de préparer par divers stratagèmes pour aller au-delà de la date de la fin de la mandature, le 20 décembre 2016.
Encore faudra-t-il pour cela qu’il y ait effectivement des élections organisées sur la base d’un nouveau calendrier élaboré consensuellement. En cas de non-tenue des élections, c’est le chef de l’Etat en fonction qui va continuer, à la manière du Sénat et des institutions provinciales.
C’est justement le dialogue, comme ce fut le cas avec la Conférence Nationale Souveraine (CNS) et le dialogue de Sun city qui va baliser la voie pour un passage de témoin démocratique. Y tourner aveuglement le dos, comme on est en train de le constater à ce jour, serait justement de faire le lit du chaos après décembre 2016.
Tout simplement puisque beaucoup n’ont pas voulu d’un dialogue inclusif pour préparer l’alternance de manière apaisée et non dans l’anarchie. On ne peut, dès lors, pas comprendre les malheureux événements survenus à l’Udps, à Bruxelles, le vendredi 28 août dernier.
Des militants de l’Udps radicalement opposés au dialogue et qui ont marché bruyamment. Jusque là, rien à redire, car ils n’ont fait qu’exprimer leur point de vue de manière démocratique sur une question d’intérêt national. Mais là où le bât blesse, c’est que s’ils sont effectivement des partisans de l’Udps, la rue n’est pas le cadre indiqué pour protester contre une décision prise par la direction politique du parti. Il y a des canaux du parti.
EN QUOI C’EST UNE » COLLABORRATION » AVEC KABILA ?
S’ils sont vraiment des membres de l’Udps, ils devraient dire en quoi un dialogue inclusif qu’exige leur parti, sous une médiation internationale, qui doit évoquer la crise électorale de 2011, élaborer un calendrier électoral consensuel qui respecte strictement des délais constitutionnels, en quoi cela est une collaboration avec le pouvoir de Joseph Kabila.
Ils n’ont apporté la moindre contradiction à ce cahier des charges de leur parti où on ne voit pas à quel endroit on accorde un glissement au profit du président Joseph Kabila. D’où ces militants qui qualifient de manière injurieuse leur propre leader de » collabo » pourraient bien être des non-membres du parti instrumentalisés par ceux qui sont hostiles au dialogue.
Tshisekedi l’a déjà expérimenté sous Mobutu, lors d’une brusque nomination comme Premier ministre’ du Zaïre en novembre 1991. Ses partisans avaient accouru et marché brutalement, comme ceux de Bruxelles, pour exiger son renoncement.
Il s’était avéré, par la suite, que ce n’était pas du tout des militants de l’Udps, mais des amis bien du Mpr de Mobutu, instrumentalisés par les durs à cuire du camp présidentiel, comme les Ngbanda, opposés à cette nomination. Ce n’était pas des partisans de l’Udps. L’histoire est peut-être en train de se répéter à Bruxelles. Malheureusement, tous ceux qui déversent leur venin sur Tshisekedi, ses soi-disant partisans, ne disent pas ce qu’ils proposent d’autre à la place du dialogue qui puisse garantir qu’effectivement au 20 décembre 2016, il y aura une alternance démocratique par des élections apaisées.
KANDOLO M.
Le direct