Pour nombre d’observateurs, la famille politique présidentielle ressent tout de même le coup des exclusions, révocations opérées ces derniers jours.

Depuis quelques jours, plusieurs cadres de la Majorité présidentielle sont passés à l’offensive pour expliquer que l’exclusion ou auto exclusion – c’est selon – des leaders des partis membres du G7 ne change rien au tableau. D’ailleurs, poursuit-on, bon nombre de membres des partis faisant partie du groupe de sept formations politiques ciblées auraient renié leurs leaders. Ce point de vue demeure, toutefois, loin d’être partagé par bon nombre d’observateurs de la scène politique congolaise. Ils sont d’avis que l’avant exclusion n’est pas égal à l’après au sein de la Majorité présidentielle au vu des personnalités concernées qui ne sont pas des menus fretins. Bien au contraire, certains leaders du G7 pèsent lourd sur le terrain et ont eu à plusieurs reprises à le démontrer sans l’ombre d’un doute.

Au rythme de l’exclusion frappant le G7, les ministres Jean-Claude Kibala de la Fonction publique, Bolenge Tenge des Affaires foncières et Isidore Kabwe de l’Agriculture ont rendu le tablier, tout comme le rapporteur du Sénat Modeste Mutinga et son collègue de l’Assemblée nationale Norbert Ezadri. Il en est de même de Dr Molisho, secrétaire général adjoint de la Majorité présidentielle. Pour sa part, Charles Mwando Nsimba, en vieux loup de la politique, n’avait pas attendu la décision de la MP pour démissionner de ses fonctions de premier vice-président de l’Assemblée nationale en tirant les leçons de l’exclusion du G7. Le divorce est donc définitivement consommé entre les sept partis regroupés au sein du G7 et la Majorité présidentielle. Cette désunion se réalisera-t-elle sans aucune conséquence pour la MP ?

DES EFFETS COLLATERAUX SUR LA MAJORITE
C’est là que la plupart des observateurs refusent d’avaler la pilule indiquant que le divorce MP-G7 sera sans aucune conséquence pour la famille politique présidentielle. Au contraire, soutiennent-ils, les exclusions, démissions … auront des effets collatéraux sur la MP, expliquent les mêmes observateurs, quelque part, la Majorité présidentielle s’en trouve secouée, voire diminuée parce qu’il s’agit d’une crise politique de grande envergure avec le poids des exclus, 78 députés nationaux dont 32 du Mouvement social pour le renouveau (MSR). Même si certains d’entre eux ne vont pas suivre le mot d’ordre, compte tenu de leur nombre et de la qualité de certains leaders du G7 qui sont loin d’être des quantités négligeables en politique. Ils l’ont d’ailleurs à plusieurs reprises démontré.
Pierre Lumbi, Charles Mwando Nsimba, Gabriel Kyungu … ne sont pas des menus fretins. A Pierre Lumbi, on doit le fait qu’en 2006 et en 2011, le MSR est demeuré la deuxième force politique de la Majorité présidentielle. Mwando Nsimba et Gabriel Kyungu sont des élus qui ont des fiefs bien connus. Autant de facteurs qu’indiquent que les départs de ces personnalités laisseront des traces dans la Majorité présidentielle. D’autant des flux sortants ne sont pas compensés par des flux entrants, confient des observateurs. Il s’agit donc d’un capital électoral important. Pour les observateurs, la MP risque une crise d’amaigrissement comme autrefois l’UDPS. Les exclusions pratiquées par le parti de Tshisekedi avaient fini par le fragiliser dans la lutte contre la famille politique du maréchal Mobutu.

QUELQUE PART, LA MAJORITE SE FRAGILISE
Avec le départ, tranchent les observateurs, quelque part la Majorité présidentielle se fragilise. Sur le plan du fonctionnement des institutions, l’action du Gouvernement par exemple va connaître une baisse de régime, du moins pour un temps. Notamment pour les deux ministres MSR engagés, dans des réformes cruciales. Ces deux désormais ex-ministres sont Jean-Claude Kibala pour la Fonction publique et Bolengetenge pour les Affaires foncières. Leurs remplaçants devront d’abord prendre le temps d’étudier les dossiers avant de se mettre dans le bain. Tout comme les remplaçants dans les bureaux du Sénat et de l’Assemblée nationale prendront du temps pour s’acclimater.
En ce qui concerne le dialogue, au moment où l’UDPS a rompu le contact et que la Dynamique de l’Opposition est contre le dialogue, le G7 étant exclu, avec qui faudra-t-il dialoguer finalement ? A moins d’un monologue, se demandent les observateurs.

C’est là que les observateurs s’accordent à dire qu’il est faux de penser que le départ du Groupe dit de 7 ne changera rien au sein de la Majorité présidentielle. Il faudra s’attendre à quelques réactions renseignant sur la qualité de certaines personnalités du G7 tant au niveau des institutions que sur le terrain. A l’UDPS à l’époque, on pensait que l’exclusion des gens comme Marcel LIhau Eboa, Vincent Mbwankiem et Frédéric Kibassa Maliba ne changerait rien à la donne politique. Mais, c’est plutôt la fragilisation du parti qui était en marche parce que chacune des personnalités ciblées représentaient énormément dans cette formation politique. La suite, on la connaît. On ne peut pas, avec un peu de réalisme politique, prétendre maintenir la même efficacité sur le terrain avec le départ du G7.

LES QUESTIONS POSEES PAR LE G7 RESTENT PENDANTES
Au fond, les questions que pose la lettre du G7 restent pendantes, font observer les observateurs. C’est le cas du respect de la Constitution, du calendrier électoral, de la problématique du démembrement. Le G7, de l’avis des observateurs, a peut-être péché par la forme au point d’irriter le Raïs qui, pour le coup a réagi immédiatement, mais les questions de fond demeurent. Mais, ces questions pourraient revenir au dialogue parce que qui dit dialogue dit aussi rapprochement, soutiennent bon nombre d’observateurs. Ces questions, à y regarder de près, naissent du flou qui entoure le processus électoral. Car, on ne savait pas du tout, à la Majorité présidentielle où on allait par rapport au processus, par rapport à l’horizon 2016.

Voilà qui rappelle les tristes évènements survenus en janvier où des gens ont manifesté contre des velléités des changements de la loi électorale. Pour les observateurs, le G7 a posé des questions qui méritent d’être examinées parce que susceptibles de revenir au dialogue tant attendu. Faut-il jeter le bébé avec l’eau du bain, se demandent alors les observateurs. A la Majorité présidentielle, on aurait certainement souhaité que ces questions soient posées par l’Opposition politique et la déception se justifie par le fait que cela vienne finalement des partis sociétaires. Mais, pour les observateurs, la Majorité gagnerait beaucoup en passant au peigne fin des questions de fond brandies par le G7.

M. M.

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